Agroalimentaire : les tendances de l’innovation en 2016

Découvrez les grandes tendances de l’innovation qui ont marqué l’année 2016 dans le secteur agroalimentaire.

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Agriculture connectée et durable


 



L’agriculture est un champ d’innovation fertile et est très en avance sur l’utilisation du Big Data pour produire de manière plus durable. Celui-ci se traduit par l’implantation de capteurs au sol, dans les champs, ou dans les airs via les drones, qui agrègent les données environnementales et sanitaires. Ces données couplées à des modèles agronomiques sous forme d’outils d’aide à la décision, associés à des objets connectés, comme par exemple ceux développés par la société ITK, permettent de piloter avec précision les conduites agricoles et in fine de réduire la consommation de produits phytosanitaires ou d’eau.

Les capteurs se fixent également sur les animaux d’élevage, comme celui de la start-up Biopic, qui a développé un objet connecté qui se place sur la queue des vaches ou des chevaux pour détecter les périodes d’ovulation et de mise à bas et qui alerte l’éleveur par SMS.

Par ailleurs, la robotique s’étend dans les champs et à la ferme. Primés au SIMA (Salon International du Machinisme Agricole), les grands constructeurs Case IH et New Holland ont développé des tracteurs autonomes sans chauffeur. Les pneus, eux, ne sont pas en reste dans la course à l’innovation avec les systèmes intelligents de Michelin et Trelleborg qui adaptent leur pression aux caractéristiques du sol et compactent moins le sol et donc d’augmentent les rendements agronomiques.


Foodtech


FoodTech


2016 a été marquée par un foisonnement des projets de foodtech. Celle-ci regroupe des services très divers :


  • Livraison : Frichti, lauréat du Concours de l’Innovation Numérique (CIN), se développe avec succès en livrant des produits cuisinés et frais.
  • Traçabilité et sécurité sanitaire : alliant microbiologie et numérique, Novolyze a développé des systèmes de contrôle en ligne, en temps réel de l’hygiène des procédés de production.
  • Santé :Bloomizon propose un service de livraison de vitamines sur mesure en fonction de la météo et du régime alimentaire. L’application Foodvisor, soutenue par le CIN, délivre le contenu nutritionnel d’une assiette photographiée avec un smartphone.
  • Lutte contre le gaspillage alimentaire : Optimiam alerte les consommateurs en ligne de la possibilité d’acheter des produits rapidement périssables à prix promotionnel. La start-up NU, lauréate du Concours Mondial de l’Innovation ambitionne de mettre en place le magasin du futur, zéro-déchet, avec des frigos et balances connectées et le paiement sans contact
  • Robotisation : elle s’accélère dans l’industrie alimentaire. Les robots sont utilisés pour le « picking » des produits bruts (comme la confiserie ou les tranches de poisson). Mais l’avenir est aux « cobots » ou robots collaboratifs, qui assistent l’opérateur sans le remplacer pour accomplir des tâches très précises et pénibles. A titre d’exemple, pour le compte du groupe Terrena, Cea Tech a développé un exosquelette facilitant le retrait du tissu graisseux au milieu de la carcasse de porc. 
  • Impression 3D : elle peut être utilisée pour personnaliser les produits alimentaires, comme les bonbons de Lutti, à la demande des consommateurs en ligne.
  • Appli et e-commerce : FoodMeUp, lauréat du CIN, propose aux professionnels de la gastronomie une application pour gérer leurs recettes et leurs commandes. Les Halles Mandar, négociant de fruits & légumes frais, situé à Rungis, a été précurseur du e-commerce dans son domaine et collabore à présent avec Amazon.

Biotechnologies



Après le numérique, la prochaine révolution sera celle du vivant avec la connaissance fine de l’écologie microbienne du sol et le développement de la lutte biologique pour se passer définitivement des pesticides et des engrais chimiques.


Par ailleurs, en rendant possible l’insertion ou la modification de gènes de manière ciblée, le système Crispr/Cas9 (enzyme nucléase) révolutionne la biologie moléculaire. Extrêmement précis, rapide et relativement moins coûteux que les autres techniques, il peut être utilisé pour supprimer ou modifier à façon une ou plusieurs séquences d’ADN simultanément, dans de nombreux organismes vivants, depuis la levure jusqu’aux végétaux et animaux. En agriculture, cette technologie pourrait permettre de lutter contre les ravageurs, augmenter les rendements, améliorer la valeur nutritionnelle des aliments ou à l’inverse, éliminer certains « anti-nutriments » tel que le gluten ou produire du lait moins allergisant. La société Cellectis a mis au point un outil précurseur avec les nucléases TALEN®, utilisées notamment en sélection végétale.


L’exploration du microbiote intestinal, elle, ouvre la voie à des innovations de rupture dans le domaine de l’alimentation et de la santé. Lauréat du Concours Mondial de l'Innovation (CMI), Targedys vise à développer un aliment médical orexigène basé sur le microbiome intestinal et destiné à augmenter l’appétit chez les personnes âgées.


Connue depuis l’Egypte Antique, la fermentation des aliments permet d’allonger la durée de consommation des aliments, augmente leur valeur nutritionnelle et apporte une grande variété de saveurs et textures. La France dispose de nombreux atouts industriels dans les filières de fermentation, comme le groupe Lesaffre, leader mondial de la levure, qui a été soutenu pour deux Projets Industriels d’Avenir, l’un sur des levains nouvelle génération et l’autre sur une gamme de protéines natives de levure comme nouveaux ingrédients fonctionnels.


Le projet collaboratif Osiris, porté par le groupe Soufflet, lui a permis d’acquérir une compétence unique en Europe sur la technologie de fermentation en milieu solide, avec des premières retombées prometteuses en alimentation humaine (formulation de boissons nutritionnelles) et en alimentation animale (compléments alimentaires améliorant les rendements de production laitière ou carnée).


Enfin, des startups investissent la microbiologie avec des technologies innovantes, comme celle d’Abolis, lauréat du CMI, qui a développé un procédé de construction génétique rapide et automatisé permettant l’optimisation des souches pour obtenir des composés par fermentation (arômes alimentaires par exemple).


Nouvelles sources de protéines


 



Les micro-algues représentent une ressource à fort potentiel nutritionnel et peuvent être produites sur toutes les régions du globe. La start-up Algama développe de nouveaux produits alimentaires à base de micro-algues comme une boisson vitalisante ou une mayonnaise sans œufs.

En Europe, les protéines animales transformées d’insectes ne sont autorisées que pour l’alimentation des animaux domestiques. La réglementation européenne devrait prochainement autoriser les insectes dans l’alimentation des poissons d’élevage. La start-up Cycle Farms, lauréate du CMI développe des unités semi-industrielles, pour la production d’insectes destinés à l’alimentation des poissons d’élevage notamment dans les pays du sud, l’aquaculture étant un secteur en forte expansion mondialement.


Innovation sociale


 



Le secteur de l’agro-alimentaire fut l’un des premiers, en 2012, sous l’égide de l'organisation professionnelle de la coopération agricole, à décliner les principes de la Responsabilité Sociétale des Entreprises, énoncés dans la norme ISO 26 000, à son champ d’activité.

Bon et Bien est un « social business » exemplaire créé en association par McCain, E. Leclerc, Randstad, Les Banques Alimentaires et Le Gappi pour valoriser les légumes écarts de tri (produits non conformes aux standards et donc retirés de la vente) en soupes, produites par des personnes en réinsertion professionnelle après un chômage de longue durée. Aucun dividende n’est versé, l’ensemble des bénéfices sont réinvestis dans la société commune.