Accélérateur Cinéma et Audiovisuel : à la rencontre d’Arnauld Boulard et de son studio d’animation, Gao Shan Pictures

A l’occasion du Festival de Cannes, La French Touch fait son cinéma ! Aujourd’hui, rencontre avec Arnauld Boulard, fondateur de la société de production de cinéma d’animation réunionnaise Gao Shan Pictures, membre de la première promotion de l’accélérateur Cinéma et Audiovisuel de Bpifrance.

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Arnauld Boulard

« On se bat depuis des années pour dire que l’animation n’est pas un genre, mais une technique grâce à laquelle on peut raconter toute sorte d’histoires », confie Arnauld Boulard, fondateur du studio de cinéma d’animation Gao Shan Pictures. En 2019, pour la première fois de l’histoire, un film d’animation remporte la semaine de la critique. « Mon plus beau souvenir à Cannes, c’est avec J’ai perdu mon corps, un film qu’on a énormément accompagné, avec une équipe extrêmement soudée. On ne fait pas que des dessins animés pour enfant, on fait du cinéma ! ». Ce prix a ouvert des horizons à l’ensemble de la profession. Il a permis de contribuer au renforcement de la position du cinéma d’animation en tant qu’art à part entière. Une première étape qui amènera le film outre-Atlantique aux Oscars.

Gao Shan Pictures a déjà vu deux de ses films en sélection officielle hors compétition, notamment Zombillénium. « Cette année, Ari Folman présente Where is Anne Franck ?, un long métrage sur lequel nous avons réalisé de l’animation et des décors ». Les films sur lesquels le studio est intervenu ont déjà reçu deux fois le Cristal du long métrage à Annecy (Festival international du film d’animation), et le 26 juin 2021, « le jury a remis son prix au film Ma famille afghane, sur lequel on a beaucoup travaillé ». Des succès qui viennent accroître la notoriété du studio en plein développement, qui bénéficie du soutien et de l’accompagnement de l’accélérateur Cinéma et Audiovisuel de Bpifrance, en partenariat avec le CNC.

L’accélérateur Cinéma et Audiovisuel, un accompagnement sur-mesure

Grâce à ce dispositif, Arnauld Boulard peut désormais se pencher sur sa stratégie et anticiper les attentes du marché. « On a eu cette première semaine d’accompagnement avec un consultant extérieur et un expert de chez Bpifrance. Ça a été passionnant. Ça nous a obligé à prendre du recul sur notre activité », explique Arnauld Boulard. Cette première étape d’état des lieux a été instructive et révélatrice pour sa société. « Nous avons une deuxième session à la rentrée sur un volet plus stratégique, et enfin une troisième session, prévue l’année prochaine pour définir un plan d’action ».

Le chef d’entreprise suit également des formations en partenariat avec HEC et bénéficie d’une dimension de networking importante, via un réseau porté par le parrain de la promotion Pascal Breton, président de Federation Entertainment. Avec une typologie de sociétés très diversifiées, producteurs, sociétés dans l’animation, vendeurs internationaux, prestataires techniques, l’accélérateur apporte aux participants un réseau solide. « C’est intéressant pour nous car l’accélérateur crée des liens forts et des opportunités transversales sur lesquelles on n’aurait pas forcément misé ».

Un réseau qui s’avère primordial quand on sait que le secteur tend vers une structuration des acteurs. « On constate une concentration avec des groupes qui se forment, des sociétés qui en intègrent d’autres ou qui fusionnent ». En animation, seules 6 sociétés se partagent la production de 50 % des programmes diffusés à la télévision, une tendance qui risque de s’accélérer avec la fusion des groupes TF1 et M6.

L’accélérateur constitue aussi un appui stratégique côté management et développement international. « Ces trois dernières années, on a réalisé une hausse de notre chiffre d’affaires à l’export, qui est passé de 5 à 8 puis à 15%, et ça n’avait pas été planifié. » Hausse qui ne faisait pas partie des ambitions stratégiques globales de l’entreprise, comme nous l’indique son fondateur. « Aujourd’hui on regarde vers l’Afrique, l’Inde et la Chine, ce qui correspond finalement à la population réunionnaise, d’un point de vue géographique et culturel. Il y a des talents à Madagascar, à Maurice », projette-t-il.

La crise, un booster pour les créateurs de contenus

Une croissance que la crise sanitaire ne semble pas avoir freinée. Depuis mars 2020, les productions ne se sont pas arrêtées, explique l’entrepreneur. « Le premier confinement est tombé sur un moment de creux dans notre activité. Ça a été facile de s’adapter en passant les gens en télétravail ». D’autant plus que la Réunion n’a vécu qu’un seul confinement. « Paradoxalement, ça a été une année extrêmement intense dans l’animation. En 2021, on va pratiquement doubler notre chiffre d’affaires alors qu’il était à peu près stable depuis 3 ans », s’enthousiasme le dirigeant. De plus, le chef d’entreprise précise que son studio commence à avoir une bonne notoriété, et que le créneau de l’animation ados-adulte se développe beaucoup. Le confinement a fait exploser la consommation de contenus sur les plateformes, ce qui a boosté le secteur.

« Là où on rencontre des difficultés, c’est sur la production déléguée, où on développe des projets nous-mêmes. Sur la partie financement ça a vraiment ralenti. Les chaines sont devenues encore plus frileuses et les distributeurs se retrouvent avec un paquet de films sur les bras qu’ils n’ont pas pu sortir ». La baisse de la publicité à la télévision, couplée à l’absence d’entrées en salle, et donc de revenus pour le fonds de soutien du CNC (Centre National du Cinéma) rendent les investisseurs frileux et affectent les financements. « Face à cette crise, notre intégration à l’accélérateur Cinéma de Bpifrance est très importante ».

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Le studio d’animation Gao Shan, c’est quoi ?

Gao Shan Pictures est un studio d’animation qui intervient en qualité de producteur technique sur de nombreux projets. En étape de préproduction (décor, design, fabrication des assets, 3D), de production, « c’est la partie purement cinématographique, avec les caméras, les jeux de déplacement, il s’agit de mise en scène, les acteurs et comédiens insufflent la vie au personnage » ; et enfin de post production (effets spéciaux, 3D, simulation dynamique, éclairage). « On calcule les images pour sortir plein des couches comme dans Photoshop et on les assemble pour composer le film », explique le chef d’entreprise.

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