Avec Édouard, son frère, ils comptent huit enfants et… plus de 500 crèches. En 2003, lorsque Rodolphe et Édouard Carle créent Babilou, ils débutent avec une première crèche de vingt-quatre berceaux. Quinze ans après, Babilou est devenu le leader en France des crèches privées, une ETI (entreprise de taille intermédiaire) qui emploie plus de 6 500 personnes et affiche un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros. Et ce n’est pas fini ! Le président cofondateur de Babilou voit grand et prévoit un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros pour 2020 – avec une accélération à l’international inscrite dans le projet d’entreprise présenté en avril 2017.
Deux hommes et un couffin
« Aujourd’hui, l’idée semble évidente ; à l’époque ça l’était beaucoup moins », rappelle Rodolphe Carle, installé aujourd’hui en Allemagne, à Munich, pour piloter le développement européen de Babilou. Effectivement, les crèches, ce n’est pas franchement le monde de la nouvelle économie, alors en plein boom ! En outre, l’entreprise paraît quelque peu singulière parmi toutes les startups qui se créent alors : ni tech ni numérique, pas de levée de fonds et, pour couronner le tout, un actionnariat familial.
Ce Parisien a commencé sa carrière en 1999 au sein de la banque d’affaires Morgan Stanley, puis il rejoint le fonds d’investissement Net Partners, à Milan, et enfin Global Retail Partners, à Londres. Parmi les dossiers qu’il étudie, des crèches privées en Angleterre… Concept qu’il transpose à la France, constatant le manque cruel de solutions d’accueil pour les enfants de moins de 3 ans, alors que la dynamique des naissances et le taux d’emploi des femmes figurent parmi les plus élevés d’Europe dans notre pays.
Un projet atypique, mais aussi une démarche à contrecourant de la net économie. « Old school », s’amuse Rodolphe Carle. Ce qui visiblement le séduit. Il n’est alors pas le seul à se lancer sur ce marché, mais contrairement aux concurrents, il refuse pour sa part la course à la vitesse, encouragée par les investisseurs. Alors que certains acteurs vont vite essaimer dans les grandes villes françaises, lui choisit un développement ciblé en Île-de-France, sans lever d’argent, quitte à ralentir ses débuts. Cette prudence de patriarche née de son expérience dans le capital-risque a été clairement renforcée par sa rencontre avec une famille, les Defforey, fondateurs de Carrefour, qui l’ont sensibilisé à la solidité d’un business model. Babilou restera une entreprise familiale, pour être maître de son destin.
Cette recette du succès est extraite de : Ces entrepreneurs Made in France, Patricia Salentey, Alisio, un ouvrage postfacé par Nicolas Dufourcq, directeur général Bpifrance. |