2050 : quel avenir pour l’énergie ?

L’ambition zéro carbone d’ici 2050 est-elle accessible ? Où en serons-nous des énergies fossiles et des énergies renouvelables ? Julien Tchernia, co-fondateur d’ekWateur, fait un bon dans le temps et répond à nos questions d’anticipation dédiées à notre programme Demain.

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Proposer des alternatives énergétiques durables, c’est le pari que s'est lancé eKwateur. Fondée 2016, l'entreprise est un fournisseur d'énergie indépendant qui propose aux particuliers et aux petites structures des énergies renouvelables "à un prix compétitif". Elle prône notamment l’énergie collaborative et l’autoconsommation. Julien Tchernia, son cofondateur partage son regard sur la manière dont nous consommerons l’énergie demain, en 2050.

Nous sommes le 8 octobre 2050, où en sommes-nous en matière de transition écologique et énergétique ? Avons-nous atteint une électricité 100 % renouvelable ?

La marque eKwateur existe depuis près de 35 ans. À sa création, l’ancien monde essayait encore de lancer les EPR (Réacteur Pressurisé Européen), sans succès. Aujourd’hui, nous n’en sommes pas encore à 100 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique mais entre 70 et 80 %. Le plus grand potentiel en France se trouve dans l’éolien, qui a pris une place prépondérante. Les énergies marines, à travers la force des vagues, émergent également, les ingénieurs étant parvenus à contourner les freins technologiques qui subsistaient jusqu’à présent. 

Parmi les solutions d’énergies renouvelables, lesquelles se démarquent le plus aujourd’hui ?

L’éolien offshore domine le mix des énergies renouvelables. Le littoral s’est littéralement transformé et il existe même des champs d'éoliennes, parfois flottants. C’est d’ailleurs surprenant pour les navigateurs de voir les dauphins jouer entre les pylônes des éoliennes ! L’autre grande avancée concerne l’autoconsommation chez les particuliers :certaines maisons produisent désormais leur propre électricité solaire. Les toits, depuis la Provence jusqu’à la Bretagne, n’ont plus la même allure. Rappelez-vous, dans les années 2020 ! Les consommateurs étaient peu nombreux à opter pour les panneaux solaires, refroidis par les arnaques. Depuis, tout a été encadré et encouragé.

Quelle part les énergies fossiles représentent-elles désormais ? Quelles bénéfices avons-nous pu tirer de leur baisse ?

Pour l’électricité, nous - l’ensemble des fournisseurs - n’utilisons plus d'énergies fossiles. Il en reste 5 % en gaz. Malheureusement, il y a toujours des centrales nucléaires, et avec la fermeture encore repoussée de Fessenheim, tout n’est pas réglé. En revanche, 50 % du parc automobile est passé à l’électrique et les grandes villes se sont enfin débarrassées des voitures. Pour autant, malgré l’objectif zéro carbone que s’était fixée la Commission européenne pour 2050, nous n’y sommes pas encore.

Quelles transformations avez-vous pu observer dans les habitudes de consommation sur le plan énergétique ?

Les individus ont aujourd’hui une vision plus précise de leur consommation énergétique et consomment par conséquent de façon plus raisonnée. Nous sommes devenus très attentifs. Il y a 10 ans, les aides permettant une meilleure isolation et des chaudières plus efficaces et moins gourmandes, ont permis une prise de conscience rapide. Les réfractaires aux compteurs intelligents ont quant à eux compris que cela reviendrait cher de ne pas l’accepter.

Quels sont les effets de la maîtrise de la hausse des températures et des émissions de CO2 ?

Le dérèglement climatique et le besoin d’économies d’énergies ont changé la physionomie de la France. Dans le Sud par exemple, l’architecture a su s'adapter en privilégiant des aménagements permettant de s’abriter du soleil. D’une manière générale, les modes de construction ont été bouleversés. Aujourd’hui, il n’est plus question de construire des baies vitrées comme on en voyait il y a 30 ans.... C’est finalement toute l’économie qui a été obligée de changer. Parmi les autres initiatives, nous avons évité de nombreuses catastrophes climatiques, la hausse des températures ayant été limitée à 1 degré. En ville, l’air est enfin devenu respirable !

Quel regard portez-vous sur l'essor de la consommation électrique ?

Indéniablement, il y a une électrification des usages. Il s’agit de l’énergie numéro 1 depuis que l'on sait la stocker. Les fournisseurs ont trouvé des solutions et ont su simplifier l'équilibre offre-demande. 

Il y a 20 ans, vos deux principaux défis étaient de décentraliser l’énergie et de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Sont-ils toujours d’actualité ?

EKwateur est devenue une entreprise multinationale. Les attentes dépendent aujourd’hui des pays dans lesquels nous nous déployons. Dans certains pays la décentralisation de l’énergie s'est faite simplement, d’autres y sont toujours opposés, comme les États-Unis ou la Russie. Il nous reste encore beaucoup de travail... 

Parce qu’aujourd’hui se construit l’économie française de demain, Bpifrance a lancé le projet « Demain », une démarche collective de réflexion sur neuf enjeux majeurs, autour de l'économie et de l'industrie :

  • mieux se protéger
  • bâtir les territoires de demain
  • réussir la transition écologique et énergétique
  • créer l’entreprise et le travail de demain
  • nourrir l’humanité
  • faciliter la mobilité
  • répondre à l’épanouissement de l’individu
  • repenser la formation initiale et continue
  • vivre et vieillir en bonne santé