Première greffe mondiale de cœur artificiel Carmat : retour sur le financement de l’entreprise

La première transplantation d’un cœur artificiel a récompensé près de 25 ans d’efforts du professeur Alain Carpentier et de ses équipes. L’entreprise Carmat, financée par Bpifrance, a été créée en 2008 pour industrialiser le cœur artificiel. Une alliance du privé et du public a rendu le projet possible.

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L’origine du projet.

L’aventure du cœur artificiel "made in france" est née vers la fin des années 80 lorsque le professeur Alain Carpentier rencontre Jean-Luc Lagardère, dirigeant de Matra. Ce dernier accepte de mettre à disposition une équipe d’ingénieurs pour mettre en œuvre ce projet. La recherche a duré plus de 20 ans avant que le projet puisse prendre une dimension industrielle.
Entretemps, Matra est refondu et devient EADS qui décide, en 2008, de détacher ses ingénieurs alloués au cœur artificiel en créant la société Carmat.

La création de Carmat

Carmat - l’abréviation de « Carpentier-Matra » - est créée en 2008. La société est financée par Truffle Capital (5 millions d'euros), EADS (dont elle est issue) et la Fondation Carpentier (2,25 millions).

Le financement de Carmat : une alliance privé-public.

En 2009, Bpifrance (OSEO) lui accorde une aide publique record de 33 millions d’euros. L’aide de Bpifrance représente la plus importante avance jamais accordée à une PME. L’organisme ne dégage pas encore de chiffre d’affaires, cet argent et celui des actionnaires servent à faire vivre la société.
En 2010, puis 2011, Philippe Pouletty (Truffle Capital) est ses associés décident de faire appel au marché sur Alternext. Carmat lève 46 millions d’euros, essentiellement auprès de petits porteurs (9 000 actionnaires) afin d’assurer le développement de son projet. En parallèle, Carmat reçoit 4 millions d’euros de Bpifrance.

Le rôle de Bpifrance

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Pour Patrick Coulombier, directeur général adjoint de Carmat, « Bpifrance a été le premier à se pencher sur notre projet, déclenchant une spirale vertueuse. Cette confiance nous a permis d’attirer des capitaux, de bénéficier d’une subvention du Conseil général des Yvelines pour des locaux de pointe ». Bpifrance a accordé 33 millions d’euros de financements à Carmat. « Nous avons pu aller vite grâce à ces aides, et grâce à un conseil de Bpifrance : impliquer fortement nos partenaires industriels. Cette stratégie a exigé du temps d’accompagnement au début, mais aujourd’hui, c’est une grande force ».

Un marché et d’énormes espoirs

Cette prouesse technologique ouvre un marché colossal à Carmat et donne espoir à environ 100 000 malades en Europe et Amérique du Nord, pour un marché mondial évalué à 16 milliards d’euros.
Aujourd'hui, la prothèse est anatomiquement compatible avec 86 % d'hommes et près de 20 % de femmes. Carmat envisage d'élaborer un coeur encore plus petit pour l'adapter notamment à la morphologie féminine. Le coeur artificiel Carmat pourrait être commercialisé d’ici deux à cinq ans.

Tous ne pourront pas en bénéficier mais l’histoire ne fait que commencer…