Les robots autonomes, l’avenir de la livraison ?

Créée en 2005, Soben est devenue une pionnière des robots autonomes en milieu urbain. Depuis 2016, elle développe des « droïdes » livreurs promis à un bel avenir. Un virage stratégique aussi étonnant qu’audacieux. 

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Soben robot TwinsHeels

« En bons passionnés de Star Wars, nous avons eu envie avec mon frère de fabriquer un R2-D2… mais qui serait utile ! », se souvient, amusé, Benjamin Talon, président de Soben, PME basée près de Cahors (Lot). En 2016, Vincent Talon, spécialisé en intelligence artificielle, et son frère Benjamin Talon, ingénieur, mettent au point ce prototype, qui sera testé dans les allées de la petite entreprise industrielle pour livrer des pièces d’un point à un autre. Quelques mois plus tard, la filiale TwinswHeel voit le jour. 

Sauf que Soben n’était pas du tout destinée à produire des robots autonomes. Créée en 2005, la PME est connue comme équipementier des secteurs de l’automobile et de l’aéronautique. Elle produit tous les amortisseurs des véhicules terrestres de l’armée française, mais aussi des trains d’atterrissage pour petits aéronefs. 

TwinswHeel fait sensation au Consumer Electronics Show de Las Vegas en 2017 

 « Quand on a développé notre robot, nous avons observé le marché et découvert que les AGV (véhicules à guidage automatique, VGA en français) s’étaient déjà bien développés, raconte Benjamin Talon. Mais il y avait un créneau non-exploité autour de la livraison en ville. ». Soben équipe alors son droïde de suspensions pour le rendre plus maniable. 

La sauce prend vite. La Poste est emballée et embarque le prototype à Las Vegas, au CES, où il fait fureur. « Nous étions parmi les tout premiers au monde à proposer une solution pour de la livraison autonome en ville », explique Benjamin Talon. Convaincues à leur tour, Bpifrance, la région Occitanie et l'ADEME apporteront leur soutien à la PME, « et tout s’enchaîne ». Si, depuis, la concurrence s’aiguise en Amérique du nord et en Asie, « nous gardons des avances technologiques autour de la dynamique des véhicules, leur évolution en milieux non-structurés, et en robotique sociale, très utile pour augmenter l’acceptabilité des robots autonomes par la population ». 

« Un vrai relai de croissance » pour la PME 

La filiale TwinswHeel est devenue stratégique pour Soben. « C’est un vrai relai de croissance, car notre activité historique reste solide mais son développement plutôt lent, soit tout l’inverse de la robotique », analyse Benjamin Talon. L’objectif de l’entreprise est de produire 4 000 robots autonomes par an d’ici 2026, pour un chiffre d’affaires espéré de 55 millions d’euros. Trois gammes de droïdes de logistique seront proposées à la vente : les petits CiTHy S pour l’assistance à la personne, les moyens CiTHy M pour la livraison de repas, et les grands CiTHy L pour les livraisons de magasins ou les tournées. Mais la PME du Lot compte déjà plusieurs clients, comme La Poste, Stef, Enedis, la SNCF ou Renault. Une cinquantaine de ses robots sont en activité à travers le monde.  

En parallèle, Soben s’active à faire bouger les lignes en faveur des robots autonomes. Depuis 2019, elle est membre du projet gouvernemental SAM (sécurité et acceptabilité de la conduite et de la mobilité autonome), qui vise à préparer l’arrivée, sûrement dès 2023, des véhicules et robots autonomes dans l’espace public. « Ils vont arriver, c’est une certitude. La vraie question est de savoir si on veut qu’ils soient américains, chinois ou français ? », insiste Benjamin Talon. L’enjeu des « garde-fous » pour en encadrer l’usage est également sur la table. « Les dossiers avancent vite, les ministères concernés bossent comme des dingues », se réjouit l’entrepreneur. Car 2023, c’est demain.