Le point de vue du Lab : la défiance des PME face aux diplômés de grandes écoles

Bpifrance Le Lab vous propose un « point de vue » à partir de ses travaux de recherche. Le sujet du moment : « Attirer les talents dans les PME ». Pour les dirigeants de PME, l’implication des salariés est privilégiée aux diplômes, mais un changement s’opère dès lors que l’entreprise se met à avoir de grandes ambitions de croissance.
David Targy (responsable des publications de Bpifrance le Lab) vous livre son « point de vue »

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Aujourd’hui, avec le recul de 6 mois d’enquête et d’études empiriques (focus-groupes, questionnaires, entretiens en face-à-face), nous prenons conscience de l’exotisme de cette notion de talent pour la plupart des dirigeants de PME et ETI. C’est un terme qu’ils n’ont pas l’habitude d’employer ou qui recouvre pour eux des idées et des réalités que nous n’avions pas à l’esprit au commencement du projet.

Précisons notre définition du talent. Pour nous, un talent, dans la droite ligne du texte fondateur des consultants de McKinsey (1), c’est un haut potentiel qui a passé le double tamis d’une formation initiale exigeante et d’une première expérience réussie à un poste à responsabilités, souvent dans une grande entreprise. Des profils ni trop juniors, ni trop seniors, qui ont les épaules assez larges pour porter un projet ambitieux, diriger une business unit ou une filiale, voire prendre la direction générale d’une PME.

Le terme de talent peut aussi, à la rigueur, s’appliquer à certains experts dans les métiers où le talent individuel fait la différence, comme dans la mode, la publicité, le conseil, l’informatique… Notre hypothèse de travail est la suivante : les PME manquent de talents. Avec plus de profils comme ceux-là, elles seraient plus fortes, plus conquérantes et plus aptes à aller chercher la croissance sur les marchés internationaux.

Le talent, c’est l’engagement

Mais voilà, cette vision du talent, peu de dirigeants de la PME la partagent. Pour être précis, 12 % des dirigeants de PME (sur les 1 931 qui nous ont répondu) associent le talent aux notions de « haut potentiel » ou de « top management ». Si peu font cet amalgame, c’est pour une raison assez simple. La plupart n’ont pas besoin de ce type de profils, soit parce que leur entreprise est trop petite, soit parce qu’ils n’ont pas de projet ambitieux de développement. Les dirigeants, sans nier la valeur intrinsèque de ce type de profils, ne les considèrent pas comme essentiels à leur projet et par ailleurs, ils ne voient quelles perspectives ils pourraient leur offrir ou comment nourrir leurs compétences durablement. Nos travaux de recherche révèlent un lien évident entre sensibilité au talent tel qu’on l’a défini plus haut, d’une part, et taille de l’entreprise et ambition de croissance, d’autre part.