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[Gardez le cap] Bernard Fort, Tennaxia : « Lorsque le confinement a été décrété, nous étions prêts. »

Même confinés, les dirigeants de PME-ETI gardent le cap. Quatre d’entre eux ont accepté de témoigner sur la manière dont ils traversent cette période délicate. Pour démarrer cette série d’entretiens, zoom sur Bernard Fort, dirigeant de Tennaxia, une entreprise qui œuvre dans le domaine de la responsabilité sociétale.

« A l’apparition du virus, je n’ai pas anticipé que tout cela allait nous tomber sur la tête ! ». Bernard Fort, cofondateur de Tennaxia a pourtant l’habitude d'anticiper et relever des défis. Après avoir fait ses armes dans des grands groupes, il crée, dès 2001, une entreprise de conseil spécialisée dans le domaine de la responsabilité sociétale des entreprises : Tennaxia. La PME compte soixante collaborateurs, répartis entre Laval, Paris et Lyon. Aujourd’hui, il répond aux questions de Bpifrance Le Lab, sur la manière dont Tennaxia gère la crise liée à l’épidémie de Covid-19.

Comment avez-vous réagi aux premières décisions de l’Etat pour faire face à l’épidémie ?

Bernard Fort. Dans de telles circonstances, si on ne respecte pas les règles établies pour la protection de tous, ça peut vite devenir le bazar. J’étais donc prêt à suivre les recommandations des pouvoirs publics. J’ai une sœur anesthésiste en réanimation, confrontée au Covid-19 toute la journée, je suis peut-être aussi sensibilisé par ce biais-là.
Très vite, mes pensées se sont tournées vers l’une de nos collaboratrices qui souffre de problèmes chroniques aux poumons. On lui a proposé de travailler à domicile pour limiter les risques sur sa santé. Nous avons également annulé nos Universités annuelles, prévues en juin.

Est-ce que d’autres décisions concrètes se sont imposées à vous ?

BF. Mon associé s’est vite saisi du problème du travail à distance. Il fallait tout anticiper, et c’est pourquoi nous avons équipé tout le monde avec des ordinateurs portables, paramétré des outils à distance et amélioré la puissance de notre VPN. Lorsque le confinement a été décrété, nous étions prêts. A l’origine, je suis pourtant très circonspect à l’égard du télétravail, car attaché au fait que les gens se voient. A distance, cela se complexifie mais nous avons réagi pour maintenir des échanges chaleureux.

Le confinement a donc bouleversé votre organisation

BF. Complètement. Chaque équipe dispose de son scrum* quotidien. On passe en revue ce que l’on a fait la veille, ce que l’on prévoit d’accomplir le lendemain. Les prises de parole s’enchaînent, c’est fluide. Nous avons aussi conservé les petits-déjeuners hebdomadaires qui créent du lien entre tous les collaborateurs. Enfin, nous encourageons les managers à maintenir des contacts réguliers avec chaque membre de leur équipe, notamment ceux qui vivent le confinement dans des conditions peu confortables.

A quel moment avez-vous compris que ce virus allait avoir des conséquences sur votre entreprise ?

BF. Je n’ai pas encore complètement intégré cette idée. L’économie sera violentée et de nombreuses entreprises vont être pénalisées pendant de long mois encore. Mais, j’ai au fond de moi l’idée que toutes les activités ne seront pas affectées de la même façon. Notre entreprise sera peut-être plus épargnée que d’autres. Mais quand je vois la baisse du niveau de production des grands industriels, cela me fait penser à la crise de 2008. Ces industriels sont nos clients, et lorsqu’ils se portent mal, cela peut préfigurer de fortes secousses pour nous. L’impact pour mon entreprise, j’ai commencé à l’imaginer au moment où Peugeot a arrêté ses unités de production.

Aujourd'hui, quelles sont vos principales préoccupations ?

BF. Au début, je me suis posé deux questions : combien de temps mon entreprise peut-elle tenir ? Et comment puis-je emmagasiner les noisettes pour tenir plus longtemps ? La problématique de la santé des collaborateurs est aussi décisive, mais nous avons déjà pris des mesures dans ce sens-là.