Mon métier : analyste ESG

Le métier d’analyste ESG ou analyste environnement, social et gouvernance fait partie des nouvelles professions qui ont émergé ces dernières années. Apparues en même temps que les préoccupations liées au développement durable, elles se popularisent au cœur des entreprises.  

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Analyste ESG AMF
dr/AMF

Eva L’Homme, analyste ESG dans la société de gestion Mirova, détaille pour Big média en quoi consistent les missions d’un expert ESG. Elle revient sur la vocation qu’implique la profession et l’importance du rôle de ces nouveaux financiers de l’environnement, notamment au sein des fonds d’investissement dans lesquels ils sont souvent amenés à exercer.

L’analyste ESG et les nouveaux enjeux RSE

La définition du métier d’analyste ESG, aussi appelé analyste ISR (Investissement Socialement Responsable) est avant tout celle d’un métier passion, qui défend en son cœur 3 grands enjeux actuels et d’avenir. L’acronyme ESG fait en effet référence aux trois grandes tendances de l’entreprise d’aujourd’hui : l’environnement, le social et la gouvernance.  

Un concept qui fait écho à la notion de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) définie en 2011 par la Commission européenne comme “ l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes”. 

L’idée de ce nouveau métier est donc de valoriser les initiatives des entreprises qui ont optimisé ou qui ont pour objectif d’améliorer leurs comportements en rapport avec ces trois axes.  

Pour y parvenir, l’analyste ESG en fonds d’investissement évalue le score ESG des entreprises afin d’anticiper leur durabilité ; une manière de définir les risques et les menaces d’un investissement. 

Les missions d’un analyste ESG  

« Mon métier consiste à analyser, d’un point de vue extra-financier, tous les enjeux durables et responsables d’une entreprise qui souhaite être financée », explique Eva L’Homme, analyste ESG au sein de la société de gestion Mirova. Au quotidien, cela consiste à lire et à interpréter ce que les sociétés publient dans leurs rapports, leurs articles ou encore sur Internet. 

Si dans le langage commun, les missions d’un analyste en entreprise sont principalement liées à ses performances financières, l’idée selon laquelle il peut aussi gérer l’analyse extra-financière de celle-ci est encore peu développée.  

Cependant, les missions visant à mesurer la performance d’une boîte en fonction de ses projets ESG, et non plus uniquement vis-à-vis de ses bilans financiers, tendent à se populariser dans le monde de l’entreprise, en raison des enjeux actuels de durabilité. 

Il existe aujourd’hui différents outils qui permettent à l’analyste de travailler sur cet axe crucial. Le score ESG, qui peut être défini par l'AMF (autorité des marché financiers), mesure l'implication des entreprises vis-à-vis de ces trois thématiques essentielles, en est un. 

Ce dernier est de plus en plus mis en avant et utilisé par les analystes et les entreprises pour lesquelles ils œuvrent afin de prouver leur engagement durable ou définir les axes d’amélioration à explorer. 

Le score ESG est généralement défini et calculé par des entreprises ou agences spécialisées telle que l’AMF (l'Autorité des marchés financiers) :  

  • Selon le critère environnemental, qui porte notamment sur les émissions de CO², la consommation d’électricité, le recyclage des déchets pour le pilier E. 
  • Selon l’axe social, il est question de la qualité du dialogue social, de l’emploi des personnes handicapées ou de la formation des salariés.  
  • Dans le cadre de l’aspect gouvernance, c’est la transparence de la rémunération des dirigeants, la lutte contre la corruption et la féminisation des conseils d’administration qui sont observés à la loupe. 

Des missions de veille et d’accompagnement des entreprises  

Pour performer et maintenir une stratégie efficace, il est devenu essentiel pour un dirigeant de rester alerte quant aux nouvelles réglementations, aux technologies innovantes, aux projets ou initiatives des concurrents, partenaires, etc.  

Pour compléter ses missions, l’analyste ESG s’appuie donc beaucoup sur les recherches académiques et les productions des institutions internationales en tant que référence. « Il faut aimer lire et écrire », plaisante Eva L’Homme. Elle poursuit, et explique ne pas connaître la routine et devoir constamment s’adapter aux sujets, souvent techniques et complexes, des entreprises. « À chaque fois, il faut re développer une expertise ». 

L’analyste environnement social et gouvernance assure aussi un rôle d’accompagnement auprès des entreprises.  

Son rôle est de leur présenter des points d’amélioration afin d’atteindre leurs objectifs en termes de durabilité. « On dialogue énormément sur leur performance. On leur présente les dernières innovations concernant les thématiques environnementales, responsables et de gouvernance ». À travers ces échanges, avec le top management des sociétés, Eva L’Homme a le sentiment d’être utile. 

Analyste extra-financier ou le super héros de la finance 

« On a la conviction d’être des super-héros de la finance », s’amuse l’experte. Auparavant, l’analyste ESG gérait les crises. Désormais, il valorise les projets qui offrent des solutions durables, tels que la production d’énergie renouvelable. « On souhaite financer les enjeux d’avenir » ajoute Eva. 

Engagée pour l’environnement, Eva L’Homme a toujours défendu le rôle majeur des entreprises dans la transformation de la société vers des modèles plus intrusifs et respectueux. Elle admet se sentir à sa place. «  En tant qu’investisseur on se sent privilégié, on représente un levier. L’impact est significatif ». 

Pour en arriver là, et faire de sa passion son métier, Eva est passée par une école de commerce, avant de se spécialiser dans l’économie du développement. Elle l’affirme, pour se lancer dans cette branche, « c’est important de se positionner sur un domaine qui fait écho aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance ». En poste depuis bientôt trois ans, Eva L’Homme se sent « comme actrice du changement ».  

Gwendeline Jerad
Gwendeline JERAD Rédacteur web