EPV : comment l’excellence française rayonne à l’international

Récemment inclues dans le volet export du Plan de relance, les entreprises du patrimoine vivant (EPV) représentent une opportunité de rayonnement pour la France dans le monde. Pour comprendre les enjeux d’export pour les EPV, Bpifrance est allé à la rencontre d’Anne-Sophie Duroyon-Chavanne, directrice générale de l’Institut National des Métiers d’art (INMA), association reconnue d’utilité publique chargée du label EPV depuis octobre 2019.

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Elles sont aujourd’hui près de 1 400 entreprises françaises à bénéficier du Label EPV, distinguant les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels. Les EPV fournissent près de 68 000 emplois et cumulent un chiffre d’affaires de 15,4 Md€ dont 50 % provenant de l’export. Tanneurs, horlogers, bijoutiers, tailleurs de pierre, mais aussi entreprises agro-alimentaires et PME familiales de tous secteurs, les EPV ont en commun l’excellence de leur savoir-faire. « Le label EPV créé en 2005 est une exception française, aucun équivalent de ce label n’existe ailleurs dans le monde et ne bénéficie d’un étendard commun défini et strictement réglementé », souligne la directrice générale de l’INMA. Ces entreprises partagent un rapport étroit à l’export et une grande attractivité à l’international, malgré la différence de leurs secteurs. 

Bpifrance. Quelle est l’histoire du label EPV ? Dans quel projet s’inscrit-il ? 

Anne-Sophie Duroyon-Chavanne. Le label a été créé il y a 15 ans avec l’ambition de faire rayonner les métiers du patrimoine vivant et les aider à se développer. Il a été géré par l’ISM (Institut supérieur des métiers d’arts) jusqu’à sa fusion avec l’INMA, il y a de cela deux ans, pour n'avoir qu’un seul opérateur d’État en charge des questions relatives aux métiers d’arts et du patrimoine. Aujourd’hui, l’Institut National des Métiers d’arts se structure autour de trois axes : présenter les métiers du patrimoine et d’art auprès du grand public et des consommateurs, créer des vocations et encourager les personnes en formation ou en reconversion à s’y destiner et fédérer les acteurs de ces métiers. 

B. En quoi ce label est utile pour les entreprises dans leur développement ? 

ASDC. C’est un label d’État donné pour 5 ans en guise de reconnaissance d’un savoir-faire excellent. C’est donc une distinction qui offre une plus grande visibilité à l’entreprise. L’idée est de créer une communauté, un club qui réunit ces entreprises avec une ambition de porter leurs voix plus loin, de les rendre plus reconnaissables et visibles en France comme à l’international. Ce label est également utile pour identifier ces EPV comme des sources de formation et d’apprentissage d’un savoir-faire qui tend à disparaître. L’enjeu de transmission et de formation est aussi un axe important quand on parle des entreprises labélisées EPV. 

B. Quelle est, aujourd’hui, la relation des EPV avec l’export  ?

ASDC. 58 % des EPV exportent aujourd’hui. Principalement dans le domaine de la mode, des arts de la table, de l’ameublement et de la décoration. Seulement 19 % d’entre elles ne sont pas du tout ouvertes à l’international. Si l’export est fortement présent, il l’est à différentes échelles. Nous avons des entreprises très structurées avec une expérience longue d’e-commerce comme par exemple le groupe Hermès. Mais nous avons aussi des petites entreprises non existantes sur internet. Certaines ont de solides réseaux de distribution tandis que d'autres dépendent des foires et des expositions. Celles qui ont des marques qui les portent à l’international depuis des décennies et celles qui sont plus jeunes et méconnues. S’il faut parler d’une tendance commune dans l’export, je dirai que les EPV participent à beaucoup de salons, foires et évènements à l’international pour se donner de la visibilité . 

B. Le label EPV participe-t-il à cette visibilité à l’international ? Est-il reconnu ailleurs ? 

ASDC. Il est reconnu à l’international et même envié. Il bénéficie d’une aura exceptionnelle car c’est un label simple à comprendre dans ce qu’il représente. De ce fait, il participe à augmenter leur visibilité dans le monde. J’en donne pour preuve une évolution linguistique. Le terme “savoir-faire” lui-même était traduit par plusieurs expressions en anglais comme Living heritage, craftmanship et, petit à petit, dans des colloques et des publications en anglais on va employer le terme français. Ce néologisme anglais est un indicateur très fort de la reconnaissance du savoir-faire français à l’international. 

B. Vous avez parlé tout à l’heure d’oser l’export à des échelles différentes. Avez-vous des exemples de jeunes entreprises EPV qui ont osé l’international ? 

ASDC. Il y a des exemples assez remarquables en effet. Nous avons par exemple Occitanie Pierres qui fabrique des objets taillés dans la pierre et qui se sont très tôt adressés au marché chinois par le biais d’expositions. Ils ont reconstitué une partie sculptée de la cathédrale de Cahors, ils ont participé à des salons autour de l’architecture. l'entreprise représente assez bien le savoir-faire français dans le monde. Nous comptons en effet deux échelles différentes : des EPV qui vont mener des actions de promotion à l’étranger et d’autres qui vont s’exporter au sens plus classique du terme. 

B. Et où vont les EPV ? Quels sont les marchés les plus réceptifs à l’international ? 

ASDC. Les savoir-faire français sont reconnus partout à l’international mais certains pays y sont particulièrement réceptifs. Je cite les pays du golfe par exemple. On va d’ailleurs emmener certaines EPV avec Business France à l’Exposition universelle de Dubaï. Il y a aussi les Etats-Unis et le Canada ainsi que certains pays asiatiques très friands du made in France, notamment le Japon, la Corée et la Chine. Ensuite, il y a des expertises plus recherchées que d’autres selon les marchés. Nous savons par exemple que la gastronomie française, les arts de la table et la formation de nos restaurateurs du Patrimoine sont très appréciés aux Etats-Unis.