Des fraises en hiver, et surtout, en ville

Agricool, une start-up fondée par deux fils d'agriculteurs, fait pousser des fraises en ville, dans des « cooltainers ». Elle a levé 4 millions d’euros à l'automne dernier pour accroître et diversifier sa production.

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Ce n'est pas parce que le monde agricole débarque une fois par an à Paris, à l'occasion du salon de l'agriculture - qui se tient cette année du 25 février au 5 mars - que Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru ont pensé à l'agriculture urbaine. C'est que ces deux fils d'agriculteurs ne trouvaient pas en ville, alors qu'ils faisaient leurs études de commerce, des fruits et des légumes aussi bons que dans leur enfance, à la campagne... Cueillis trop tôt pour pouvoir être transportés, nourris aux engrais et soignés aux pesticides, fruits et légumes n'ont pas de goût. Pis, ils sont mauvais pour la santé. Comment faire alors, si ce n'est produire soi même, et en ville ?

C'est ce que les deux jeunes gens décident de faire. Ils commencent dans leur appartement, avec des fraises. C'est un succès, certes, mais comment cultiver à une plus grande échelle ? C'est là qu'intervient l'idée du « cooltainer »...

Des containers maritimes recyclés et dans lesquels poussent, à la verticale et hors sol, des fraises, et dont les conditions d'irrigation (le taux d'humidité est maintenu à 80 %), de lumière (violette, et qui provient de LED basse consommation), de CO2 (l'air est filtré et recyclé) sont si bien gérées que le système est, selon les deux entrepreneurs en herbe, 120 fois plus productif qu’un champ au m² ! Le tout sans pesticide, avec 90% moins d’eau utilisée et 100% d'énergie renouvelable. Bien sûr, tout ne s'est pas fait en un jour. Les tâtonnements ont été nombreux. Mais toujours est-il qu'un « cooltainer », contenant 3 600 plants de fraisiers a été posé fin 2015 près du parc de Bercy. Les commandes ont vite afflué.

Passer à la phase industrielle

Depuis, la start-up, créée en septembre 2015, a fait du chemin. Non seulement les deux compères ont misé sur la R&D, afin d'augmenter le rendement, mais en plus, la société est passée de 2 à 30 salariés. Tout le monde travaille désormais dans 1500 m², à la Courneuve. Mieux encore, à l'automne dernier, Agricool a réalisé une première levée de fonds de 4 millions d'euros. Le concept d'agriculture en ville a en effet séduit plusieurs investisseurs, dont Marie Ekeland et son fonds Daphni, Xavier Niel et son fonds Kima Ventures, ainsi qu'Henri Seydoux, co-fondateur de Parrot, le spécialiste des drones, Jean-Daniel Guyot, co-fondateur de la plateforme de connexion ferroviaire Captain Train (rachetée l'an dernier par le britannique Trainline), et Pierre Valade, co-fondateur de l'application de gestion d'agenda Sunrise (rachetée en 2015 par Microsoft).

De quoi se doter de nouveaux containers, pour produire toujours plus de fraises, mais aussi d'autres fruits et légumes. D'ailleurs, cette année, Agricool veut passer à la phase « industrielle », et installer pas moins de 75 « cooltainers » à Paris et dans ses environs, pour produire près de 100 tonnes de fraises.

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