Mycophyto : L'agriculture métamorphosée par la science

Justine Lipuma a mis au point une technique inédite qui permet de se passer de pesticides et d'engrais dans l’agriculture. Pour la commercialiser, elle a lancé Mycophyto, une start-up deeptech basée à Sophia Antipolis. Sa première cible : la zone méditerranéenne.

  • Temps de lecture: 2 min

« Il faut sortir de la chimie, qui ne consiste qu'à tuer ! ». Le constat tiré par Justine Lipuma est limpide. La fondatrice de la start-up deeptech Mycophyto souhaite proposer une alternative aux produits chimiques utilisés depuis des années qui visent à protéger les plantes, mais sont parfois jugés inefficaces. 

Une révolution pour l'agriculture ? 

« J'ai toujours voulu mettre la science et la recherche au service de la société. Avec Mycophyto, nous voulons rendre possible la transition agricole, qui comporte des enjeux environnementaux, mais aussi sociaux et sociétaux ». Si certains producteurs agricoles ont encore du mal à changer d'optique, aucun ne peut se permettre une baisse de rendement. Or, en sélectionnant la meilleure association possible de plantes et de champignons microscopiques, il est possible d'augmenter la surface d'échange des plantes, ce qui maximise la production tout en protégeant les végétaux. 

La découverte - unique au monde - de Justine Lipuma a pris forme après des recherches sur la symbiose entre plantes, champignons microscopiques et bactéries, à l'université de Turin. Ses études à l'Inra et sa thèse de doctorat en biologie en 2015 l’amènent à faire des tests. Avec Christine Poncet, de l’Unité Inra Institut Sophia Agrobiotech, elle travaille le projet de pré-maturation. “L'idée de Mycophyto est vraiment venue de nous deux », raconte-t-elle. 

De la création aux premiers contacts

En 2017, Mycophyto voit le jour après son incubation pendant 18 mois à Paca-Est et une bourse versée par Bpifrance. La start-up signe ses premiers contrats avec des coopératives et des industriels qui utilisent les plantes comme matière première. 

Grâce à une filière intégrée, les méthodes de Mycophyto devraient progressivement se diffuser aux producteurs. « Nous allons procéder territoire par territoire », dit-elle. Si la Méditerranée est ciblée, ce n'est pas par hasard. « Nos champignons sont particulièrement efficaces dans des zones arides, et celles qui subissent le changement climatique », explique-t-elle.

Une levée de fonds qui propulse Mycophyto 

Petit à petit, Mycophyto poursuit son développement. L’entreprise vient d’ailleurs de lever 1,4 million d’euros. Un montant qui lui a permis de recruter une responsable R&D, une responsable de production, une assistante technique de serre et un technicien de laboratoire. 

Une deuxième levée de fonds servira à industrialiser la méthode et à la vendre en masse. Pour le moment, l’entrepreneuse se concentre sur la pré-industrialisation. Mycophyto, veut révolutionner - le plus rapidement possible - l'agriculture à l'échelle de la planète, en la rendant durable : « Quand on sait ce qu'on fait et pourquoi on le fait, on va plus vite. », conclut l’entrepreneuse.

 

« Si j'ai un conseil à donner aux entrepreneurs en herbe, c'est de se méfier des interlocuteurs qui trouvent tout de suite l'idée géniale. Cela n'aide pas. Il vaut mieux avoir des sceptiques en face de soi. Et dès le départ, il faut faire l'effort d'expliquer et de vulgariser » assure Justine Lipuma. Elle qui a toujours aimé travailler de manière collaborative et avec des partenaires, est rompue à l'exercice.