Conjoncture des ETI : une reprise amorcée

Bpifrance vient de publier conjointement avec la DGCIS, sa 4e enquête annuelle de conjoncture des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI). A cette occasion, nous avons interviewé Michel Barreteau, responsable d’études économiques au sein de la direction de l'Evaluation des Etudes et de la Prospective.

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1 - Pourriez-vous nous rappeler l’objectif de cette publication ?

Michel Barreteau

Rappelons que la création d’une catégorie d’entreprise distincte pour les ETI a été officiellement reconnue par la loi de modernisation de l’économie en août 2008. Bpifrance y avait été associé dès le départ.
Lorsque l’INSEE a lancé la première étude sur ces entreprises, on a pu constater qu’elles avaient beaucoup de difficultés à réaliser qu’elles faisaient partie de cette nouvelle catégorie.
Cette étude contribue ainsi à renforcer leur sentiment d’appartenance à la catégorie des ETI mais aussi à tout simplement prendre conscience qu’elles sont des ETI.

Ce travail a été réalisé conjointement avec la DGCIS, qui se procure chaque année le fichier des ETI nationales (hors ETI contrôlées par des actionnaires étrangers), et procède à l’envoi des questionnaires. Il faut savoir qu’en 10 ans, il y a 40 % des ETI qui sont fluctuantes. Beaucoup étant très proches des moyennes entreprises par la taille, elles redescendent souvent dans la catégorie des PME pour revenir ensuite dans celle des ETI. D’autres, en très petit nombre, deviennent des grandes entreprises (GE). D’où la nécessité d’opérer un travail de mise à jour régulier afin de bien les identifier.

Cette 4e enquête annuelle a été menée auprès de 3 087 ETI nationales, auxquelles un questionnaire a été adressé fin février. Nous avons retenu 525 réponses exploitables parmi les 731 questionnaires reçus dans un délai de 5 semaines, qui ont été contrôlés et « validés ETI » par Bpifrance.

2 - Après un passage à vide de l’activité des ETI françaises en 2013 et une croissance modeste, quelles sont les principales tendances qui s’esquissent pour l’année 2014 ?

On peut dire que la reprise est là même si elle reste encore embryonnaire par rapport à 2013 qui était une année médiocre. Le redressement de l’activité émanera principalement des grosses ETI de plus de 500 salariés, plutôt industrielles, qui ont déjà des filiales à l’étranger et qui sont particulièrement innovantes.

On observe, par ailleurs, une légère accélération de la progression des effectifs tant en France qu’à l’étranger. La situation des trésoreries s’est assouplie retrouvant leur état de 2011.

Les investissements de croissance interne ont été modérés en 2013 mais pour 2014 les projets de développement sont importants. En ce qui concerne la croissance externe, ces entreprises ont toujours des projets de création de filiales ou de participations. Notons que la plupart du temps, les ETI ont accès au financement car seules 5 % d’entre elles n’ont pas pu bénéficier de crédits.

En quelques mots, disons que les entreprises qui pourront accélérer leur croissance sont celles qui sont donc innovantes, plutôt industrielles et qui cherchent à se développer à l’international.

3 - Vous avez réalisé une enquête de conjoncture sur les PME, y-a-t-il des parallèles à établir entre ces deux enquêtes ?

Je mène ce travail d’enquête depuis 1991 et je termine actuellement la 59e enquête de conjoncture auprès des PME, qui s’appuie sur un échantillon de 4 100 entreprises de 1 à 249 salariés, et dont le chiffre d’affaires est inférieur à 50 millions d’euros.

Le premier constat que l’on peut faire sur les PME est que ces entreprises sont d’autant plus optimistes pour 2014 ou 2015 qu’elles sont situées en amont du système productif, qu’elles sont innovantes et exportatrices.

On observe entre les PME et les ETI quelques questions communes notamment concernant leur activité. Tout ce qui est lié à la consommation des ménages par exemple reste difficile. Cela s’explique par le taux de chômage élevé qui est l’une des raisons pour laquelle l’appétence pour la consommation est bridée.

4- Si vous deviez résumer en quelques mots cette 4e enquête de conjoncture auprès des ETI, comment le formuleriez-vous ?

Certes, la reprise est bien là mais semble timidement enclenchée !