La Tournée Entrepreneuriat Pour Tous

  • Temps de lecture: 2-3 min

Laurence Lascary met en lumière les quartiers

Mettre en lumière des profils de “banlieusards”; mais pas que : c'est la mission que s'est donnée Laurence Lascary - productrice - qui s’efforce à travers ses documentaires et films de valoriser des profils, des histoires et surtout des talents. Interview d'une entrepreneure qui a des étoiles plein les yeux.

“Quand je me suis lancée dans l’entrepreneuriat, on m’a souvent donné l’impression qu’en tant que jeune femme noire, je n’avais rien à apporter, ni à des PME, ni à des grands groupes”. Et pourtant, c’est grâce à son talent, son originalité et son engagement – les valeurs de sa maison de production - que Laurence Lascary a créé De l’autre côté du Périph, pour proposer des œuvres représentant la société française dans sa diversité et ses différences.

L’entrepreneuriat, vous n’y étiez pas forcément prédestinée, et pourtant…

C’est sûr ! Mais, j’ai toujours eu cette envie d’entreprendre dans l’univers audiovisuel. Durant mes études, j’ai opté pour une voie « rassurante » et j’ai obtenu un master en sciences de gestion. Malgré tout, cette envie de créer mon entreprise était bien là mais, quand j’ai voulu me lancer, je me suis heurtée à un mur.

C’est-à-dire ?

On m’a très vite dit qu’avec mon parcours et sans expériences, ce serait impossible.
Pourtant, après une année passée à Londres, j'ai réussi à intégrer un master en marketing et distribution dans l'industrie audiovisuelle à la Sorbonne. Ça a été mon premier déclic, celui qui m’a permis de comprendre vers quelle voie je voulais me tourner.

Premier déclic, ce qui sous-entend qu’il y en a eu d’autres ?

Oui ! Le second déclic a été après la création de ma maison de production De l’autre côté du Périph (DACP), quand j’ai remporté le concours « Talent des cités ». A la base, je participais juste parce qu’il y avait un financement à la clé, mais au fur et à mesure de mon avancement dans le concours, j’ai pris conscience de l’impact que ce prix pourrait avoir pour moi et de la visibilité que ça pouvait apporter !

Des débuts difficiles 

Vous étiez jeune, vous viviez à Bobigny, de l’extérieur, ce ne sont pas forcément les meilleures conditions pour entreprendre, non ? 

Entre un jeune qui sort comme moi d’un lycée public de Bobigny et un lycéen d’Henri IV, les passerelles pour accéder à l’enseignement supérieur ne sont pas du tout les mêmes, le réseau, l’accès à l’éducation… J’ai tenté de m’en extirper grâce à mes voyages, mais il faut bien reconnaitre qu’en France, il y a encore beaucoup de barrières, notamment dans le domaine de la culture.

Pourtant, vous avez réussi…

Oui, mais je ne vous cache pas qu’il y a eu de grands moments de doutes. Et beaucoup de projets avortés. Les cinq premières années après la création de DACP ont été compliquées ! Sans réseaux on n’a pas forcément les moyens de rassurer nos partenaires. Mais ce qui m’a fait tenir c’est que je n’avais pas de plan B, donc je me suis dit : « Si tu dois te crasher, au moins ce sera en apothéose, en donnant tout ce que tu as ! ». Et c’est grâce à des épreuves comme celles-ci que j’ai eu envie de créer la journée des Jeunes producteurs Indépendants afin qu’ils puissent sortir de l’isolement - que j’avais moi-même connu - et qu’ils parviennent à faire connaitre leurs projets.

Transmettre à des jeunes le goût d’entreprendre

Vous êtes intervenus dans le cadre de la Tournée Entrepreneuriat Pour Tous qui valorise les entrepreneurs des quartiers prioritaires, quel message avez-vous transmis ?

Mon goût d’entreprendre et surtout, ma volonté de leur faire gagner du temps. Car sans réseau, c’est loin d’être évident pour un jeune. Grâce à cet évènement j’ai envie qu’ils se sentent épaulés et qu’ils rencontrent des gens qui leur ressemblent et qui les inspireront pour leurs futurs projets, quelle que soit leur ampleur. Je veux vraiment qu’ils se donnent les moyens de réussir ! 

Et en guise de clap de fin, pourriez-vous nous donner un conseil que vous auriez aimé recevoir à vos débuts ?

Je pense qu’il ne faut pas oublier que le nerf de la guerre quand on a un projet et qu’on souhaite le développer, c’est le commercial ! Il faut oser décrocher son téléphone et apprendre à nouer des relations, car si on ne tente pas, on n’arrive à rien !
 
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