La mobilité de demain commence aujourd'hui !

Le secteur de la mobilité est aujourd'hui profondément bouleversé par les nombreuses innovations qui apparaissent. Comment nous déplacerons-nous à l'avenir ? Réponse

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Les taxis volants d'EVA

Des mini-hélicoptères urbains. C'est le concept développé par la start-up toulousaine EVA (Electric Visionary Aircrafts) qui a été présenté à l'occasion du salon VivaTechnology, en mai dernier à Paris.

Son pari ? "Décongestionner la circulation dans les villes" indique le confondateur Gianmarco Scalabrin. Ce centralien spécialiste de l'aéronautique a fondé EVA fin 2017 avec Olivier Le Lann, un ancien de Tesla Motors. Cet appareil qui ne fait que cinq mètres sur deux sera accessible de la rue (et non d'un aéroport ou d'un quelconque toit d'immeuble) et pourra afficher une vitesse maximum de 300 km/h au compteur ! De plus, sa valeur ajoutée réside dans son fonctionnement à la fois 100 % autonome et 100 % électrique.

Et si celui-ci coûte aujourd'hui 250 000€ en pré-commande, on annonce du côté de la start-up une baisse de prix dès que la production de masse sera lancée (dans les alentours de 2022). Néanmoins, ce ne sont peut-être pas les habitants des grandes villes françaises qui en bénéficieront les premiers. Pour des raisons réglementaires, EVA expérimentera son concept à Dubaï.

SeaBubbles, des bulles en lévitation sur la Seine

Une petite bulle qui vole sur l'eau, comme le faisait le multicoque à hydrofoils d'Alain Tabarly...

Alain Thébault, skipper et architecte naval, et Anders Bringdal avait déjà participé à la conception du bâteau de Tabarly avant de fonder, ensemble, la start-up SeeBubbles en 2016. L'entreprise a effectué les premiers tests de son concept en mai dernier et attend d'obtenir l'accord officiel qui permettrait à ces taxis volant sur l'eau de naviguer à grande vitesse sur la Seine, même si pour l'heure la vitesse est limitée à 12 km/h pour les activités commerciales et 18 km/h pour les bateaux de plaisance. Ces bulles ont, selon leurs promoteurs, d'énormes avantages : d'une part elles sont 100 % électriques et respectent ainsi l'environnement, d'autre part elles se soulèvent au dessus de l'eau, et en conséquence, ne font ni vagues, ni bruit.

Une première ligne reliant le Trocadéro à la Gare de Lyon, avec 15 à 20 bulles transportant chacune quatre à cinq passagers, pourrait voir le jour au printemps 2019. Aujourd'hui, Paris City Vision, G7 Green et Uber ont déjà montré leur intérêt et les premiers exemplaires ont pu être pré-commandés lors de VivaTech

Les Autonom Shuttles de Navya, déjà en service en ville comme à la campagne

Créée en 2014, la start-up lyonnaise Navya a conçu des véhicules autonomes capable de faire des navettes entre plusieurs points sur commande. Ainsi, depuis novembre 2018 dans le campus de l'université de Rennes 1, ce sont deux Autonom Shuttles qui ont été mis en service. Disponibles gratuitement du lundi au vendredi jusqu'au terme de l'expérimentation en juin 2019, les navettes partagent la voie avec les piétons, les cyclistes, les voitures et les bus, sur un trajet de plus d'un kilomètre.

Cet automne, l’opérateur de transport Bertolami, situé à St-Donat-sur-l’Herbasse, une commune de 4 000 habitants dans la Drôme, a choisi lui aussi les Autonom Shuttles de  Navya pour développer son offre de mobilité dans les territoires ruraux. Le Shuttle, rebaptisé localement BERTO001, sera testé à partir de janvier 2019 dans certaines communes et des stations de ski. 

Cette innovation s'exporte déjà. Navya et Keolis (principal opérateur de transport de la ville de Rennes) ont ainsi lancé, à la mi-août dernière, un projet pilote de navette autonome sur la voie publique près de Montréal, pour une durée d'un an. L’Autonom Shuttle transportera les usagers sur un parcours de deux kilomètres comprenant plusieurs arrêts à travers la petite ville de Candiac. En offrant des solutions alternatives de mobilité, notamment pour les déplacements domicile-travail, Navya - qui évalue le coût des embouteillages à 340 milliards de dollars par an dans le monde - poursuit la même ambition que les inventeurs des taxis-volants et des bateaux bulles, celle de fluidifier la circulation.

Des œufs en suspension pour Supraways

Fondée en 2015, la start-up lyonnaise Supraways a adopté pour slogan « Fly in your city ». Tout un programme... Elle a en effet développé un projet de transport aérien, mi-aérotrain mi-téléphérique : des « œufs », équipés de sept à neuf fauteuils suspendus à des rails à 10 mètres du sol. Ces œufs glissent ainsi à grande vitesse sur un réseau de lignes interconnectées (ce qui permettra au passager d'indiquer sa destination et de s'y rendre sans correspondance), le tout ancré sur des piliers de 80 cm de diamètre à la base. Un système intelligent contrôle chaque capsule et assure l'aiguillage sur le réseau. De même manière qu'une « Google car », l’œuf communique avec le système central et les autres cabines.

Autre avantage, le système électrique conçu par Supraways pour son dispositif de mobilité du futur se recharge en partie à l’énergie solaire. Deux régions sont dans les starting-blocks pour lancer les tests : la Lorraine et l'Ile-de-France. Pour la première, il s'agit de désengorger le tronçon d’autoroute entre Metz et Luxembourg, emprunté quotidiennement en semaine par 100 000 véhicules, dont 15 000 camions, selon une étude menée par Supraways. Pour l'Ile-de-France, c'est l'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, deuxième pôle économique de l’ouest parisien après La Défense, qui devrait être en première ligne. Elle est pour l'heure ralliée tous les jours par plus de 100 000 salariés qui travaillent sur place mais habitent ailleurs.

Le système Supraways, conçu pour fonctionner 24h/24, 7j/7, avec un débit pouvant atteindre 10 000 passagers par heure, pourrait faciliter leurs déplacements. 

L'Hyperloop, pour mettre Limoges à 30 minutes de Paris

Transpod, une société lancée à Montréal en 2015 par le Français Sébastien Gendron, explore l'Hyperloop, le train supersonique soutenu par Elon Musk. C'est d'ailleurs en France, près de Limoges dans la petite commune de Droux, que le centre de recherche et la piste d'essai de trois kilomètres de Transpod seront bientôt construits.

Le but ? Faire circuler de petites cabines dans des tubes sans air pour éviter le frottement qui ralentit la vitesse. Ainsi, elle pourra atteindre plus de 1 000 km/h. En équipant les infrastructures de ces tubes, l'objectif est de mettre Limoges à moins de 30 minutes de Paris, mais aussi rapprocher toutes les grandes villes les unes des autres - de Berlin à Paris, de Rio à Sao Paulo, de New York à Boston, de Montréal à Toronto, de Pékin à Shanghai... - vers 2030, si le système est opérationnel, comme l'espère Sébastien Gendron.

Wello, le premier triporteur photovoltaïque

Conçu par la société VeloCe, fondée en 2015 sur l'île de la Réunion par Arnaud Chéreau, Wello est le premier triporteur photovoltaïque. Alors que, selon son initiateur, il n'existe que quelques projets dans le monde de transport individuel de ce type, les premiers de ces engins ont déjà été livrés en novembre 2018 à deux sociétés qui en ont fait l'acquisition : la société de transport urbain locale, la Sodiparc, et EDF. Ils circulent désormais sur les routes de l'île.

Capable d'accueillir deux enfants à l'arrière, Wello se recharge en continu via les panneaux solaires intégrés dans sa toiture et ne dégage aucun CO2 tout en étant totalement connecté. De quoi, au-delà de l'île, intéresser bien des organisations et nombre de particuliers qui veulent circuler plus, mais mieux, tout en respectant l'environnement.