Ane Aanesland, de chercheuse au CNRS à CEO de ThrustMe

Après le CNRS, Ane Aanesland a décidé de passer du monde de la recherche à celui de l’entrepreneuriat. En lançant ThrustMe, la chercheuse d’origine norvégienne, veut rendre l’industrie spatiale « durable ». Portrait d’une chercheuse-entrepreneure de la Deeptech.

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« Coupler le monde de la recherche avec celui de l’entreprise est extrêmement important ». Lorsqu’elle arrive en France en 2006, Ane Aanesland, titulaire d’une thèse de physique des plasmas à l’université arctique de Norvège à Tromsø en Norvège, pose rapidement ses bagages au CNRS. « J’avais travaillé pendant 2 ans sur la physique des plasmas, avec une des applications notamment sur le système de propulsion pour les satellites. En 2008, je suis rentrée au CNRS pour monter un axe de recherche sur les nouveaux concepts de la propulsion », explique-t-elle.

Six ans plus tard, Ane Aanesland se retrouve à la tête d’une équipe de vingt personnes. Certains travaillant sur la physique de plasmas froids, d’autres sur les systèmes de propulsion électrique. Durant cette période, la chercheuse recrute, sans le savoir, son futur associé, Dmytro Rafalski, qui rejoint le groupe de travail pour avancer sur différents concepts fondamentaux, jusqu’en 2014. « Cette année-là, on a réalisé qu’on tenait un système qui pouvait être utilisé pour les satellites ».

 ThrustMe, des satellites plus économes

Avant de poursuivre : « L’industrie spatiale est en pleine transformation. On passe de très peu de gros satellites à de nombreux petits satellites qui travaillent ensemble en constellation. Ces nouveaux satellites ont également besoin de propulsion pour se déplacer lorsqu'ils sont dans l'espace. Ces systèmes de propulsion doivent être miniaturisés et respecter les contraintes de volume, de puissance et de coût. C'est ce sur quoi nous avons travaillé avant de créer ThrustMe » 

Si Ane Aanesland et son associé Dimitri Rafalski viennent tout droit du monde de la recherche, ils ont rapidement compris qu’il faudrait franchir la porte de l’entrepreneuriat pour développer un tel projet. « En 2016, on a décidé de créer une startup pour avancer. On ne s’est pas tourné vers une valorisation grand groupe car la structure d’une startup permet d’aller plus vite. Et, au-delà de ça, je voulais absolument rester dans le projet, ce qui n’aurait sûrement pas été le cas si on avait choisi l’autre option », explique-t-elle.

« Quand on s’est lancé, on s’est dit que deux chercheurs associés ça ne pourrait pas fonctionner… »

Pour mettre toutes les chances de leur côté, les 2 associés décident donc de se répartir les tâches : Dimitri en tant que CTO, pour rester dans l’opérationnel et Ane en tant que nouvelle CEO de ThrustMe, pour la gestion de l’entreprise. « Quand on s’est lancé, on s’est dit que deux chercheurs associés ça ne pourrait pas fonctionner. C’est pour cette raison que je me suis reconvertie en CEO, si on peut le dire ainsi. »

Grâce aux cours HEC Challenge Plus financés par la SATT Paris Saclay, (des cours dédiés à l’entrepreneur-chercheur), Ane Aanesland bénéficie de différentes formations appliquées à sa startup ThrustMe. « On apprend la différence entre un VC et un business angel, on parle business plan et business model pendant que l’on est en train de monter la startup. C’est essentiel pour un profil comme le mien qui n’y connaissait pas le monde de l’entrepreneuriat », précise-t-elle.  

Trois ans plus tard, la chercheuse avoue s’être pris au jeu de cette nouvelle vie d’entrepreneure. L’aspect « multitâche » de la création d’entreprise, les défis quotidiens sont autant de facteurs épanouissants pour celle qui a toujours « fréquenté les mêmes personnes, avec les mêmes idées ». Désormais, ses journées sont ponctuées de rencontres avec des avocats, des clients ou des partenaires, ce qui a sans doute développé chez Ane une « ouverture aux autres », comme elle le raconte.

 Le mot en +

«100 startups sont créées par le CNRS tous les ans. C’est très peu par rapport à toute la recherche qui est faite. La France est l’endroit idéal pour créer une startup de la Deeptech. C’est ici que ça se passe et maintenant !  »

Retrouvez l'interview de Ane Aanesland sur Bpifrance Inno Génération 2018 

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