L’économie collaborative séduit les groupes industriels

Blablacar, Airbnb, KissKissBankBank, Uber ces jeunes pousses du numérique, basées sur un modèle collaboratif, réinventent la notion de service entre particuliers et surfent sur de nouveaux modes de consommation. Les grands groupes traditionnels s'y intéressent de plus en plus, au point d'investir ou de créer leur propre activité en mode collaboratif. Un phénomène mondial !

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Les Français conquis par l'économie du partage

Pratiquer le covoiturage, louer son appartement, son véhicule, voire sa perceuse entre particuliers : en quelques années, l’économie collaborative est devenue incontournable. Selon un sondage réalisé par la Sofres en novembre 2013, 80 % des Français pratiquent désormais ou comptent pratiquer la consommation collaborative. «La France est le premier pays d’échange de maisons et Leboncoin.fr est le deuxième site le plus consulté par les Français derrière Facebook» affirme Antonin Léonard, co-fondateur de Ouishare, un think tank dédié à ce nouveau modèle de création de valeur.

Les entreprises traditionnelles s'y mettent aussi

Les entreprises traditionnelles n'ont pas été longues à s'intéresser à ces nouveaux modes de consommation qui impactent de plus en plus, désormais, leurs marchés. Lors de la « Ouishare Fest » qui a réuni en mai 2014 les principaux acteurs de l'économie collaborative, on notait le soutien d’Orange, de Castorama et de la Poste.
Castorama y annonçait par exemple la mise en place d'un écosystème où les clients, les employés, les artisans, les partenaires peuvent partager et trouver les réponses à toutes leurs questions sur un wiki du bricolage : un site web où les pages sont enrichies par les contributions des visiteurs.

La Poste, pour sa part, a mis en place le service IDN (IDentité Numérique) permettant aux internautes d’afficher une identité vérifiée physiquement par La Poste. L’entreprise se positionne ainsi comme garant de la confiance entre les individus, indispensable à l’économie du partage. De quoi valoriser, du même coup, son immense réseau de distribution de colis auprès des internautes !
D'autres groupes misent sur l'image citoyenne du secteur, tel Total qui a signé un partenariat avec Blablacar, le leader français du covoiturage : le groupe pétrolier offre 20 euros aux conducteurs pour leur premier trajet en covoiturage. Ou La Poste qui est partenaire, via la Banque Postale, de KissKissBankBank, une plateforme de financement entre particuliers.

Un engouement du capital-risque international

Cet intérêt appuyé pour l'économie collaborative est désormais un phénomène international : plus de 25 grandes sociétés, dont le groupe agroalimentaire Nestlé ou le géant de l'hôtellerie Hyatt, ont adhéré à Crowd companies, un site de crowdfunding dédié à leurs investissements. General Electric a ainsi misé 30 millions de dollars sur Quirky, une jeune pousse qui sollicite des inventeurs pour qu'ils imaginent de nouveaux objets connectés. Au total, les entreprises de capital risque, à l'échelle mondiale, ont investi 2 milliards de dollars dans plus de 500 jeunes pousses de l'économie collaborative depuis 2012 !

Entrée des grands groupes sur les marchés collaboratifs

Plus significatif encore : de nombreux groupes de l'économie traditionnelle réalisent des investissements stratégiques dans leur propre activité. L'idée est de se positionner sur ce nouveau marché créé par l'économie collaborative. Ikea a ainsi lancé en 2010 en Suède un site dédié aux meubles Ikea deuxième main. Objectif ? Toucher une nouvelle clientèle et améliorer son image de marque en contrôlant la deuxième vie de ses produits. De son côté, Avis a déboursé autour de 500 millions de dollars pour mettre la main sur Zipcar, une start-up de location de véhicules entre particuliers.
Les constructeurs automobiles ne sont pas en reste : plusieurs ont créé des plates-formes de partage de véhicules, tels Ford, mais aussi Toyota, Volkswagen, Daimler ou BMW. Une façon de renforcer leur relation avec leurs clients, mais aussi d'en conquérir de nouveaux. De nombreux urbains ne sont pas forcément intéressés par l'achat direct d'un véhicule !

Les grands groupes de l'économie traditionnelle passent ainsi le cap de l’économie collaborative, génératrice d’une nouvelle rentabilité et d’une image de marque renforcée.