Bâtiments tertiaires écologiques : les PME s’installent dans des locaux « verts »

Encore peu nombreuses, certaines PME font le choix d’installer leurs bureaux dans des immeubles « verts ». Au delà d’une facture énergétique réduite, elles en tirent un confort accru et surtout des locaux conformes à leurs valeurs.

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bâtiment vert

Consommant près de 44 % de la production énergétique du pays, le secteur du bâtiment fait l’objet d’un ambitieux programme de réduction des consommations énergétiques d’au moins 38 % d’ici 2020. L’immobilier tertiaire, qui concentre près d’un tiers des consommations d’énergie du secteur du bâtiment pour seulement un quart des surfaces bâties, constitue un levier important de réduction des consommations d’énergie. Afin de participer à l’effort ou d’anticiper les évolutions réglementaires, de plus en plus d’entreprises font le choix de s’installer dans des locaux moins énergivores. Tour Elithis à Dijon, Green Office à Meudon et à Rueil, Tour Majunga à La Défense,… Les projets d’immobilier tertiaire « écologique » se développent.

 Un « argument commercial »

« Les transactions sur les bureaux neufs concernent de plus en plus des locaux moins énergivores, souvent aux normes HQE (Haute Qualité Environnementale) » constate Pascal Schori, directeur régional associé de BNP Paribas Real Estate, qui publie chaque année un état des lieux du marché de l’immobilier de bureaux. « C’est désormais un véritable argument commercial pour des sociétés qui sont plus attentives à la qualité de leurs locaux en termes notamment de consommation énergétique et de confort des salariés ». Si le phénomène concerne encore majoritairement des entreprises de taille importante, des PME se lancent. « C’est au moment où la société avait besoin d’une plus grande surface que la question de construire des locaux performants en matière énergétique s’est posée » raconte Eric Escande, directeur de projets chez Alto Ingénierie, qui a conçu et construit le bâtiment bioclimatique à ossature bois, baptisé Alto Sphère, que l’entreprise occupe aujourd’hui. Pour Guy Capdeville, de la société Gamba Acoustique, c’est un problème de gestion des températures dans des locaux partagés qui a poussé l’entreprise à faire le choix d’être propriétaire d’un bâtiment à énergie positive, conforme à ses besoins et à ses valeurs.

Une facture énergétique à la baisse

La baisse des consommations, et donc de la facture énergétique, est une des premières motivations des entreprises. « Les économies d’énergie affichées ne sont pas encore au niveau des objectifs fixés, mais les bâtiments actuels présentent des performances supérieures aux édifices d’il y a 30 ans » souligne Edith Akiki, co-gérante du cabinet d’études TRIBU, qui conçoit des immeubles de bureaux « verts ». « Ces économies sur la facture énergétique compensent généralement le léger surcoût que peut représenter la location des locaux » poursuit-elle. Pour Gamba Acoustique, dont le surplus d’énergie produit par les panneaux photovoltaïques est revendu à ERDF, l’investissement s’avère rentable. « A coût d’énergie constant, alors qu’on sait que ce coût va augmenter, les 2,15 millions d’euros investis pour une superficie de 950 m2 seront amortis en 20 ans » souligne Guy Capdeville, dont la société a perçu, après la livraison du bâtiment, 200 000 euros d’aides publiques, dont la moitié par le Feder et le reste par le programme régional Preludde (Programme régional de lutte contre l’effet de serre et pour le développement durable) financé par l’Ademe et le conseil régional.

Un confort accru

A côté de la réduction de la facture énergétique, les PME utilisatrices soulignent un confort accru. « L’environnement en bois et la luminosité apportée par l’éclairage naturel sont très appréciés des salariés » assure Eric Escande. « La qualité de l’air intérieur est bien meilleure et réduit le taux d’absence lié aux maladies » ajoute Edith Akiki. La démarche nécessite d’instaurer de nouvelles pratiques au sein de l’entreprise. « Dans les bâtiments à énergie positive, la maitrise de la consommation passe par une maitrise des usages » indique Edith Akiki. « Des ajustements sont à prévoir la première année » confirme Guy Capdeville, dont la société occupe le bâtiment depuis 5 ans. « C’est important de comprendre le fonctionnement du bâtiment pour une utilisation optimale. L’information est indispensable à toutes les étapes pour faciliter la compréhension et susciter l’implication des salariés ». Chez Alto Ingénierie également, de nouvelles habitudes sont apparues. « Nous devons par exemple porter une plus grande vigilance à la chaleur extérieure » confie Eric Escande. « Nous envoyons un mail aux salariés pour fermer les fenêtres quand c’est nécessaire, mais ces nouvelles habitudes relèvent du bon sens ». L’installation dans un bâtiment « vert » demande donc d’adopter de nouveaux comportements pour assurer des performances optimales. « C’est un outil de travail qui s’exploite et s’entretient » conclut Eric Escande.