L'Afrique, un marché à conquérir

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L'Afrique, de nombreuses opportunités pour les PME françaises

En plein rattrapage, l'économie du continent africain ne présente pas que des occasions en or pour les grands groupes français, spécialisés dans les infrastructures et les services publics. Les start-up, les PME et les ETI ont elles aussi de quoi tirer leur épingle du jeu. Certaines sont d'ailleurs déjà sur place.

Dakar, Sénégal

Selon les prévisions du Fonds monétaire international, l'élan de croissance qu'a connu l'Afrique ces dernières années devrait se poursuivre. Après des progressions situées entre 6 et 8 % en 2016, la Côte d’Ivoire, l'Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie, le Sénégal et le Rwanda, par exemple, devraient afficher des performances de croissance identiques cette année, estime l'institution. Sur le plus long terme, c'est l'explosion démographique qui retient l'attention. A 1,2 milliard actuellement, le nombre d'habitants devrait s'élever à 4,2 milliards d'ici 2100, selon l'Unicef. Conséquence, les infrastructures, l'éducation, la santé, le transport, la communication, l'habitat, devront largement se développer, en particulier dans les villes, qui doivent faire face à un afflux massif de populations rurales. Si cette évolution implique de belles opportunités pour les grands groupes français, spécialisés dans certains de ces domaines, rien n'empêche les entreprises de taille plus modeste de s'intéresser elles aussi à ce marché.

Des enjeux énormes pour le développement

Solaire en Afrique

Nombre de secteurs sont à explorer. A commencer par l'énergie solaire. La plupart des pays d'Afrique bénéficient de plus de 300 jours de soleil par an, et pourtant, environ 600 millions d'Africains, notamment dans les zones rurales, n'ont pas accès de façon fiable à l'électricité. Des PME françaises sont déjà sur place, à l'image d'Ecosun, basée à Hombourg, en Alsace. La société est aujourd'hui leader en Afrique de l'Ouest et du Centre pour la conception, la fabrication et l'installation de systèmes de production énergétique solaires, avec notamment plusieurs systèmes de chauffe-eau solaire dans des hôtels en Afrique de l'ouest et la fourniture de 70 % de l'énergie de l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest, à Lomé, en solaire photovoltaïque et thermique. Sans oublier Mobil-Watt, sa centrale solaire mobile, dont les panneaux peuvent être déployés pour fournir de l’électricité en moins de deux heures !

L'électricité, mais l'eau également. CityTaps, une start-up parisienne, commercialisera l'an prochain un système qui permettra aux clients de pré-payer leur consommation d'eau via un téléphone mobile. Le compteur intelligent fait remonter les données au fournisseur d'eau toutes les demi-heures. Ainsi, un client qui vient de payer peut faire sa vaisselle ou se laver dans l'heure qui suit. Plusieurs fournisseurs d'eau, qui doivent gérer des budgets souvent tendus, au risque de ne pas servir tous leurs clients, sont déjà intéressés en Afrique, en particulier au Kenya. La jeune pousse, créée en 2015 par Grégoire Landel, un ancien de Veolia, travaille actuellement avec Veolia sur un proof of concept à Niamey, au Niger. Quant à la société Vergnet Hydro, chef de file d’un groupement composé de Chiali Service (algérien), MTK Service (français) et SOCOSAF TP (mauritanien), elle vient de se voir attribuer le marché de réalisation/réhabilitation de 81 stations d’eau potable en Mauritanie. L'entreprise, basée à Ingré, dans le Loiret, a installé ses premières pompes à motricité humaine au début des années 1970 en Afrique de l'ouest. Et elles marchent toujours ! Depuis, présente dans le monde entier à travers plus de 30 filiales et partenaires, la société Vergnet Hydro est devenue le leader français dans l'approvisionnement en eau potable en milieu rural et isolé.

Nourrir plus d’un milliard de personnes

nourrir l'Afrique

L'agrobusiness, ensuite. Avec plus de 60 % des terres arables non cultivées dans le monde et une main-d’œuvre abondante, l’Afrique sub-saharienne pourrait largement se nourrir, voire exporter une partie de sa production. Or chaque année, l'Afrique importe plus de 70 % du blé qu'elle consomme, par exemple. La start-up franco-tunisienne NextProtein, créée en 2015 et basée à Orsay, veut pénétrer le marché, en commençant par la conquête de celui de l'alimentation (soja ou farine de poisson) pour animaux. Pour ce faire, une nouvelle usine de 2 500 m² doit bientôt être construite à Grombalia, au sud de Tunis, notamment grâce à une nouvelle levée de fonds, de 1,3 million d'euros, qu'elle vient de boucler. Si 600 000 euros ont été récoltés via des plateformes de financement (Anaxago et Angelsquare), 700 000 euros l'ont été auprès d’investisseurs privés comme Xavier Niel, via son fonds Kima Ventures. Prochaine étape pour NextProtein : le marché de l’alimentation pour les humains... Enfin, le groupe Cémoi, basé à Perpignan, a ouvert la première usine de fabrication de chocolat en 2015 en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao. Pour le chocolatier, ce pays servira de tremplin en vue d'offrir du chocolat aux 350 millions de consommateurs d'Afrique de l'Ouest.

Autre initiative, et de taille, celle de l'ETI Mobilitas, spécialiste du déménagement, de la relocalisation et de l’archivage. Elle a finalisé en septembre dernier son projet d’implantations sur l’ensemble du continent africain, avec une extension aux Seychelles. Une stratégie qu'elle mène depuis 1993, avec une première présence à Abidjan. Aujourd’hui, la société réalise 40 % de son chiffre d’affaires consolidé (300 millions d’euros) sur le continent africain. Elle y emploie également 2 800 personnes (sur plus de 4 000 salariés dans le monde).

Le numérique, une donnée essentielle

Et évidemment, il ne faut pas oublier le numérique, qui a permis aux pays africains de sauter des étapes, en particulier dans la banque, avec les télé-paiements.