Les entreprises et l'Europe

Horizon Europe : un programme de 95 milliards d’euros pour stimuler la recherche et l’innovation des entreprises

Depuis les années 80, la Commission européenne participe activement au financement de la recherche et de l’innovation. Affichant des ambitions toujours plus fortes, le programme Horizon Europe dispose d’une enveloppe de 95,5 milliards d’euros – un budget significativement en hausse – pour stimuler le développement de projets innovants dans des domaines stratégiques. 

Horizon europe

Composé de plusieurs instruments, le programme Horizon Europe porté par Bruxelles mise sur la collaboration transnationale et les échanges entre le privé et le public pour stimuler l’économie du vieux continent. Christian Dubarry, directeur des affaires européennes chez Bpifrance, évoque les enjeux stratégiques, ainsi que la possibilité pour les entrepreneurs d’intégrer le programme. 

Big média : Comment définir le programme Horizon Europe dans ses grandes lignes ? 

Christian Dubarry : En quelques mots, il s’agit du programme finançant la recherche et l’innovation de la Commission européenne sur la période courant de 2021 à 2027. La Commission favorise les collaborations transnationales au travers de ce type de plan depuis les années 80. Le programme Horizon Europe, qui succède à « Horizon 2020 », se démarque par un budget significativement en hausse. Notons qu’étant votée par le Conseil européen et le Parlement, cette augmentation dans le budget du programme démontre que la volonté politique de miser sur l’innovation est plus grande que jamais. 

BM : Quels sont les différents publics bénéficiant de ce programme de financement ? 

C.D : En règle générale, le programme couvre l’Union européenne (UE), ses pays partenaires et intègre aussi bien des acteurs publics, que des acteurs privés allant de la PME à la firme multinationale. D’ailleurs, c’est parce que ces acteurs ont des besoins différents qu’Horizon Europe se subdivise en plusieurs instruments dont trois types intéressent très directement les entreprises. Le premier est l’ensemble des grands projets d’innovation collaborative dans les domaines technologiques clés pour l’Europe, allant de l’avion propre à l’architecture de la 6G en passant par le recyclage des métaux rares ou encore le stockage de données numériques dans l’ADN. Le deuxième, Eurostars, finance de petits projets d’innovation européens pilotés et proposés par des PME innovantes qui veulent se projeter à l’international. Le troisième, l’EIC Accelerator, fonctionne à la façon d’un fonds de capital-risque et investit subvention et capital dans des startups européennes deeptech prometteuses pour les accompagner dans leurs développements. 

« Le budget est directement attribué aux meilleurs projets, sans répartition a priori entre les pays membres »

BM : Si une entreprise souhaite obtenir un financement via Horizon Europe, comment doit-elle s’y prendre ? 

C.D : C’est une question importante : d’abord ces financements ne sont pas distribués au niveau national ou régional, mais directement par des appels à projets publiés par la Commission. C’est moins anodin qu’il n’y parait car cela implique que le budget est directement attribué aux projets les meilleurs, sans répartition a priori entre les pays membres. Ensuite, les dossiers sont évalués sur trois critères principaux : le degré d’innovation, l’impact potentiel sur le marché et enfin la crédibilité du projet en termes de réalisation (capacité des porteurs de projet à le mener à bien).

Les conditions d’obtentions varient et sont plus ou moins sélectives. Pour candidater à un appel collaboratif, il faut impérativement disposer de partenaires dans l’UE et les pays associés. Ensuite, la sélection des projets est très variable d’un programme à l’autre. Par exemple, dans le cas du programme Eurostars, 30 % des projets candidats obtiennent un financement, ce qui est beaucoup. Dans le cas de l’EIC Accelerator, on tombe à 5 %. C’est beaucoup moins, mais ça se rapproche de ce qu’on trouve dans les fonds privés de capital-risque. Dans tous les cas, la sélection commence par le dépôt d’un dossier à Bruxelles. On recommande souvent un accompagnement public ou de consultants privés car la compétition est sévère.

BM : Horizon Europe répond à des priorités stratégiques, comment ces dernières sont-elles définies ?

C.D : Le choix est logiquement fait d’orienter le programme vers les domaines où l’investissement est nécessaire pour le développement économique et sociétal. On pense au climat, à des domaines où la maitrise des technologies clés est importante - c’est le cas pour des technologies comme le numérique, l’espace, la santé ou la sécurité. Bref, autant de domaines où la maitrise de la technologie est importante pour le développement de l’économie européenne et de ses entreprises.  Et dans lesquels le financement par l’Europe est plus efficace, par exemple parce que les montants en jeu sont très élevés, parce que s’allier avec des partenaires permet de faire mieux et plus vite ou de décloisonner les marchés.