Connaissez-vous le Concours d'innovation numérique ?

  • 07 mars 2016
  • Temps de lecture: 5 min

CIN : un podium pour les nouveaux champions

Détecter les start-up les plus innovantes, les futurs champions de demain, leur apporter un soutien financier qui pour eux vaut effet de levier et consolide leur crédibilité, tel est l’objectif du Concours d’innovation numérique lancé en 2015 par le Commissariat général à l’investissement. Déjà deux promotions et un premier bilan.

CIN

Dans le monde des start-up, ce ne sont pas les concours qui manquent. Le Concours d’innovation numérique (CIN) lancé par le Commissariat général à l’investissement (CGI) en 2015 dans le cadre du Programme d’investissement d’avenir, n’a pas tardé à toucher sa cible. Avec 100 candidats lors de la première édition en novembre 2015, 140 pour la deuxième en février dernier, on peut dire qu’il a trouvé son public. « Le but de ce concours est de financer les projets d’excellence visant à développer de nouveaux produits ou services, qui utilisent le numérique pour apporter des réponses disruptives dans des domaines émergents » , commente Laurent Rojey, directeur du programme développement numérique au CGI.

CIN

L’engouement rencontré ne doit rien au hasard, le CIN, ça peut rapporter gros. En effet, Bpifrance qui opère le concours pour le Commissariat finance à hauteur de 45 % les dépenses de R&D des projets présentés par les entreprises, a moitié sous forme de subvention, l’autre par avance remboursable (50 % pour les projets collaboratifs). Une vingtaine de lauréats en novembre, autant en février, et ce n’est pas encore fini : l’appel à concours du CGI est permanent et les copies sont relevées tous les quatre mois.

Un effet accélérateur

effet accélérateur

La volonté du CGI, comme le souligne Laurent Rojey, est de se montrer synchrone avec les entreprises. « L’enjeu est d’avoir un dispositif qui permette de sélectionner des projets d’excellence tout en présentant des modalités en phase avec les contraintes, les besoins de ces sociétés qui vont très vite. Il faut qu’on ait la même réactivité dans nos processus. Nous avons mis en place des procédures d’évaluation souples et légères pour ensuite être très rapides et agiles dans le conventionnement avec ces start-up. »

Ce besoin d’aller vite, Ariel Choukroun et Benjamin Hakoun, lauréats en novembre, en sont bien conscients. Co-fondateurs de Fittingbox, ils proposent une solution permettant aux porteurs de lunettes de se voir sous toutes les coutures avec une autre paire que celle qu’ils ont sur le nez. Leader sur ce nouveau marché, l’entreprise doit encore améliorer ses logiciels, veut s’ouvrir les portes de l’international. « Le Concours va nous aider à financer nos prochains développements et à maintenir notre avantage compétitif. »

Coup d’accélérateur aussi pour ePawn, lauréat en novembre. L’entreprise dirigée par Christophe Duteil a développé une table lumineuse permettant de mêler jeux de plateau et univers virtuel. Aujourd’hui elle travaille à rendre mobiles les pièces des plateaux de jeux pour permettre à des joueurs de s’affronter à distance. « Le prix, avec son aide financière, nous permet d’avancer plus vite sur notre segment, il nous ouvre des parts de marché supplémentaires. »

« Le prix, avec son aide financière, nous permet d’avancer plus vite sur notre segment, il nous ouvre des parts de marché supplémentaires. » Christophe Duteil, ePawn, lauréat en novembre 2015 

Un effet crédibilité

effet levier

Biagio Tumino, cofondateur de BnBsitter, lauréat du concours en novembre lui aussi, voit dans cet apport numéraire un effet levier. L’entreprise propose une plateforme de services aux propriétaires louant leur logement par le biais de AirBnB. « Ce prix nous a permis de gagner en crédibilité auprès des investisseurs que nous avons rencontrés par la suite », assure-t-il au moment où son entreprise projette de développer deux applications mobiles et de poursuivre à l’international. « Le fait que Bpifrance valide notre projet, en s’appuyant sur des experts extérieurs, dans le tourisme pour notre cas, c’est un plus évident. »

Ce besoin de reconnaissance semble tarauder bien des créateurs innovants, non pas par narcissisme, mais parce que sans elle il est difficile d’avancer. Avec Mocapbal, Rémi Brun, lauréat du FSN CIN en février, utilise la technologie de la motion capture pour modéliser la langue des signes : « une niche » dit-il, mais potentiellement « un marché énorme ». La première phase de son projet lui a déjà valu un appui du FUI en 2014. Désormais il veut améliorer sa technologie et passer à la phase industrielle. « Je n’ai pas encore mesuré l’impact du prix », avoue-t-il, « mais je sais que les prix aident à rassurer les clients. C’est important car nous faisons un métier nouveau, qui n’est pas dans la culture du moment ».

« Ce prix nous a permis de gagner en crédibilité auprès des investisseurs que nous avons rencontrés par la suite » Biagio Tumino, BnBsitter, lauréat du concours en novembre 2015

Un effet de mise en confiance

effet confiance

Métier nouveau ? Timothée Rambaud, cofondateur de Legalstar, parle lui d’un besoin « d’évangélisation ». L’entreprise propose une plateforme de services juridiques destinés aux petites entreprises. Depuis la création et le dépôt des statuts de la structure jusqu’à la rédaction de contrats, de lettres d’injonctions, etc., toutes les démarches se font en ligne. « Les entrepreneurs ne savent pas forcément qu’on peut faire ce type de démarche directement sur Internet. Legalstart est complètement innovant. Nous devons rassurer un marché qui a l’habitude de fonctionner autrement. Quand un acteur vient bouleverser un marché très traditionnel, il y a toujours une sorte de méfiance. Pour nous avoir des labels d’institutions publiques de forte renommée est évidemment très positif » conclue-t-il.

« En matière d’entreprenariat, et en particulier dans le domaine numérique, on remarque une vraie dynamique. Les projets présentés répondent au niveau d’exigence que nous-nous sommes fixé », constate Laurent Rojey après deux éditions du concours. « Le test de vérité sera de voir si ces projets réussissent, s’ils permettent de donner naissance à de nouveaux champions » poursuit-il. C’est tout l’enjeu.

« [...] Quand un acteur vient bouleverser un marché très traditionnel, il y a toujours une sorte de méfiance. Pour nous avoir des labels d’institutions publiques de forte renommée est évidemment très positif » Timothée Rambaud, Legalstar, lauréat du concours en février 2016