Michael Denham : l'action au service des entrepreneurs canadiens

Président et chef de la direction de la Banque de Développement du Canada, l'équivalent de Bpifrance sur place, ce spécialiste du conseil a décidé de passer à l'action, en épaulant les entrepreneurs. Surtout en cas de coup dur.

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« Après 14 ans de conseil, j'ai pensé qu'il était temps de passer à de l'action concrète, pour vraiment faire la différence », déclare Michael Denham pour résumer sa carrière - ou plutôt, sa vocation. Et depuis trois ans qu'il est à la tête de la Banque de Développement du Canada, la seule banque qui se consacre uniquement aux entrepreneurs dans le pays, il jubile. Certes, épauler les entrepreneurs canadiens fait partie du mandat officiel de BDC, et à ce titre, son président se doit de respecter le souhait de l'un de ses actionnaires, l'Etat canadien - « et d'être un prêteur responsable », s'empresse-t-il d'ajouter -, mais Michael Denham le fait avec un bonheur certain. « Pour avoir le feeling sur l'état des entreprises, je passe la moitié de mon temps sur le terrain, explique-t-il, et je vais, dans les 123 bureaux que nous avons sur le territoire, à la rencontre des clients ». Quelque 56 000 chefs d'entreprise, qui s'appuient sur la Banque, en particulier en cas de coup dur.
Et c'est en général BDC qui prend l'initiative et va au devant des besoins. Ainsi, consciente du fait que les nombreuses entreprises canadiennes spécialisées dans l'acier et aluminium allaient souffrir des nouvelles taxes imposées par l'administration Trump, BDC a rapidement mis en œuvre une série de mesures, comme le rééchelonnement des remboursements du principal et des intérêts sur les prêts, le tout sans pénalités, pour les aider à surmonter ces difficultés, que tous les Canadiens espèrent passagères...
De même, lorsque les cours du pétrole se sont effondrés sur le marché mondial, en 2016, pénalisant fortement les sociétés, petites et grandes, du secteur, en particulier en Alberta, BDC est entrée en action. « De nombreuses banques se retiraient du marché, nous avons fait le contraire, en augmentant nos encours d'un milliard de dollars canadiens. Il fallait que ces entreprises puissent passer le cap et aient accès au crédit », se souvient-il. Autant dire que quand les temps sont difficiles, Michael Denham et ses équipes (plus de 2 000 personnes) sont là pour faire la fameuse différence qui le satisfait tant. « Nous prenons aussi plus de risques que les banques classiques et 7 % seulement de nos clients se situent dans la catégorie investment grade, tous les autres sont en dessous », précise-t-il. Ce qui n'empêche pas BDC d'afficher une rentabilité sur ses capitaux propres de 10 %. Une prise de risques, certes, mais toujours bien calculée...
 
Et si le Canada fait l'envie de bien d'autres pays en matière de culture entrepreneuriale, Michael Denham veut plus. En bon Canadien - il pratique d'ailleurs le hockey sur glace deux fois par semaine, dont le samedi à 7 heures et demi du matin ! - il est exigeant, voire sévère envers son pays. « Nous sommes loin d'être parfaits, assure-t-il, mais nous créons une culture et un système éducatif qui valorisent l'entrepreneuriat. De plus en plus, des sociétés qui connaissent de grands succès renforcent l'idée que lancer son entreprise est une bonne chose, offrant des perspectives de carrière intéressantes ».

 Dynamisme français

Comment perçoit-il la France et sa culture entrepreneuriale ? Sa réponse est encourageante : « Il y a peu, j'ai rendu visite à Bpifrance, d'autant que cette institution fait partie du Groupe de Montréal, qui lie des banques, un peu partout dans le monde, dont la vocation est d'aider les entrepreneurs. J'ai constaté un dynamisme vraiment impressionnant en France », dit-il. Et de citer des initiatives comme Station F, mais aussi et surtout l'essor, depuis quelques années, des fonds de capital-risque dans l'Hexagone. De quoi, comme de l'autre côté de l'Atlantique, faire la différence et donner l'occasion à de nombreux talents de s'épanouir.