Morning anticipe une reconfiguration des espaces de travail après la crise

En pleine crise sanitaire, les entreprises n’ont pas eu d’autres choix que d’adopter le télétravail. Si les salariés y ont vu un avantage au début de la crise, certains souhaitent néanmoins retourner au bureau pour maintenir un lien professionnel physique. Morning, qui propose des espaces de coworking, imagine déjà les bureaux de demain.

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« Grâce au Covid-19, la façon dont on travaille en France évolue », affirme Clément Alteresco, fondateur et CEO de Morning. Et même si son entreprise a été touchée par la crise, en voyant, lors du premier confinement, ses espaces de coworking se vider, l’entrepreneur reste optimiste sur l’avenir des bureaux dans l’Hexagone. « Il va y avoir une reconfiguration des espaces de travail », anticipe-t-il.

Des espaces plus petits, qui répondent aux besoins des salariés

Si le télétravail a permis de gagner du temps pour certains, il suscite pour 40 % des personnes interrogées par Harris Interactive pour le Ministère du Travail, un sentiment d’isolement. Face à ces risques, le gouvernement et les organisations syndicales de salariés et patronales estiment qu’il n’est pas bon d’être en télétravail à 100 %.

A la sortie de la crise, l'entrepreneur estime que les salariés auront en moyenne deux jours de télétravail par semaine. Ce qui permet aux entreprises de repenser leurs espaces. Le fondateur de Morning, qui met à disposition pour les entreprises de toute taille, des espaces de coworking, imagine des bureaux avec moins de mètres carrés. « Par exemple une entreprise de 1 000 personnes, qui avant utilisait 10 000 m2 en moyenne, réduira, grâce au télétravail, sa surface de 30 % ». En réduisant la taille des bureaux, les entreprises voudront davantage se recentrer vers les grandes métropoles. « Je crois beaucoup à une tension du marché parisien, avec notamment des investissements sur des petits espaces ». Tout en se recentralisant, les entreprises pourraient développer des annexes étalées sur le territoire, pour permettre à leurs salariés de réduire leur temps de trajets. « Demain, il pourrait y avoir des espaces de coworking pour les gens qui habitent loin. Ça développerait le tissage d’un réseau d’espaces de travail partagés par les salariés. C’est un phénomène intéressant à suivre. On n’est pas encore positionné sur ces espaces mais on y réfléchit de plus en plus », admet-il.

Au-delà de l’emplacement des locaux, l’avenir passera, selon l’entrepreneur, par la fin des bureaux fixes, pour laisser place au « flex », c’est-à-dire des places qui ne seront plus attribuées à chaque salarié. Si certaines entreprises ont déjà adopté cette méthode, elle devrait se généraliser à l’avenir. « L'employé sera beaucoup plus nomade, capable de décider de travailler chez lui, d’aller au siège de la boite ou dans une antenne près de chez lui. Il va être plus agile pour choisir son espace de travail en fonction de ses besoins. »

Coworking, un marché de plus en plus mature

Si Morning résiste face à la crise, c’est parce qu’elle a su adapter ses offres. Elle propose dorénavant un logiciel gratuit de « gestion du flex », qui permet aux salariés de se positionner sur leurs temps en présentiel, mais aussi des offres d’équipements pour le télétravail, entre autres.

Clément Alteresco est confiant sur l’avenir des espaces de coworking. Démocratisé en France depuis 2015, « c’est un marché encore adolescent », estime-t-il. « Ce qui est intéressant, c’est que ce n’est que de l’immobilier amélioré. » poursuit l’entrepreneur. Intermédiaire entre les propriétaires et les locataires, c’est-à-dire les entreprises, Morning propose un agencement sur mesure, en fonction de chaque besoin, avec des services additionnels comme une salle de sport, un espace détente, des ateliers, etc.

L’entreprise se distingue par ses choix de locaux. Après la tour Montparnasse ou encore une ancienne école du quartier parisien Rochechouart, Morning va prochainement commercialiser des espaces dans l’Hôtel de la Marine, avec une vue imprenable sur la place de la Concorde. « C’est essentiel de montrer que le coworking s’insère dans le paysage parisien. La Concorde est un aboutissement pour nous, pour montrer qu’on a l’un des espaces le mieux placé de Paris », se réjouit Clément Alteresco, qui possède 25 espaces, essentiellement à Paris et dans sa banlieue proche.

Avec 2 000 espaces de coworking en France, le secteur semble, malgré la crise, avoir de beaux jours devant lui. « Le monde du travail est en train de passer d’un bureau statutaire à un bureau au service du salarié en fonction de ses besoins. C’est une belle évolution qui va donner lieu à plein d’opportunités dans les cinq prochaines années ».