Marché vegan : 40 % des Français veulent consommer davantage de produits végétaux

Dans un contexte d'attention particulière portée à l’alimentation saine, au bien-être animal et à la limitation de la consommation de viande, le marché végan est plus que jamais prometteur pour de nombreux secteurs d’activité. 

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Marché Vegan
©You, saison 2 - Netflix

Une croissance « explosive ». Si l’on en croit le rapport de Bloomberg Intelligeance, le marché des produits végans pourrait atteindre 162 milliards de dollars d’ici fin 2023. Étroitement liée à l’agroalimentaire, qui représente son premier levier d’essor, la tendance végan est aujourd’hui présente dans différents domaines. Des cosmétiques sans composants d’origine animale aux baskets fabriquées à partir de déchets de pommes, de nombreuses entreprises empruntent désormais le chemin des produits végans, conscient de l’attrait des millennials, aujourd’hui consommateurs, pour ces derniers. 

Une tendance motivée par des enjeux environnementaux 

On parle souvent de véganisme sans savoir le définir. Le terme désigne un mode de vie qui exclut la consommation ou la commercialisation de viande et dans lequel la protection animale est une priorité. Si l’origine de ce mouvement est essentiellement éthique, les considérations écologiques ne sont pas en reste. « Les considérations environnementales sont aujourd’hui importantes dans nos choix de consommation », remarque Ariane Voyatzakis, experte du secteur de l’agroalimentaire chez Bpifrance. En effet, selon les chiffres de l’Inrae (Institut national de la recherche agronomique), l'élevage, bovin en particulier, représente 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et c'est 10 % au niveau européen. Ces émissions proviennent essentiellement des productions d’aliments pour le bétail, du transport de ses derniers et de la gestion de leurs déchets.  

Mais quelle est l’impact de cette conscience sur nos comportements alimentaires ? Selon Kantar World Panel, en 2021, 49 % des foyers français comprenaient au moins une personne flexitarienne, (régime végétarien qui autorise une consommation occasionnelle de viande, ndlr), contre 25 % il y a six ans. Si les raisons de cet intérêt varient selon les pays, on note malgré tout qu’en Europe s’est davantage pour des raisons liées aux enjeux climatiques ou à la maltraitance animale que la population se tourne vers ce mode de vie. « En Amérique du Nord c’est davantage pour des raisons de santé ou de prise de positions de la part des célébrités que les gens adoptent de plus en plus un régime végan », complète l’experte Bpifrance. 

Une cible de plus en plus large 

Pourtant, ce marché est loin de ne séduire que les adeptes du véganisme. « Aujourd’hui, ceux qui font l’essor du secteur végan ne sont pas exclusivement les personnes adoptant strictement un tel mode alimentaire », affirme Ariane Voyatzakis. « C’est la population dans son ensemble qui est de plus en plus sensible à ces pratiques. Récemment une étude a montré que près de 40 % des Français souhaitent consommer davantage des produits végan ». L’une des raisons qui pourraient expliquer cette appétence pour les produits végétaux est qu’ils sont désormais beaucoup plus appétissants et grand public qu’auparavant. De nos jours, lorsque vous sortez déjeuner au restaurant ou que vous vous faites livrer, il n’est pas rare de trouver au menu des burgers à base de viande végétale ou des pates carbonara végan. « Nous sommes de plus en plus nombreux à ne consommer de la viande qu’une fois par jour, voire tous les deux jours. Les raisons sont le plus souvent liées à la recherche d’une alimentation plus saine et plus qualitative », rappelle l’experte. « Bon nombre de consommateurs sont également prêts à consommer moins de viande mais mieux, en se dirigeant vers le bio, les viandes issues d’élevages responsables et de fermes locales etc. » 

Quant aux enseignes véganes, qu’il s’agisse de marque de prêt-à-porter ou de cosmétiques, elles se multiplient sur tous le territoire. Selon une étude de Motor Intelligence sur les cosmétiques végétaliens, le marché mondial devrait enregistrer un TCAC (Taux de croissance annuel composé) de 6,5 % entre 2022 et 2027. C’est en Europe que la croissance du marché est la plus forte. La raison principale est que ses habitants, davantage sensibilisés aux effets nocifs de certains composants, se tournent plus naturellement vers des produits d’origine végétale.   

La viande de culture de plus en plus intéressante face aux protéines animales 

En réaction à ce changement de comportement, l’offre se diversifie. Plusieurs grands groupes ont déjà investi dans le marché, c’est le cas de Nestlé avec sa sous-marque Garden Gourmet, de Naturalia, l'enseigne bio de Monoprix, qui a ouvert un nouveau concept de magasins entièrement végans ou de Danone qui a annoncé l'acquisition de la société de produits végétaux US Earth Island, avec pour ambition de faire progresser son chiffre d’affaires issu de produits « plant-based » d'ici 2025. Des initiatives qui sont bien souvent encadrées par des startups innovantes. C’est notamment le cas de Beyond Meat, Memphis Meats, Impossible Foods aux États-Unis ou Gourmey et Vital Meat en France, qui fournissent désormais de nombreuses enseignes. C’est notamment le cas de KFC, Pizza Hut et McDonald’s qui se sont fait accompagner par Beyond Meat pour créer des produits tels que des nuggets à base de protéines végétales ou des burgers végans. 

« La viande de culture devient de plus en plus intéressante au vu des coûts économiques et environnementaux des protéines animales. », souligne Ariane Voyatzakis. En ce sens, une étude de KPMG Nouvelle Zélande annonçait que l’investissement dans ce domaine avait connu une croissance exponentielle avec près d’1 milliard de dollars investi en 2021. Un an plus tard, la start-up française Gourmey – spécialisée dans la viande de culture – a annoncé une levée de fonds record de près de 48 millions d’euros pour industrialiser son foie gras de synthèse. « Désormais l’enjeux pour ce type d’entreprise c’est de proposer des produits avec du goût car les protéines végétales ont des défauts organoleptiques. Cela leur permettra de toucher des cibles telles que les enfants et les personnes âgées, encore très réfractaires à ce type de produits. D’où nos soutiens à la R&D via France 2030 », conclut l’experte Bpifrance.  

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