Ces entreprises qui innovent pour recruter

Aujourd'hui, les entreprises doivent rivaliser d'imagination pour séduire les talents dont elles ont besoin. Tour d'horizon (non exhaustif) des initiatives les plus originales - et à portée de tous.

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Chasse au trésor, gaming ou escape games : certains recruteurs cherchent désespérément de nouvelles solutions, ludiques ou non, pour pourvoir les quelque 200 000 ou 300 000 postes - selon les estimations de Pôle Emploi - qui restent vacants en France. 

Mais alors, comment drainer des candidats vers des secteurs en tension, que ce soit parce que la demande, comme dans la tech, est très forte, ou parce que, comme dans le transport ou le service aux personnes âgées, les postes sont à la fois lourds et relativement peu rémunérés ? Revue, non exhaustive, d'initiatives originales - et qui semblent fonctionner.

Recrutement affinitaire

Pour commencer, les soirées conviviales... Organisées à Paris comme en région par des jeunes pousses comme Bizzeo, elles réunissent, autour d'un verre, des candidats dont l'organisateur a repéré le profil sur les réseaux sociaux ou qui se sont inscrits via le site de Bizzeo et des entreprises (qui paient 4 000 euros pour un événement multi-employeurs, ou plus s'il s'agit d'une soirée mono-employeur), en quête de talents. Avec à la clé pour les entreprises, des profils parfois atypiques, qui sortent du « scope » classique des recruteurs ou des RH. Et, loin du speed dating, lors de ces soirées, on prend son temps, on parle de tout, histoire de voir si la culture de l'entreprise et l'esprit du candidat vont matcher, bref, on fait du « recrutement affinitaire ». D'EDF à Axa, du Gan aux supermarchés Métro, sans oublier les banques, nombreux sont les grands noms de l'économie française qui y ont désormais recours, pour se différencier face à la concurrence.

Miser sur la communication

La concurrence, justement. C'est ce à quoi doit faire face Foliateam, une grosse PME (300 salariés, 50 millions d'euros de chiffres d'affaires) de Saint-Maur-des-Fossés, qui fournit des solutions télécom aux entreprises. Mais comment recruter des talents lorsqu'on est en compétition avec des Orange, des SFR, des Bouygues ? Réponse : en faisant parler d'elle. Foliateam a signé un contrat avec une agence de communication pour produire des communiqués de presse et des articles publiés dans les médias spécialisés. De même, la société enregistre des clips de témoignages sur ses métiers et les publie sur des web TV ou des sites comme Viadéo ou LinkedIn. Résultat, dans son rapport 2017, le London Stock Exchange a distingué la société parmi « les plus inspirantes ». Depuis, grâce à cette notoriété nouvellement acquise, les candidatures sont plus nombreuses, sur les jobs boards tels que Glassdoor et Welcome to the Jungle...

Si certaines entreprises doivent se battre par rapport à d'autres pour attirer de nouveaux talents, d'aucunes ont tout simplement du mal à séduire, compte tenu de la nature des métiers qu'elles proposent. C'est le cas de DomusVi, un groupe de Suresnes spécialisé dans l'accueil et les services aux personnes âgées. Pas facile, en effet, de convaincre des aides soignantes, par exemple, de travailler en décalé et pendant les weekends. La solution qu'a adopté le groupe s'appuie sur ses salariés existants. Une quinzaine d'entre eux ont ainsi participé, à la mi-octobre, à une grande campagne publicitaire diffusée dans toute la France et visant à mieux faire connaître les différents métiers qu'offre la silver économie, tout en mettant en valeur les salariés et leur apport. « Il s'agit avant tout de mettre de l'humain et du sens », explique Céline Fabre, la DRH du groupe. Cette dernière souligne également les opportunités de carrière et d'évolution professionnelle, grâce notamment à la formation, largement utilisée dans le groupe. En outre, DomusVi accompagne les salariés qui veulent... changer de métier, en finançant là aussi des formations. « C'est une façon de valoriser l'expérience acquise dans ces métiers », conclut Céline Fabre.

La cooptation rémunérée

Autre société, autre stratégie : chez Open, une entreprise de Levallois-Perret qui offre des services numériques, on parie, en plus des job boards et des autres plateformes de recrutement, sur la cooptation. La société a même formalisé cette méthode auprès des quelques 1 000 salariés en France. Non seulement chaque collaborateur reçoit une brochure vantant les mérites du dispositif, mais en plus, Open a mis au point un système de primes (d'une moyenne de 1 000 euros) pour les collaborateurs qui pratiquent la cooptation, en recommandant quelqu'un ou en faisant simplement du « push » pour une offre d'emploi auprès de leurs followers sur les réseaux sociaux. La société fait même périodiquement du « boost », en doublant la prime sur un mois. Le résultat : « Des taux de recrutement élevés par rapport aux professionnels qui nous sont recommandés de cette façon », affirme Nathalie Mrejen, la directrice de la communication d'Open.

Former les futures recrues

Et si l'on ne trouve pas de talents à recruter, alors on les forme directement ! Le groupe Faurie, spécialisé dans les concessions automobiles à Brive-la-Gaillarde, a lancé en 2016 son « académie » avec un parcours débouchant sur un certificat de qualification professionnelle, assorti d'un CDI dans l'une de ses concessions. Depuis, les promotions se sont multipliées. Même chose avec Jacques Cobigo, transporteur dans le Morbihan. Lassé de devoir refuser des contrats faute de personnel, déçu par le recours à l'intérim, il a mis sur pied, avec l'aide de Pôle Emploi et un organisme de formation, une formation de chauffeur routier dans sa région, il y a un an. Des chômeurs, de préférence avec une première expérience technique, mais pas forcément dans le transport, sont sélectionnés puis formés pendant six mois. A la clé, un CDI dans l'entreprise ou dans une autre de la région, puisque, dans le sillage de l'expérience réussie de la société Cobigo, d'autres entreprises du secteur l'ont rejointe. De quoi limiter le « braconnage » de salariés de la part d'une entreprise envers une autre et développer l'emploi sur le territoire.

Pour aller plus loin, découvrez l'étude « Attirer les talents dans les PME-ETI » de Bpifrance Le Lab. En effet, le recrutement de "talents" pour les PME et les ETI est un défi et un enjeu de taille. Retrouvez dans cette étude des solutions concrètes pour mieux attirer et fidéliser de nouvelles recrues.