Eyelights : la deeptech au service des motards

La start-up deeptech toulousaine, qui a mis au point une technologie de réalité augmentée au service des motards, n'en finit pas d'engranger les succès depuis sa création en 2016. Aujourd'hui, elle s'attaque au marché automobile et vise l'international.

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Eyelights trace sa route. En 2016, juste après sa création, le projet est récompensé au concours i-Lab. Un an plus tard, l'entreprise démarre la commercialisation de l'outil de réalité augmentée dédié aux motards et lève 2,5 millions d'euros dans la foulée. Sans compter l'exposition de sa technologie au CES de Las Vegas sur le stand d'Amazon en 2019, ou encore l'article du New York Times, quelques semaines plus tard…

Romain Duflot, qui a suivi une formation de pilote de chasse, aurait pu prétendre à une carrière chez Dassault ou Airbus. Il y a d'ailleurs fait ses premiers pas - « en tant que stagiaire ». Mails il a préféré opter pour la voie de l’entrepreneuriat en lançant une startup de la deeptech. « L'idée est née d'un constat personnel, quand j'ai passé mon permis moto ». Il se rend compte du danger de regarder un GPS ou un smartphone posé sur le guidon, tout en se concentrant sur la route.

Eyelights, comme un avion de chasse

Sur les avions de chasse, Romain Duflot a déjà testé la technologie de réalité augmentée pour faciliter le pilotage. Il décide alors de s’en inspirer pour l'adapter aux motos. « Cette technologie est très élitiste, nous avons voulu la rendre accessible au grand public », poursuit-il. Avec son associé Thomas de Saintignon, il démarre la conception de l'outil. La visière du casque de moto est utilisée comme un écran pour projeter des informations sur la vitesse ou le trafic. L’objet est sous la forme d'un module clipsé et relié à une connexion Bluetooth via un smartphone, pour en faire un système connecté et commandé par la voix.

Reste alors l'étape de la commercialisation et de l’industrialisation de la techno. « Dans le cadre d'une conférence, nous avons rencontré Ludovic Le Moan, le fondateur et dirigeant de Sigfox. Il nous a mis en contact avec l'IOT Valley de Toulouse, une communauté d'entreprises spécialisée dans l'Internet des objets. Nous avons postulé, et avons été acceptés. En octobre 2017, on a débuté la commercialisation des premiers kits », raconte-t-il. Depuis, l’entreprise a vendu plus de 3 000 modules de réalité augmentée. En 2019, le chiffre d’affaires de la startup a d’ailleurs dépassé le million d’euros.

Le marché de l'automobile international dans le viseur

Si tout a été mené tambour battant, il a quand même fallu relever plusieurs défis optiques : adapter la technologie à de très petits écrans, procéder, pour la fabrication du module, par injections au micromètre près et réussir à financer la R&D. Le concours i-Lab apporte alors sa contribution, et surtout, la reconnaissance nécessaire pour séduire des investisseurs privés. Arrive alors « une levée de fonds, en amorçage, de 250 000 euros, récoltée notamment auprès de Bruno Maissonnier, le fondateur d'Aldebaran », poursuit Romain Duflot. Elle sera suivie d'une autre, de 2,5 millions d'euros, en 2018, auprès de Breega Capital et du fonds Ambition Amorçage Angels (F3A), géré par Bpifrance dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir.

Des fonds qui permettent à Eyelights d'accélérer. La startup compte aujourd'hui 20 salariés. « Le marché de l'automobile, qui représente 1 200 milliards de dollars dans le monde, est vraiment intéressant, s'enthousiasme Romain Duflot, nous ne pouvons pas le rater ! ». D'autant que si aujourd'hui le marché est énorme, demain, il aura changé de visage, avec l'avènement de la voiture autonome et des nouvelles mobilités, domaines dans lesquels la réalité augmentée développée par la deeptech toulousaine pourrait se démarquer.

Prochain objectif : conquérir les marchés européens et américains pour faire rayonner l’innovation française.