Corée du sud : ouvrir un bureau quand les frontières se ferment

Nous sommes début 2020 et Caarea, PME française d’assurance automobile affinitaire, est enfin prête à ouvrir son bureau en Corée… quand la pandémie met une fin brutale aux déplacements. Pas question de renoncer. En pleine crise sanitaire, depuis Paris, la société ouvre son bureau coréen et recrute son premier employé local.

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Coree

Ouvrir un bureau en Corée est une décision mûrement réfléchie. Caarea est présente dans le pays depuis déjà 5 ans pour le compte de son partenaire Scor Global P&C alors, quand la pandémie éclate, l’entreprise n’a pas l’intention de bouleverser ses projets. Tout juste, peut-être, son calendrier.  

« Cela faisait deux ans déjà que nous préparions l’ouverture de notre filiale. Il était vraiment important d’y parvenir, car nous ne voulions surtout pas céder aux sirènes du succès et accepter des affaires que nous n’aurions pas encore été habilités à traiter, du fait de la réglementation locale. L’issue est fatale : l’interdiction d’exercer ! », souligne Bruno Labuzan, fondateur et président de Caarea.  

Les relais locaux, la clé pour une conformité réglementaire 

Dans sa manche, Caarea dispose d’un atout de taille : des contacts solides sur place. Le fruit d’un parcours semé d’embûches, qui va finalement porter ses fruits au bon moment. Les débuts du projet de filiale ont en effet été complexes, l’entrepreneur raconte la difficulté à trouver les informations justes, les conseils adéquats. « Pour s’implanter localement, il est indispensable de s’entourer des meilleurs spécialistes, afin d’éviter le maximum de risques juridiques, financiers et commerciaux. » Les choses s’accélèrent quand Caarea change d’avocat, pour le cabinet franco-coréen Shin-Kin, qui identifie la structure juridique de filiale la mieux adaptée au business plan minutieusement monté, tout en étant évolutive.  

Lorsque tombe la restriction des voyages et la quarantaine imposée aux étrangers, l’impact s’avère finalement limité, car Caarea dispose donc des relais locaux nécessaires. « La relation juridique à distance est aisée, car tout passe par l’écrit », confirme Bruno Labuzan. Le dossier d’ouverture de la filiale suit alors la procédure imposée auprès du tribunal de commerce en France, puis de l’ambassade coréenne à Paris. Il est ensuite adressé aux autorités coréennes par l’intermédiaire de l’avocat, qui enregistre la société auprès du registre du commerce local. « Nous lui avons aussi délégué un pouvoir pour les formalités bancaires, car un dépôt de capital est nécessaire. »  

Autre partenaire crucial, la Chambre de Commerce franco-coréenne. « Pour créer une société en Corée, il faut une adresse. Avant même la crise, nous avions lancé les démarches pour être domiciliés dans les bureaux que la Chambre de commerce met à disposition des entreprises françaises. Leur aide a été très précieuse », insiste Bruno Labuzan.  

Il faut dire que le marché coréen est prometteur pour l’entreprise française, qui propose une assistance technique aux constructeurs automobiles et aux assureurs, dans le cadre de leur développement d’assurances automobiles affinitaires. Or, en Asie, difficile de passer à côté des géants coréens. Sans compter l’accélération des ventes de véhicules propres, que Caarea voit comme une opportunité. Mais la saisir impliquait une présence locale, explique le chef d’entreprise : « J’utilise l’expression « pas vu, pas pris ». Si vous n’êtes pas sur place, avec des collaborateurs locaux, que vous ignorez le contexte et le comportement de vos clients, on se passera de vous. Soit car vous ne serez plus en phase avec le marché, soit car vous serez exposé à des risques que vous n’aurez pas vu. »  

Ne manque plus donc que les collaborateurs locaux. Le premier employé coréen est lui aussi recruté en pleine pandémie. « Les entretiens par visio, ça fonctionne très bien. Puis c’est notre avocat qui a pris en main la rédaction du contrat de travail ». Malgré la crise sanitaire, l’implantation en Corée n’a donc pas trop subi de retard et, surtout, s’est déroulée en conformité avec une réglementation stricte. Un système tellement efficace que Caarea a déjà trouvé le cabinet d’avocats qui accompagnera le développement de ses activités en Chine.