Les PME traditionnelles innovent et gagnent

Innover, une garantie pour l'avenir

L’innovation, une exclusivité des startups ? Si celles-ci sont souvent citées en exemple, elles ne sont pourtant pas les seules à faire preuve d’inventivité. « Comment pourrait-il en être autrement ?, demande Pierre–Louis Desprez, associé au sein du cabinet Kaos Consulting, spécialisé dans l’innovation et le marketing. Pour toutes les entreprises, la compétition est mondiale, et la prime va désormais clairement à celles qui se montrent les plus créatives. » Pour Hervé Lecavelier, consultant indépendant, « l’innovation est la clé du développement et de la pérennité des petites et moyennes structures. Cela est tout aussi vrai dans les secteurs d’activité les plus traditionnels ». La preuve avec trois sociétés que ce dernier a accompagnées et conseillées.

L’impression 3D plébiscitée par la clientèle

Finortho Polissage Garnier est une PME stéphanoise qui emploie une vingtaine de personnes. Le polissage des prothèses orthopédiques constitue son métier traditionnel. En 2011, la société décide de se diversifier. Elle fait l’acquisition d’une imprimante 3D. Les pièces fabriquées sont des instruments pour pose de prothèses utilisés par les chirurgiens pendant les interventions. Les nouveaux clients affluent. Pour la PME, le pari est réussi. Elle voit son chiffre d’affaires bondir de 33 %, passant de 1,2 à 1,6 million d’euros. Dans le même temps, elle surfe sur une nouvelle image de marque, celle d’une société innovante, dont les effets se font désormais ressentir tant chez les clients, qu’en interne auprès de ses salariés.

Innovation réussie dans le développement durable

Bic (Blanchisserie Industrielle du Centre) a pour activité la récupération de textiles usagés (draps de blanchisserie…), qu’elle découpe et conditionne pour en faire des tissus d’essuyage pour les professionnels, notamment de l'automobile... En 2012, la PME lance le service Eko-Tex. Les tissus d’essuyage qu’elle distribue sont désormais récupérés auprès de ses clients après utilisation pour en faire du combustible qui servira, en autres, à fabriquer de nouveaux tissus. Le succès est immédiat. L’entreprise voit arriver dans son portefeuille de grands comptes comme Renault Trucks et PSA. Résultat : en 2013 son chiffre d’affaires bondit de 500 000 euros à 6,3 millions d’euros et les effets sur l’emploi sont positifs avec l’embauche de trois salariés pour un effectif total d'une cinquantaine de personnes. Aujourd’hui, forte de son succès, la direction de Bic planche sur un nouveau projet : la fabrication d’isolants pour le bâtiment à base de textiles recyclés.

La preuve par le concept

Novam est une agence de design qui, pour répondre au besoin de sa dirigeante, jeune maman, a développé un produit original : une cape d’allaitement pour celles qui désirent allaiter discrètement à l'extérieur de chez elles. Un lancement commercial a eu lieu en 2013 en France générant, pour le moment, quelques milliers d’euros à peine. Mais ce premier pas a eu un effet boule de neige puisque ses promoteurs planchent actuellement sur la création d’une gamme de produits, entièrement « made in France », autour de l’allaitement.
Pour Novam, cette innovation est aussi devenue une belle vitrine pour son activité « design » : la preuve qu’elle a su concevoir, fabriquer, communiquer et commercialiser, elle-même, un nouveau produit !

Du temps bien utilisé

L’innovation peut être simple à mettre en œuvre, à condition de bien la penser. « Les grands groupes consacrent entre 10 et 15 % du temps de travail à plancher sur l’innovation. Pour une PME, qui, par définition, a moins de moyens, ce taux peut être ramené à 5 %. Mais la démarche est aujourd’hui indispensable !», conclut Pierre-Louis Desprez de Kaos Consulting. Un temps qui n'est jamais perdu, car il prépare l'étape prochaine du développement de l'entreprise !