La fabrication additive / Impression 3D

  • 22 octobre 2015
  • Temps de lecture: 5 min

Les entreprises françaises se font remarquer dans la 3D

L'ETI Gorgé, mais aussi les startups Sculpteo et BeAM, sont des pionnières de l’impression 3D en France. Certaines grandes entreprises s'y convertissent aussi.

impression 3D

Tout le monde se souvient du petit Maxence, si fier, à l'été 2015, de sa nouvelle main greffée et... imprimée en 3D !
Il y a fort à parier que vous aussi, vous disposiez déjà d'objets réalisés grâce à cette technologie : une paire de chaussures, peut-être, réalisée avec un prototype imprimé dans une forme solide avant d'être produite en masse, un appareil auditif, fabriqué à votre mesure, ou encore un bijou, coulé dans un moule produit par une imprimante 3D.
Déjà, en 2012, le magazine économique britannique The Economist parlait de l'avènement de l'impression en trois dimensions comme de la troisième révolution industrielle. De fait, la technique, que l'on appelle également fabrication additive, a fait du chemin, pour faire maintenant partie du nouveau paysage mondial. Un paysage dans lequel les Français se font remarquer.

Aéronautique, industrie médicale, bijoux...

Sculteo

Dernière entreprise en date, Sculpteo, qui a été choisie il y a quelques jours par l'Américain Staples, spécialiste mondialement reconnu de la vente de fournitures de bureau. Le Français fournira dès la mi-septembre sa plateforme d'impression 3D à l'Américain, et ce dernier permettra à ses clients de sélectionner un modèle parmi ceux qui seront proposés ou de télécharger leurs propres conceptions. Cela vaut pour les bannettes de courrier, les taille-crayons, les porte-documents... La start-up française, basée en Ile-de-France et à San Francisco, a déjà noué des partenariats avec des entreprises aussi prestigieuses qu'Amazon et e.bay, mais aussi Auchan, Orange, La Poste... Et au mois d'août dernier, elle a signé avec HP pour donner vie aux designs créés via le nouveau PC « Sprout by HP », un ordinateur dédié aux créatifs et spécialistes du design 3D. La collaboration permettra aux utilisateurs d’imprimer leurs scans 3D depuis la plateforme de Sprout en utilisant les services d’impression 3D de Sculpteo.

Autre start-up, l'alsacienne BeAM, pionnière de l’impression 3D par fusion au laser, qui commercialise ce procédé de fabrication permettant de construire ou de reconstituer des pièces métalliques par impression 3D depuis 2012, date de sa création. Particulièrement intéressante pour l'aéronautique, la technique permettrait aux clients de refaire eux-mêmes les pièces de rechange dont ils ont besoin !
Autre initiative dans l'aéronautique, celle de Turbomeca (Safran), leader mondial des turbines d’hélicoptères : la société a lancé l'an dernier la production en série de pièces de son nouveau moteur Arrano en impression 3D.
 De son côté, GE fabrique aussi en 3D des injecteurs pour le futur moteur Leap de CFM, sa co-entreprise avec Safran. De fait, l'entrée dans le nouveau monde de la 3D n'est pas l'apanage des seules startups. Pour preuve, Michelin a annoncé au début du mois de septembre s'être associé au groupe d’ingénierie industrielle Fives, pour créer Fives Michelin Additive Solutions, une société qui commercialisera des machines et des ateliers de production spécialisés dans l’impression 3D. La nouvelle entité sera basée près de Clermont-Ferrand.

Enfin, autre exemple, celui de la société Gorgé, qui s'est, depuis 2013, redéployée - avec bonheur - dans la 3D. A la rentrée de cette année, Prodways, la filiale d'impression 3D du groupe, a laissé entendre, sans dévoiler le nom de ses clients, que plusieurs nouveaux contrats seraient bientôt signés... Les clients viendraient de secteurs divers, depuis la chimie jusqu'à la bijouterie, sans oublier l'aéronautique ou la fabrication de produits dentaires ou auditifs... Une mue réussie pour une ETI familiale spécialisée à l'origine dans un secteur en perte de vitesse, l'automobile traditionnelle...

Un secteur de 17,2 milliards de dollars en 2020

Si Gorgé et les autres misent sur la 3D, c'est que le secteur est on ne peut plus porteur. Selon le cabinet d'études économiques et sectorielles Xerfi, le marché mondial de l’impression 3D devrait passer de 2,8 milliards d’euros en 2014 à 8,5 milliards en 2020, une croissance annuelle de quelque 20 %. Le cabinet de conseil américain A.T. Kearney voit encore plus grand. Dans sa dernière étude, il table sur une augmentation de 25 % du marché d'ici 2020 et sur une activité mondiale de 17,2 milliards de dollars !
Il existerait 200 000 imprimantes 3D aujourd'hui dans le monde. D’après les prévisions du cabinet Gartner, en 2018, il y en aura 2,3 millions. Selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE), les États-Unis représentaient, au début 2015, 38 % du nombre total des imprimantes 3D installées dans le monde, loin devant le Japon, l’Allemagne et la Chine (9 % chacun). Avec 3 %, la France ne se situait qu’au 7e rang, derrière le Royaume-Uni et l’Italie, mais devant la Corée du Sud. Les entreprises françaises traditionnelles ont encore du mal à se convertir. L'impression 3D doit pourtant faire partie des piliers du projet « Industrie du futur », présenté en mai dernier par Emmanuel Macron. Aujourd'hui, cependant, la 3D mondiale reste dominée par deux entreprises américaines, 3D Systems et Stratasys.

L'évolution - à défaut de révolution - pourrait ne pas être linéaire. Si la production ne repose plus sur les économies d'échelle, puisque l'impression 3D offre au contraire la possibilité de fabriquer des petites séries et même de relocaliser certaines productions au plus près des clients, elle reste encore relativement chère. En outre, la 3D ne peut pas - ou pas encore - produire une voiture complète ou un téléphone intelligent, même si des chercheurs de l'université Monash, à Melbourne, en Australie, ont réussi il y a quelques mois à fabriquer un moteur d’avion entièrement imprimé en 3D !