Mobilité partagée : vers la fin des véhicules personnels ?

Que ce soit par soucis financiers, conscience écologique ou pour la flexibilité de l’usage, on constate un réel engouement pour la mobilité partagée en France et à l’international. Zoom sur la branche automobile, en plein essor, et qui est dirigée par deux enjeux principaux : la décarbonation et la digitalisation.

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Service Leo&Go de Vulog à l'aéroport de Lyon ©fannyvandecandelaere

7 Français sur 10 s’intéressent aux services de mobilité partagée selon le baromètre prévention routière Allianz France-CSA sorti en septembre. La mobilité partagée consiste à mettre à disposition du public des moyens de transport classiquement individuels : la voiture, le scooter, le vélo et plus récemment en zone urbaine les trottinettes électriques.  La stratégie d'accélération « décarbonation et digitalisation des mobilités » lancée par le gouvernement en 2021 met en avant ces nouveaux modes de transport. Salah Eddine Echatoui, responsable sectoriel transport et mobilité chez Bpifrance et Alexandra Lougovoy, directrice marketing de Vulog, font un état des lieux du volet automobile en France.

« 1 voiture en autopartage remplace 12 véhicules personnels »

Les voitures comptent parmi les plus importants pollueurs en raison de leurs émissions de CO2 et de méthane. En particulier les véhicules personnels qui représentent 60,7 % des émissions totales de CO2 dues au transport routier en Europe. A l’occasion de la COP26, le gouvernement français s'est engagé à réduire ses émissions de méthane de 30 % d’ici 2030. Cette transition passera nécessairement par la diminution du nombre de voitures individuelles au profit de véhicules partagés. « 1 voiture en autopartage remplace 12 véhicules personnels » souligne la directrice marketing de Vulog.

Depuis 2006, l’entreprise accompagne les projets de mobilité partagée en B2B sur un plan technologique et digital. Vulog a notamment lancé dans la métropole lyonnaise, qui mise sur l’autopartage pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le service Leo&Go avec une flotte de 300 véhicules hybrides et électriques. Des villes comme Nantes et Bordeaux ont également sauté le pas, accompagnées par le réseau d’autopartage Citiz. Dans les deux cas, il s’agit d’applications de location de voitures en libre-service.

 « Nous assistons aussi des grands constructeurs automobiles dans leur transition vers la mobilité partagée » ajoute Alexandra Lougovoy. En effet, depuis quelques années, la tendance s’étend aux gros acteurs de l’automobile comme le groupe Stellantis avec la création de son service d’autopartage Free2move ou WeShare, la solution du groupe Volkswagen.

« La transformation digitale est en train de bouleverser nos modes de déplacement »

Mobilité partagée rime avec connectivité et numérique : « la transformation digitale est en train de bouleverser nos modes de déplacement » constate Salah Eddine Echatoui. On note l’émergence d’applications de partage et d’offres de services liées à la mobilité partagée. La plateforme AiMA de Vulog permet par exemple de gérer des flottes de véhicules sur cinq continents grâce à des technologies de gestion de données et d’intelligence artificielle qui coordonnent les demandes des usagers et la logistique des véhicules. Pour Salah Eddine Echatoui, l’exemple du « Data Space mobility » lancé en Allemagne et visant la mise en partage de toutes les données de mobilité nationales au sein d’un cloud est une véritable avancée pour le secteur. Sur le même modèle, des experts développent un système de cloud européen. Il permettra d’annexer et de centraliser l’ensemble des offres de mobilité en Europe à un instant T, et de mettre en avant les solutions de transport partagées.

L’expert Bpifrance insiste également sur l’importance du déploiement des véhicules autonomes en 2022. « Dès septembre 2022, nous allons constater dans nos villes le lancement de plusieurs lignes de circulation de véhicules autonomes de niveau 3 ». Dans cette catégorie, le conducteur délègue totalement la conduite du véhicule dans des situations prédéfinies. Ces voitures et navettes autonomes seront dans un premier temps réservés à un usage partagé, une réelle avancée pour le secteur.

« L’autopartage s’est positionné comme un acteur incontournable pendant la crise »

« Un autre enjeu de la mobilité partagée que nous n'avions pas prédit est bien évidement l'impact de la crise sanitaire sur nos déplacements » affirme Salah Eddine Echatoui. Les confinements successifs ont bouleversé le secteur, BlaBlaCar a subi une baisse de 15 %. Mais contrairement aux prévisions pessimistes, « le télétravail a encouragé la substitution des modes de transport individuels polluants par des transports collectifs et partagés, notamment pour les personnes vivant loin de leurs lieux de travail ».

La crise sanitaire a fait émerger une vague de solidarité et une prise de conscience des particuliers et des acteurs territoriaux sur les modes de transports. Pour la directrice marketing de Vulog, « l’autopartage s’est positionné comme une solution incontournable pendant la crise, en prêtant au personnel médical, pour la livraison, etc. ». Pour la suite, avec l’ambition de démocratiser toujours d’avantage la mobilité partagée, les équipes de Vulog travaillent avec l’UNESCO sur un guide de bonnes pratiques pour aider les maires du monde entier.

L’autopartage est donc une des multiples solutions pour atteindre l’objectif de neutralité carbone fixé par l’Union européenne. « Un accompagnement massif est en train d’être mis en place pour garantir un déploiement des technologies d’électrification et d’hydrogène dans les années à venir » affirme Salah Eddine Echatoui. Afin de soutenir ces objectifs, Bpifrance a lancé un appel à projets Mobilités routières automatisées, infrastructures de services connectées et bas carbone en octobre dernier.