Franck Chuzel concilie industrie, santé et environnement

Après plus de vingt ans au service de grands groupes industriels, l'endocrinologue de formation Franck Chuzel est depuis 2016 à la tête de LifeScientis. Il se positionne aujourd'hui en pionnier de la microencapsulation « verte », procédé par lequel on enferme un produit dans des microparticules. 

  • Temps de lecture: 2 min
Franck Chuzel

 

À 50 ans passés, Franck Chuzel écrit avec conviction une nouvelle page de sa carrière, celle de l'entrepreneuriat. Docteur en endocrinologie, l'homme a connu les hautes sphères de l'industrie chimique. Au début des années 1990, Rhône-Poulenc le recrute pour ses connaissances sur les problématiques endocriniennes. Quelques années plus tard, il passe dans le secteur de l'agrochimie, puis intègre la société Galderma et le secteur pharmaceutique. « À chaque fois, en arrivant dans ces groupes, je me suis retrouvé à monter une activité ou un nouveau département. Il y a presque toujours eu une dimension entrepreneuriale dans mes fonctions », constate-t-il. 

En 1999, sans quitter son poste dans l'agrochimie, il passe même à l'acte en créant avec cinq autres personnes, Archium Technologies. Spécialisée dans l'archivage des dossiers d'homologation et d'autorisations de mise sur le marché (AMM), l'entreprise deviendra une référence. Pour Franck Chuzel, cette aventure durera 12 ans. 

« Redevenir pleinement acteur » 

C'est à ce moment, en 2012, que ce dernier prend une décision importante : quitter son poste pour se lancer à 100 % dans la création d'entreprise. Son moteur : un besoin pressant de retrouver une nouvelle énergie. « Je voulais redevenir pleinement acteur. Je sentais que je m'étais nourri des réussites et des échecs constatés durant toutes ces années », raconte-t-il. 

Pourtant l’entrepreneur ne se lance pas tête baissée, et prend un an et demi pour mûrir son désir et son projet. Il intègre l’Emlyon pour une formation de 18 mois afin de construire son plan, rencontrer, échanger. « Je n'ai jamais autant bossé, mais je me suis éclaté ! », confie Franck Chuzel.  

Son idée est claire dès le début : « Je voulais me concentrer à nouveau sur la maîtrise des impacts de la chimie sur la santé humaine et l'environnement ». Au cœur de son sujet, plusieurs enjeux : une approche moderne de la toxicologie mais aussi la chimie verte en substitution au plastique. 

Lanceur de passerelles entre industrie et université 

En 2018, la toute jeune entreprise LifeScientis s’installe à Grasse où elle dispose de son laboratoire de R&D, au plus près de l’écosystème industriel et universitaire. Franck Chuzel s'entoure d'experts, fait appel à des cabinets, en comptabilité ou propriétés industrielles, pour l’accompagner. Il recrute par ailleurs un docteur et ingénieur en chimie, tout en tissant des liens avec les universités. « J'ai toujours cherché à créer des passerelles entre les deux mondes. Ces interactions sont capitales et j’aime faire tomber les barrières ». 

Aujourd'hui, LifeScientis emploie une dizaine de personnes et développe une double expertise : l'évaluation du risque toxicologique dans les secteurs pharmaceutique, cosmétique ou encore phytosanitaire, ainsi que la maîtrise de système d’emport et du « relargage des composés ». À ce titre, la jeune pousse a créé un procédé de micro-encapsulation basé sur le biomimétisme et la chimie verte. En d'autres termes, les microcapsules contenant des substances actives ne sont plus fabriquées à partir de dérivés du pétrole mais à partir d’exemple de procédés existants dans la nature, plus sûrs et biodégradables. « Cela intéresse notamment beaucoup le secteur de la cosmétique et du parfum, qui a réalisé son virage vers le naturel », explique Franck Chuzel. 

Passionné, l'entrepreneur se laisse guider par ses convictions, notamment dans la gestion humaine au sein de la société. Grâce à une organisation « neuronale », où la responsabilité individuelle prime. L’entrepreneur souhaite « développer le collaboratif à l'intérieur comme à l'extérieur ». Une haute idée de la fonction de chef d'entreprise.