Connaissez-vous le Concours d'innovation numérique ?

  • 11 mars 2016
  • Temps de lecture: 2 min

Langue des signes : le Graal de l’enregistreur de mouvements Mocaplab

Spécialisée dans l’enregistrement de mouvements, la start-up développe des logiciels de modélisation de la langue des signes. Avec la seconde phase de sa R&D elle entend non seulement appréhender avec plus de finesse le langage des sourds, mais aussi passer au stade industriel. Lauréate au Concours de l’innovation numérique février 2016.

Remi Brun

« Innover ça fait partie de mes gênes, depuis que je suis gamin je veux être inventeur ». Après plus de vingt ans d’activités professionnelles Rémi Brun n’a rien perdu de son esprit pionnier. Bien qu’elle soit unique sur son créneau, Mocaplab, fondée en 2007, ne constitue pas sa première tentative. Ingénieur en arts et métiers, en mécanique et biomécanique, il avait lancé avec deux associés en 1993 une société spécialisée dans la motion capture. « En tant qu’ingénieurs on a fait des miracles, 20 000 lieues sous les mers avec Richard Bohringer c’était nous, mais on ne connaissait rien à l’écosystème de l’innovation, au bout de trois ans on s’est rétamé ».

Depuis, Rémi Brun a connu d’autres expériences professionnelles, à Londres dans des studios d’effets spéciaux, en France, au studio d’animation Attitude qu’il quitte en 2007. « Je me suis retrouvé à être un des rares spécialistes dans le monde de la motion capture, les autres n’avaient ni autant d’expérience ni autant de connaissances scientifiques que moi » assure-t-il. Mais l’entrepreneur avait tiré les leçons du passé. Lorsqu’il crée Mocaplab il fait appel à Bpifrance, obtient un prix émergence, recrute un ingénieur, est accueilli dans l’incubateur parisien Agoranov.

L’animation, les jeux vidéo, ou la pub n’est pourtant pas ce qui le passionne le plus. « Je voulais me rapprocher de l’humain, j’avais fait une thèse, "comment transformer la parole en stimuli tactiles" pour les sourds », dit-il. C’est ainsi qu’il va s’intéresser à la langue des signes, « le Graal » selon lui pour un enregistreur de mouvements, et une belle niche : « ce n’est pas un énorme marché, mais c’est mondial et on est les seuls ».

Modéliser la langue des signes

Mocaplab

Son premier projet, Sign 3D, lui vaudra en 2014 un financement du FUI et du PIA. Il s’agit de modéliser la langue des signes, un travail complexe qui ne met pas seulement en jeu le mouvement des mains, mais aussi les expressions du visage, des yeux, du corps. Ses marchés : les série TV, mais aussi le monde de la recherche. « Imaginez que vous fassiez des recherches sur la parole et que le microphone n’existe pas, vous seriez mal. C’est pareil pour la langue des signes. »

La seconde phase de son projet, ASTRe, lui a valu d’être lauréat au concours de l'innovation numérique en février dernier. Il s’agit pour lui de passer en mode industriel et d’agrandir sa plateforme de 20 à 30 caméras de motion capture et de développer de nouveaux logiciels afin d’encore mieux modéliser toutes les composantes de la langue des signes. La cible, c’est aussi l’apprentissage et l’enseignement, pour les sourds et leur entourage. Et puis, il y a le Graal du Graal, cet horizon encore lointain où la machine sera capable de traduire les signes en texte et réciproquement et ça, Rémi Brun en rêve.