L’opération séduction de Luos dans la Silicon Valley

Avec sa technologie open source issue de l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique), la deeptech bordelaise Luos voit grand. Elle souhaite séduire les acteurs de la robotique implantés aux Etats-Unis, un marché mature. 

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« Là-bas, quand vous pitchez, il faut mettre des paillettes et beaucoup de storytelling. C’est bien différent de l’approche rationnelle un peu froide que l’on trouve en France ! », s’amuse Nicolas Rabault, le CEO de Luos. Après plusieurs années de tests et de développements en France, la deeptech qu’il a créée en 2018 avec Simon Baudry et Emanuel Allely a fait des Etats-Unis l’un de ses marchés cibles. Début 2021, une levée de fonds de 1,2 million d’euros lui a permis d’accélérer dans cette direction. « Nous visons en priorité les acteurs américains de la robotique et de l’aérospatial. Le marché de l’électronique embarqué outre-Atlantique reste plus ouvert à l’innovation qu’en Europe », constate l’entrepreneur.  

Microservices inspirés par le web 

Les racines de Luos sont à chercher du côté de l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) et de son laboratoire Flowers, où Nicolas Rabault et d’autres collègues chercheurs ont commencé par fonder la société Pollen Robotics, qui donnera naissance au robot humanoïde Reachy. « Mais comme on nous demandait notre technologie modulaire sans le robot, nous avons fini par créer Luos ». 

 La start-up met à disposition des développeurs une « méthodologie modulaire » en open source pour faciliter la création et l’interopérabilité de conteneurs logiciels ou d’API (interface de programmation d'application) dans le cadre d’applications embarquées. En d’autres termes, une solution pour rendre l'électronique embarquée « universelle, modulaire et évolutive ». 

« Nous sommes aujourd’hui les seuls à proposer cela », insiste Nicolas Rabault. Ces microservices - c'est le terme –, inspirés de ce qui se fait pour la création de site web, permettent de sortir de la logique qui consiste dans ces secteurs à tout refaire à chaque fois. « La solution s’ajoute à la carte électronique et est connectée au Cloud, détaille le dirigeant. Nous voulons que dans 30 ans, développer des machines devienne aussi simple que créer un site web aujourd’hui ». Selon le CEO de Luos, les Américains sont « convaincus et attirés » par cette inspiration venue de la méthodologie du web. 

Des premiers pas très prometteurs aux Etats-Unis 

Sans surprise, Luos cible des marchés jeunes et ouverts à l’innovation. Bien qu’active en France et en Europe, les premiers pas de la start-up de l’autre côté de l’Atlantique sont prometteurs. Après seulement quelques mois d’action, elle « y compte déjà autant d’utilisateurs qu’après deux ans en Europe ». 

Si la pandémie n’a pas freiné la deeptech bordelaise, il lui a fallu en revanche adopter les codes américains, cette manière de communiquer et de séduire. Pour percer, Luos bénéficie par exemple de l’initiative NETVA des Consulats généraux de France à Boston, San Francisco et Toronto, ainsi que du soutien de l’Ambassade de France à Washington. « Se mettre dans le moule et l’état d’esprit de la Silicon Valley, c’est une vraie mue à opérer », reconnaît Nicolas Rabault. Dans les mois à venir, Luos veut bâtir sa visibilité dans l’écosystème tech américain. Premier coup de projecteur réussi en septembre, avec une participation au célèbre TechCrunch Disrupt Startup Battlefield. 

En parallèle, la start-up discute avec plusieurs laboratoires et chercheurs californiens. « Il est primordial que nous restions au contact de la recherche aux Etats-Unis, afin d’explorer de nouvelles zones et prendre de l'avance sur des cas d'usage futurs », confie Nicolas Rabault. La conquête de l’ouest est une course de fond.