Economie de la mer

  • 30 juin 2016
  • Temps de lecture: 2 min

Mucoviscidose : vers un médicament issu de la mer ?

Créée en 2007 grâce à la valorisation de travaux du laboratoire de biologie du CNRS de Roscoff, la startup Manros Therapeutics développe un candidat médicament pour le traitement de la mucoviscidose à partir d’une molécule marine découverte par son fondateur.

Océan

C’est l’histoire d’une biopharma qui est allée chercher dans les profondeurs des océans les molécules qui, demain, pourront peut-être soigner des maladies orphelines comme la mucoviscidose, ou encore traiter la trisomie 21, la maladie d’Alzheimer ou la polykystose rénale. Manros Therapeutics a été créée en 2007 par Laurent Meiijer, docteur en biologie. « J’ai travaillé 32 ans au CNRS, essentiellement à la station biologique de Roscoff » (Finistère) raconte-t-il. L’entreprise est issue de la valorisation de recherches fondamentales auxquelles il a lui-même participé sur les inhibiteurs des protéines kinases qui permettent de réguler les mécanismes de division et de mort cellulaire « impliqués dans toutes les pathologies » .

En phase d’essai clinique

Laurent Meiijer, Manros Therapeutics

La molécule découverte par le scientifique grâce à une kinase purifiée à partir d’œufs d’étoile de mer (un modèle classique d’étude de la division cellulaire), est totalement synthétisée, et répond au nom très évocateur de roscovitine. Elle fait l’objet depuis avril d’une étude clinique de phase 1 et 2 auprès de 36 patients, dans 9 établissements hospitaliers spécialisés. L’étude vise à évaluer la bonne tolérance et ses impacts sur les malades. « Nous attendons plusieurs effets superposés, confie le scientifique, le plus important étant un ralentissement ou un arrêt des infections pulmonaires des patients aujourd’hui traités par des antibiotiques et qui, avec le temps, développent des souches résistantes au traitement ». « La molécule a un effet antibiotique indirect, elle n’agit pas sur les bactéries mais stimule les capacités de nos propres cellules à s’en débarrasser », précise-t-il. Il s’agira aussi de vérifier si elle possède des propriétés anti-inflammatoires et anti-douleurs, un travail financé en partie par le Programme hospitalier de recherche clinique du ministère de la santé et, l’association Vaincre la mucoviscidose.

Vers un passage de relais entre PME et grand groupe

« Les résultats devraient être connus d’ici à la fin de l’année. Si ça marche bien, nous lancerons une deuxième étude plus vaste au niveau européen, avec plusieurs centaines de patients, il faudra lever des fonds à nouveau pour la financer ». Manros a déjà effectué deux premières levées en 2011 et 2014, respectivement à hauteur de 1,4 million et de 2 millions d’euros, apportés essentiellement par des business angels, auxquelles il faut ajouter des contrats de recherches obtenus suite à des appels à projet régionaux, nationaux ou européens. « Ce n’est qu’après cette nouvelle étude qu’un grand laboratoire pharmaceutique pourra nous acheter une licence et en assurer les dernières études cliniques, l’industrialisation et la mise sur le marché » confie-t-il.

Membre depuis sa création du pôle de compétitivité mer Bretagne Atlantique, Manros avait aussi obtenu deux financements du FUI pour deux projets développés d’affilée, portant cette fois sur le traitement de déficits cognitifs de la trisomie 21 et de la maladie d’Alzheimer. Sur sa route, Laurent Meiijer a aussi été accompagné par Bpifrance qui a participé à son financement à travers diverses aides, subventions, fonds d’amorçage. La startup poursuit sur sa lancée. Elle continue en parallèle à étudier des molécules marines. « Ce n’est pas nous qui les extrayons mais des chimistes à travers le monde qui les identifient et les purifient. Ensuite nous les testons pour voir si on trouve des choses nouvelles et intéressantes ».