Avec ses gambas écologiques « made in Nantes », Lisaqua marie deeptech et production locale

Lisaqua, start-up nantaise spécialisée en aquaculture responsable a mis au point un procédé industriel de pointe. Objectif : produire dix tonnes de crevettes locales par an et développer un réseau hexagonal de fermes aquatiques engagées.  

  • Temps de lecture: 2 min
Lisaqua

C’est un concept baptisé « triple zéro » : zéro antibiotique, zéro kilomètre et zéro rejet polluant. Avec son système d’élevage de gambas innovant, Lisaqua, jeune deeptech nantaise, mise sur une production de crustacés plus écologique et locale. Car l’enjeu est de taille. « Les gambas sont le deuxième produit de la mer le plus consommé dans le monde. Aujourd’hui, les gambas que nous consommons dans les pays du Nord sont importées des pays tropicaux, notamment d’Asie du Sud-Est et d’Amérique du Sud. Mais leur élevage pose des problèmes tels que la déforestation des mangroves ainsi que des rejets, qui ne sont pas traités », indique Gabriel Boneu, co-fondateur et président de Lisaqua. « De plus, ces gambas importées, surgelées, contiennent des traces d’antibiotiques et sont ensuite cuites avec des conservateurs. Enfin, dans ces élevages en milieu conventionnel ouvert, les maladies tropicales causent une mortalité importante des gambas », développe-t-il. 

Un écosystème marin en circuit fermé 

Pour s’attaquer à l’ensemble de ces problématiques, la start-up, cofondée par Charlotte Schoelink, docteure en biologie marine, Caroline Madoc, ingénieure des Mines et Gabriel Boneu, diplômé d’HEC, a développé depuis 2018 un procédé d’élevage fondé sur la permaquaculture. Il s’agit d’une méthode de production qui associe différentes espèces complémentaires - gambas, bactéries, micro-algues, invertébrés marins - pour recréer un écosystème et valoriser ainsi les rejets en circuit fermé.  

Pilotée par un modèle prédictif, la micro-ferme « indoor » de Lisaqua est un milieu contrôlé, « sans risques de contamination et donc sans antibiotiques », affirme Gabriel Boneu. « Nous créons un jumeau numérique de l’élevage et nous modélisons l’analyse des données sur la qualité de l’eau pour anticiper les évolutions et maintenir des paramètres à un niveau optimal », précise-t-il. Une manière de « systématiser l’élevage avec une conduite précise et reproductible, ce qui va nous permettre de déployer plusieurs fermes avec des performances équivalentes ». 

Une première ferme industrielle  

De fait, la start-up, dont la ferme urbaine à Saint-Herblain a la capacité de produire une tonne de gambas par an, s’apprête à passer à l’étape de l’industrialisation. Pour ce faire, elle a lancé la construction d’une première usine qui devrait permette d’en produire dix tonnes par an dès 2022. Et envisage de passer ensuite à l’échelle en créant un réseau de fermes sur le territoire national à partir de 2023. « L’objectif, d’ici 2028, est de produire 10 000 tonnes de gambas annuellement en France et en Europe », avance Gabriel Boneu. Autrement dit, augmenter considérablement la part de ces grosses crevettes « made in France » dans la consommation nationale. A ce jour, en effet, « 80 000 tonnes surgelés en sont importées tous les ans en France », note le jeune patron.  

Accompagné par Atlanpole, Réseau Entreprendre ainsi que le Pôle Mer Bretagne Atlantique, le projet de Lisaqua a été soutenu par Bpifrance à hauteur de 1,4 million d’euros dans le cadre de l’aide à l’innovation deeptech. Une levée de fonds est également en cours afin de permettre à la jeune entreprise de finaliser la construction de sa première ferme industrielle et d’automatiser l’élevage. En attendant, ses gambas fraîches et non-transformées régalent d’ores et déjà les papilles des Nantais qui peuvent s’en procurer auprès de quelques poissonniers, restaurateurs et… chefs étoilés.