Le fonds SPI de Bpifrance investit dans la filière du NewSpace

En rejoignant le tour de table de Kinéis, seul opérateur français de nano-satellites pour l’IoT, Bpifrance souhaite participer à la création d’une filière du NewSpace en France et contribuer à la transformation de l’industrie spatiale.

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Permettre aux projets industriels les plus porteurs de voir le jour. À travers son fonds SPI, Bpifrance, intervient en investisseur en fonds propres dans des projets d’industrialisation choisis en fonction de leur potentiel de croissance, du positionnement actuel de l’industrie et de leur contribution à la transition écologique et énergétique.  

C’est le cas de Kinéis, opérateur satellitaire et fournisseur de connectivité globale créé en 2019 qui hérite de quarante ans d'expertise du Centre nationale d’études spatiales (CNES) et de CLS sur le système Argos pour développer une technologie fiable donnant facilement accès à des données satellitaires utiles. En levant 100 millions d’euros auprès de ces partenaires industriels et d’investisseurs financiers, Kinéis marque la constitution d’une nouvelle filière d’avenir en France, le NewSpace.  

[Interview de Chloé Schiaffino, directrice d’investissement et Charlotte Gaïsset, chargée d’investissement senior au sein du fonds SPI de Bpifrance.] 

Bpifrance : 100 millions d’euros, ce sera sans doute l’une des plus grosses levées de fonds de l’année ?  

Chloé Schiaffino : Quand un projet comme Kinéis voit le jour, c’est difficile de lever moins. On parle de fabriquer et de commercialiser la première constellation européenne de nano-satellites dédiée à l’internet des objets (IoT). Il s’agit donc d’un projet qui va mettre deux ou trois ans à se développer, et qui nécessite des ressources importantes. Dans ce cas de figure, il n’y a aucun intérêt à investir peu. Au contraire, il faut permettre à l’entreprise d’avoir une solidité financière suffisante en attendant la commercialisation de ses services (connectivité).  

« Une levée de fonds de 100 M€ impose un grand nombre d’investisseurs autour de la table » 

B : C’est un montant qui permet à l’entreprise d’accélérer, mais qui peut engendrer des process plus longs, plus lourds ?  

Chloé Schiaffino : Disons qu’une levée de fonds de 100 millions d’euros impose nécessairement un grand nombre d’investisseurs autour de la table. La complexité principale reste d’obtenir un consensus entre des financiers, des industriels, et dans le cas de Kinéis, un centre de recherche. L’enjeu est de répondre aux contraintes de chacun, tout en pensant au bon développement de l’entreprise.  

B : C’est-à-dire ?  

Charlotte Gaïsset : Le fonds a vocation à être un partenaire fiable et de long terme, dans un investissement profitable et la question de sa liquidité peut se poser dans un horizon de temps différent de celui d’un industriel ou encore d’un centre de recherche. Notre travail consiste à trouver un bon compromis qui tienne compte du développement réussi de la société et des contraintes de ses actionnaires. La taille significative de nos tickets et le levier de confiance que nous avons sur une levée de ce type nous donnent de bons arguments.

Chloé Schiaffino : Il y a également des sujets de non-concurrence. Bpifrance ne peut pas s’engager à s’interdire d’investir dans des entreprises concurrentes, ce qui peut parfois ouvrir des débats lors de levées de fonds. 

B : Qu’est ce qui a motivé votre choix à investir dans Kinéis ?  

Chloé Schiaffino : Le New Space est en train de devenir une industrie stratégique. Á travers ce projet, le fonds SPI participe à la création d’une filière en France et permet de donner une impulsion à cette industrie. Il paraissait donc évident pour Bpifrance de se positionner sur un tel projet industriel.  

B : Vous avez repéré d’autres entreprises intéressantes dans ce domaine ?  

Charlotte Gaïsset : Pas spécifiquement, mais avec cette participation, nous commençons à regarder ce secteur de plus près et notons de réels enjeux autour des sujets portés notamment par les équipementiers (propulsion, antenne, etc.). Parfois on observe des vagues d’investissements dans un secteur. 

B : Et en ce moment, quels sont les secteurs porteurs ? 

Charlotte Gaïsset : Un tiers des dossiers qui arrivent sur notre bureau en ce moment viennent de la « chimie verte » et tout ce qui peut venir en substitution des produits pétro-sourcés. Il y a également une tendance autour du plastique et notamment de la question du recyclage.  

Chloé Schiaffino : L’avantage du fonds SPI est que l’on ne s’interdit aucun secteur d’investissement, dès lors que l’entreprise participe à la transition écologique et énergétique et qu’elle est porteuse de perspectives d’activité et d’emplois industriels.  

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