French Tech 120 : quel accompagnement quotidien pour les entreprises ?

123 entreprises ont été soutenues tout au long de l’année 2020 par le programme French Tech 120. Au quotidien, ce sont les success startups managers qui s’occupent de cet accompagnement. Rencontre avec Louis Fleuret, directeur adjoint de la mission French Tech.

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Depuis bientôt un an, la French Tech Next40/120 regroupe les 123 jeunes entreprises françaises prometteuses et susceptibles de devenir des leaders technologiques. Lancé par le gouvernement et intégré à la mission French Tech, le programme a pour objectif de faciliter leurs relations avec l’administration française, leurs recrutements ou l’accès à des marchés internationaux. Au quotidien, cet accompagnement est géré par des « startup success manager ». Louis Fleuret, directeur adjoint de la mission French Tech, a tenu ce rôle pour la première promotion.  

Bpifrance : Pouvez-vous nous expliquer le rôle de success startup manager ? 

Louis Fleuret : Chaque success startup manager possède un portefeuille avec une trentaine d’entreprises. Notre mission consiste à identifier leurs attentes et de trouver, au sein de l’administration française, les bons interlocuteurs et le contenu adapté. Nous sommes à l’écoute de leurs besoins mais nous essayons aussi d’être proactifs en fonction des éléments qu’elles nous partagent. Pour vous donner une idée d'une journée type : on accompagne individuellement les boîtes en fonction de leurs demandes ; on mobilise et anime notre réseau de correspondants French Tech, c’est-à-dire les différentes administrations partenaires du programme ; nous organisons des ateliers collectifs entre les entreprises pour développer leurs business.

B : Quels sont les services publics partenaires du French Tech 120 ? 

L.F : Il y a environ 60 administrations françaises partenaires du label. Ça va de l’Urssaf, aux ambassades en passant par des laboratoires de recherche ou encore le Centre national des études spatiales. Grâce à ces partenariats, les entreprises profitent d’un point d’entrée adapté et d’une offre de service privilégiée.

B : Les entreprises du programme sont donc favorisées ? 

L.F : Le traitement est différencié pour les membres du French Tech 120, mais ce n’est pas un passe-droit. Dès l’origine du programme, il y avait l’idée d’une dimension expérimentale. Comme on a un petit nombre d’entreprises, on peut se permettre de faire bouger des lignes au sein de l’administration pour que ça profite à l’ensemble de l’écosystème des startups. Par exemple, la Banque de France a revu ses méthodes de cotation des startups pour intégrer des éléments prospectifs et qualitatifs à son analyse.

B : Quels ont été les services les plus demandés par les entreprises ? 

L.F : Deux services ont beaucoup été utilisés. D’abord ceux de la Banque de France pour revoir leurs cotations. Ensuite ce sont les équipes de l’Urssaf qui ont été beaucoup sollicitées. Les entreprises du French Tech 120 sont pour la plupart en hyper croissance avec un rythme de recrutement très soutenu. Les équipes de l’Urssaf se sont donc investies pour adapter leur offre d’accompagnement, mais aussi mieux connaitre ce profil de cotisants. 

B : La crise sanitaire a-t-elle remis en cause le programme d’accompagnement ? 

L.F : La crise a eu plusieurs conséquences. Beaucoup d’entreprises nous ont sollicités pour un accompagnement défensif, alors qu’on avait plein de choses à leur proposer à l’international avec des réseaux French Tech à l’étranger, des ambassades, etc. Cependant, tous les sujets plus administratifs liés à la trésorerie, au chômage partiel et aux besoins sur le court terme se sont accélérés. La crise nous a forcés à prioriser certaines demandes d’entreprises en difficulté. 

B : Quel bilan faites-vous de cette première année ? 

L.F : Le bilan est très positif. Le label leur a apporté une plus grande notoriété aussi bien en France qu’à l’étranger. La dimension très opérationnelle de l’accompagnement, avec la mobilisation des services de l’Etat est un retour qui revient souvent aussi. 

B : Certains médias considèrent le French Tech 120 comme l’antichambre de la Bourse, qu’en dites-vous ? 

L.F : L’objectif n’est pas d’avoir des boites cotées en bourse mais d’avoir, en France, des leaders technologiques de rang mondial. Ça peut passer par la bourse mais pas forcément. Ça peut aussi se justifier par des grosses levées de fonds ou des croissances fortes. L’entrée en bourse est un levier regardé par un nombre croissant d’entreprises. Mais toutes les boites ne franchiront pas ce cap.
Pour celles qui le souhaitent, nous avons signé un partenariat avec Euronext en septembre pour proposer un accompagnement renforcé. Certaines sociétés suivent ça de près. En 2021 ou en 2022 on pourrait avoir la première entrée en bourse d’une boite passée par le FT120.

B : Avez-vous prévu des évolutions de l’accompagnement pour la prochaine promotion ?

L.F : On est en train de discuter sur des ajustements à apporter. Il y a un élément important : faire en sorte de maintenir et reproduire ce système d’accompagnement individuel et très opérationnel dès le début de la promotion. Donc avant de tout réinventer, il faudra expliquer le fonctionnement aux nouveaux arrivants et faire une roadmap avec les boites qui seront encore là. Ensuite, on pense accentuer certains aspects de l’accompagnement notamment sur la transition écologique. 

B : En parlant des nouveaux arrivants, les candidatures pour la 2e promotion viennent de se terminer, pouvez-vous nous en dire un peu plus ? 

L.F : On est en train de regarder les dossiers pour faire la sélection, qui je le rappelle, se base sur des critères objectifs. Ce qui est certain, c’est qu’il y aura du changement et un turn over entre les entreprises du Next40 et celles du French Tech 120. Nous donnerons les résultats d’ici fin janvier.