Retour sur Bpifrance Inno Génération (10 et 11 juin 2015)

  • 15 juin 2015
  • Temps de lecture: 5 - 6 min

Bpifrance Inno Génération fait salle comble

Bpifrance Inno Génération, ou BIG, premier rassemblement d'entreprises innovantes organisé par Bpifrance à la Cité de la Mode et du Design est un franc succès.
Quelque 15 000 participants ont pu s’informer, prospecter, nouer des liens. Et l’événement pourrait bien être réédité l’an prochain...

bar à oxygène

Peut-être est-ce en raison de la chaleur : la salle principale de la Cité de la mode et du design, à Paris, où se tiennent les séances plénières de Bpifrance Innovation Génération, BIG, est pleine à craquer. Du coup, tout le monde se presse autour du bar … à oxygène ! C'est l'une des attractions de BIG et l'un de ses symboles : l'innovation française trouve dans l'évènement l'oxygène dont elle a besoin pour croître, toujours plus !

« Osez ! Vous êtes les aventuriers du 21e siècle », Xavier Niel.

X-Niel-et-N-Dufourcq

Les participants - plus de 15 000 inscrits - n'ont pu qu'être gonflés à bloc par les témoignages qui se sont succédés à la tribune.
 « Nous disons aux entrepreneurs : “vous êtes top”, a ainsi déclaré Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance. Ayez confiance en vous. Nous vous suivons ».
 Des encouragements réitérés par Xavier Niel, l'une des stars du BIG.

« Osez ! Vous êtes les aventuriers du 21e siècle », a-t-il répété aux entrepreneurs dans la salle. D'autant que, selon lui, la France est le pays idéal pour se lancer. De quoi tordre le cou à plus d'un mythe... « Il n'y a pas d'argent en France ? », s'interroge ainsi le patron de Free. « C'est faux !, assène-t-il dans la foulée. Il y en a (…) !» « Le marché de l'emploi est plus souple outre-Atlantique ? », demande-t-il encore. Nouveau coup de boutoir : « Mais un bon développeur informatique coûte deux à trois fois plus cher dans la Silicon Valley ! », pour poursuivre : « Vous n'avez pas de réseaux ? ». Et voici qu'un autre mythe vole en éclat : « Les gens qui ont créé Google, mais aussi Blablacar ou Critéo, n'en avaient pas non plus ! Le succès ne repose que sur vous et la qualité de votre produit », conclut Xavier Niel.

Les échanges qui ont lieu dans le cadre de BIG - puisque l'objectif est bien la rencontre entre entrepreneurs, débutants et confirmés, entre petites et grandes sociétés, entre innovateurs en quête de soutien et grands patrons à la recherche d'innovation, sont faits pour, précisément, nouer des contacts, voire des partenariats. Et devant le succès, Nicolas Dufourcq l'a promis : il envisage déjà une deuxième édition de BIG !

Des exposants très courtisés

H4D

Au-delà des conférences et ateliers, BIG proposait, pendant 24 heures, la possibilité à plusieurs exposants de montrer leur savoir-faire.
Ils ont été comblés, tant l'intérêt a été soutenu. « Nous avons dû aller chercher de nouvelles brochures, nous avons été dévalisés », raconte ainsi Eric Laporte, responsable de l'offre pour H4D, une petite société parisienne qui propose une cabine équipée de divers capteurs pour aider les médecins à diagnostiquer un patient à distance, et faire ainsi fi des déserts médicaux, en France comme à l'étranger. Sociétés d'assurance, professionnels de la santé, investisseurs : ils ont été nombreux à se montrer intéressés par cette solution.

Même son de cloche chez VOGO. Christelle Albinet n'a pas eu le temps de faire une pause. « Nous avons arrêté à 22h, épuisés ! », souffle-t-elle. L'appli mise au point par cette start-up de Montpellier permet de revoir les actions sportives en différé. Un marché de niche ? Peut-être, mais l'appli a attiré l'attention de plusieurs entreprises présentes.

L'intérêt semble encore plus fort pour le robot d'Axon, une entreprise spécialisée dans les solutions de câblage, de connecteurs et de systèmes de haute technologie. Impossible d'approcher le stand !

impression 3D

Quant à Stéphanie Desbant, de la nouvelle agence WiShape, qui propose une gamme de services complète à base d'impression 3D, elle sait à peine où donner de la tête : tout le monde veut en savoir plus sur cette offre, unique en France...

De fait, certains participants prospectent sérieusement. C'est ainsi le cas de Vincent Lorphelin, fondateur de VenturePatents et consultant en brevets d'usage. Il vient débusquer des nouveautés qui pourront être brevetées. « Les investisseurs sont sensibles à la présence d'un brevet, mais un brevet coûte cher, surtout s'il couvre un usage très large », explique-t-il. Il est à l'origine du concept de « patent angels », qui, comme les business angels classiques, épaulent les entreprises innovantes pour le dépôt de brevet.

Des participants à l'affût

« Nous voulons nous informer sur les nouveautés dans notre secteur », Anour Elharrak et Artache Mchangama

Transat

D'autres participants à BIG sont tout simplement venus pour se tenir au courant des dernières innovations « made in France », comme Anour Elharrak et Artache Mchangama, deux jeunes gens qui œuvrent pour “l’Agence du numérique”, dont l'objectif est d'aider les entreprises dans leur développement digital. « Nous voulons nous informer sur les nouveautés dans notre secteur », disent-ils. Et ils n'ont pas boudé les transats de la terrasse, où se tiennent des rencontres impromptues.
 
Deux autres compères préfèrent tester les pâtisseries de la salle VIP. Et pour cause, tous deux sont dans la restauration, l'un, Charles Znaty, est le président de Pierre Hermé, dont les macarons sont célèbres dans le monde entier, tandis que l'autre, Laurent Plantier, est le fondateur d'Alain Ducasse entreprise. Ils apprécient l'opportunité offerte par BIG. « La proximité en matière d'actions économiques permet de fluidifier les échanges, et par là même, de booster la croissance », disent-ils en chœur.

Un bon verre de vin après les pâtisseries ? C'est ce que propose le nantais Thibault Jarrousse. Mais pas n'importe comment : la société qu'il a co-fondée, 10-Vins (ou D-Vine en anglais) a inventé la machine … à vin. Comme pour un expresso, elle verse, à la bonne température, le verre de vin choisi « à la carte ». « Nous avons déjà de nombreuses commandes pour notre machine en France, mais aussi en Angleterre et aux Etats-Unis », se réjouit le jeune entrepreneur.
L'innovation, en France, touche tous les secteurs, y compris les plus traditionnels comme la viticulture.

Ainsi, à l'occasion de l'atelier « l'agriculteur numérique », le public a pu découvrir une nouvelle profession, moderne, compétitive, respectueuse de l'environnement et des ressources hydriques - et toujours aussi tournée vers l’international. En fait, ce n'est pas du blé ou du vin que produit la société Force-A, ce sont des informations, récoltées grâce à des capteurs, qui établissent une cartographie des vignobles. Résultat, « la vendange peut avoir lieu sur une parcelle seulement, celle qui produira le meilleur vin, tandis que les grappes de moins bonne qualité seront isolées », explique Jean-Luc Ayral, de Force-A. De quoi permettre aux viticulteurs français de renforcer sérieusement la qualité de leurs produits et leur action à l'international. Les innovations françaises sont d'ailleurs déjà remarquées, notamment en Californie, un Etat qui souffre actuellement d'une sécheresse inédite. « Nous avons eu des demandes émanant de la région de Los Angeles », précise ainsi Florent Mainfroy, de la société Airinov, qui propose des services proches de ceux de Force-A. Et pour cause, l'agriculture, secteur clé en Californie, est particulièrement gourmande en eau. Or les méthodes mises au point par Airinov, à base de télédétection par drones, reliés aux tracteurs dans les champs, permettent de calculer la quantité exacte d'eau, de même que la dose d'engrais, en fonction de l'état des plantes, sans en épandre une goutte de trop...

Les entreprises françaises se distinguent également par leurs innovations dans le domaine de la lutte contre le réchauffement climatique. Et pour mesurer leurs efforts, l'agence TK' Blue, représentée à Bpifrance Inno Génération par Philippe Mangeard, fonctionne comme une agence de notation classique, mais appliquée en particulier au transport, et qui note la performance des transporteurs et des donneurs d'ordre en fonction des émissions de CO2. Le tout au niveau européen. D'autres, comme Ynsect, qui a levé l'an dernier 1,8 million d'euros, et vient de signer un accord pour un apport de plus de 5 millions de dollars avec un fonds singapourien, transforme des insectes en composants bio-actifs pour la chimie verte et l'industrie agro-alimentaire. Destinée à l'alimentation des animaux dans un premier temps, cette innovation pourra un jour nourrir les humains.

Le modèle français fait des envieux

Les exemples d'innovations - de la brosse à dent connectée pour les enfants au stockage d'énergie en passant par les applications numériques et robotiques sous toutes leurs formes - de même que les succès entrepreneuriaux, ont enchanté BIG. Et si certains souhaitent encore répliquer le modèle allemand, qui permet aux PME de grandir pour devenir des ETI, exportatrices et créatrices d'emplois, les participants seront repartis avec une certitude : non seulement le modèle français, qui fonctionne sur une double coopération publique/privée, d'une part, et petites et grandes entreprises, de l'autre, donne des résultats éclatants, mais en plus, les Allemands s'intéressent désormais à la méthode française !