L'Usine Extraordinaire révèle les défis de l'industrie

Trois entreprises innovantes, présentes à l’exposition l’Usine extraordinaire organisée du 22 au 25 novembre sous la nef du Grand Palais à Paris, livrent leurs recettes et partagent leurs défis.

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La Compagnie Dumas ou le mariage du savoir-faire artisanal et de l’innovation mécanique

Une drôle de machine dont les pales, à l’intérieur d’une caisse vitrée, mélangent le garnissage avant de remplir une housse d’oreiller via un tuyau : sur le stand de La Compagnie Dumas, c’est tout un processus de fabrication, fait de gestes minutieux, qui est donné à voir aux visiteurs. La PME familiale, basée à Tonnerre, dans l’Yonne, est spécialiste depuis 50 ans de la fabrication 100 % française d’oreillers, de couettes, édredons et autres articles de literie. Réalisant près de 10 millions d'euros de chiffre d’affaires, l’entreprise se positionne aujourd’hui sur le haut de gamme, en approvisionnant des chaînes d’hôtels à travers l’Europe et le Moyen-Orient. Pour la pépite bourguignonne, l’usine du futur est déjà une réalité. « La robotique intervient principalement dans la prise en charge du textile », déclare Edouard Dumas, Pdg de la société. Dans son usine, explique-t-il, « il y a plusieurs niveaux d’intelligence. La robotique pour certaines tâches répétitives, mais aussi le suivi de la production. Nous avons développé une GPAO1 en interne ».

Ses défis ? La principale difficulté pour la PME reste le recrutement, « et ce, à tous les échelons », confie le dirigeant qui recherche avant tout « le savoir-être et l’engagement », plutôt que les compétences, qui peuvent être acquises dans l’entreprise. Son message aux jeunes : « Poussez la porte des usines, vous allez potentiellement trouver des gens qui vont vous former, vous aider à évoluer, et à partir du moment où vous êtes engagés et motivés, vous serez performants dans l’entreprise ».

Le groupe Poujoulat réinvente la cheminée industrielle

C’est une cheminée de 30 mètres de haut qui a été érigée sous la nef du Grand Palais. « Une soixantaine de nos salariés se sont mobilisés pour la concevoir, la fabriquer et l'installer », témoigne Frédéric Coirier, président du groupe Poujoulat, qui emploie 1 500 personnes et réalise 220 millions d'euros de chiffre d’affaires. De fait, la cheminée a été réalisée avec des conduits métalliques de couleur sortis des Cheminées Poujoulat à Saint-Symphorien, dans le Cher, fabriquée par Beirens, à Buzançais, dans l'Indre, et entourée de bancs design produits par la Tôlerie Forézienne de Bonson, dans la Loire... Une manière de valoriser les différents savoir-faire du groupe et d’en démontrer la modernité auprès du grand public. « Nos métiers sont très variés : la conception, la fabrication, la logistique, la transformation numérique, le commerce électronique… », énumère l'industriel.

Les enjeux pour cette ETI familiale ? « Aujourd’hui, les clients attendent un produit de plus en plus personnalisé et des délais de plus en plus courts, ce qui exige flexibilité et agilité, confie celui qui est par ailleurs co-président du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti). Dans tous ces métiers, il faut être très réactif et s’adapter au besoin du client ».
Autre défi, la formation. « Nous développons de façon très forte l’apprentissage, dit-il. Nous ne trouvons pas forcément les qualifications dans les régions. Nous avons donc créé des écoles internes à nos entreprises pour pouvoir former, à des métiers comme la chaudronnerie ou la tôlerie, notamment pour des personnes qui changent d'orientation », précise le patron de cette entreprise qui exporte dans une trentaine de pays.

Athletics 3D : quand le sport inspire l’industrie

« Notre projet est né d’une passion pour l’excellence sportive et industrielle », lance Clément Jacquelin, champion du monde junior de biathlon en 2009 et fondateur de la start-up Athletics 3D, spécialisée dans la fabrication additive - de la conception à l’impression 3D - de pièces personnalisées et de haute précision dans le domaine du biathlon et du tir. Formé à l’Institut de polytechnique de Grenoble, il est notamment à l’origine de la crosse de carabine, réalisée sur mesure et imprimée en 3D, du médaillé olympique Martin Fourcade. Dernier projet en cours, la conception d’une poignée personnalisée pour le handbike de Florian Jouanny, en vue des Jeux paralympiques de Tokyo 2020, révèle le dirigeant de cette start-up basée à Villard-de-Lans, qui exposait à l’Usine extraordinaire sur le stand du Cetim (Centre technique des industries mécaniques). Avec son usine mobile - car Athletics 3D est capable de suivre les athlètes sur les lieux d’entraînement avec des scanners et des imprimantes 3D - le jeune patron veut « donner envie aux jeunes ». Pari réussi, à en juger par le nombre de visiteurs qui se sont bousculés pour mieux voir ses innovations…

1- GPAO : gestion de production par ordinateur