La révolution des robots

Si les grandes entreprises françaises ont encore du mal à se convertir à la robotique, PME et startups innovent dans le domaine. Et conquièrent des parts de marché à l'étranger.

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Eliot Sarrey et son robot

Même Google ne s'y est pas trompé : l'invention primée par la Google Science Fair, manifestation qui distingue les jeunes inventeurs du monde entier, a récompensé Eliott Sarrey, un jeune lorrain de 14 ans, pour son robot jardinier télé-commandable, joliment baptisé Bot2Karrot. Preuve que la relève est bien là en France, mais surtout, que la robotique pourrait révolutionner nos vies et ce, dans des domaines aussi variés que la production à la chaîne, la médecine, les services à la personne et bien sûr, le jardinage...

Explosion du marché mondial

Le Boston Consulting Group (BCG) estime ce marché mondial à 67 milliards de dollars à horizon 2025. Les dépenses en robotique vont plus que tripler sur les dix prochaines années. En tête actuellement, la Chine, avec au moins 20 % des achats mondiaux, afin de contrebalancer l'augmentation des salaires dans l'industrie. D'autres pays s'équipent également, avec la même stratégie. Résultat, selon le BCG, la Corée du Sud devrait abaisser le coût du travail de 33 %, les États-Unis et l'Allemagne, de 22 %, et la France, de 9 %. L'Hexagone affiche en effet une proportion moindre de robots dans ses usines. Si elle a du mal à convertir ses chaînes de montage, il est un domaine dans lequel ses entreprises, principalement des PME et des startups, excellent : celui de la robotique des services. Selon Catherine Simon, organisatrice d'Innorobo, salon annuel dédié à la robotique, la France dispose de 60 laboratoires spécialisés dans ce domaine.

Services à la personne en tête

Robot Pepper (c) Aldebaran

Humanoïdes ou non, drones ou exosquelettes, les robots made in France font déjà parler d'eux.
Evidemment, il y a le fameux Pepper, robot humanoïde qui sert de premier contact aux clients de Softbank et de Nescafé au Japon, développé par l'entreprise Aldebaran, basée à Nantes et Paris. Fondée en 2005, la société, qui a pour actionnaire majoritaire le Japonais Softbank depuis 2011, est aujourd’hui leader mondial dans ce secteur.
Il y a aussi les robots de compagnie, domaine dans lequel se distinguent là encore des entreprises françaises, comme Blue Frog Robotics, issue du Centre de robotique intégrée d'Île-de-France, qui a conçu Sami, un humanoïde pilotable à distance grâce à une caméra 3D Kinect, et Buddy, doté d'une mémoire plus grande que Sami.
Quant à Diya One, c'est le contraire, précise son inventeur, Ramesh Caussy. Ce robot n'est pas un humanoïde, mais il aura bientôt son stand de démonstration à la COP21. Créé par Partnering Robotics, une start-up fondée en 2007 et basée à Cergy (Val-d’Oise), il détecte la pollution dans les bâtiments, comme les particules fines - « l’air est cinq à dix fois plus pollué à l’intérieur qu’à l’extérieur », précise Ramesh Caussy, son inventeur - puis il purifie l’air en le brassant et en le filtrant. Déjà testé au musée du Quai Branly, il sera commercialisé à partir du 15 novembre. « Au-delà de ce service, il pourrait à terme en assumer une multitude d'autres », indique Ramesh Caussy.
Quant à Medtech, une société spécialisée dans la conception, le développement et la commercialisation de robots chirurgicaux, fondée en 2002 par Bertin Nahum et basée près de Montpellier, elle vient d'annoncer ce mois-ci une nouvelle vente du robot ROSA™ au CHU de Francfort, en Allemagne. Medtech est devenu en quelques années le spécialiste européen de dispositifs robotiques d'assistance aux gestes médico-chirurgicaux.

Exosquelettes et robotique aquatique

Hercule (c) Rb3D

Cap maintenant sur Auxerre, dans l'Yonne, où est basée l'entreprise RB3D, fondée en 2001 par Serge Grygorowicz. En 2009, la société a lancé le développement d’Hercule, un exosquelette civil de port de charges lourdes - autrement dit, un robot d'assistance à l'effort. Il suffit de s'habiller du système, relié à des capteurs - et l'effort est produit par le robot ! La force nécessaire à étaler trente tonnes de bitume, par exemple, est ainsi divisée par dix... Les applications concernent aussi d'autres secteurs - métallurgie, aéronautique, logistique, automobile, défense... D'ailleurs, les clients de RB3D vont de la DGA au CEA, en passant par Michelin, Safran et PSA Peugeot-Citroën. Devenue en quelques années l’une des seules sociétés européennes à proposer des robots utilisés en coordination avec une action humaine, RB3D est aujourd'hui l’un des leaders de ce secteur, en France et en Europe.
Enfin, la société Tecdron, basée à Périgny, en Charente Maritime, ambitionne, elle, depuis sa création en 2013, de devenir l’un des leaders européens en matière de robotique terrestre et aquatique. Scalog (qui pilote une flotte de robots mobiles pour automatiser la préparation de commandes) et Airbus, entre autres, utilisent aujourd’hui la plateforme conçue par Jean-Jacques Topalian et Franck Thomas.
On le voit, la liste (non-exhaustive !) des entreprises françaises qui brillent dans la robotique est longue. Et elle devrait encore s'étoffer dans les années à venir...