Quand le numérique révolutionne l'agriculture

Applications, puces, big data, plateformes d'échanges, crowdfunding spécialisé : le numérique est dans le pré. Revue (non exhaustive) des innovations dans le secteur, à l'occasion du Salon de l'Agriculture, qui se tient à Paris du 27 février au 6 mars 2016.

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agriculture

Des capteurs connectés

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Les agriculteurs sont désormais agri-mobiles. Nombreux sont ceux qui utilisent des applications chargées sur leur smartphone pour consulter la météo tous les matins. Mais ils peuvent faire bien plus. Avec les capteurs connectés de la société Weenat  basée à Euratechnologies à Lille et à La Cantine Numérique à Nantes, ils peuvent surveiller à distance l'état et la température du sol et mesurer la pluviométrie et l'humidité de l'air. Fichés dans les champs, les capteurs envoient des données par l’intermédiaire des réseaux mobiles et de la technologie Sigfox. La start-up, qui compte une dizaine de salariés à Lille et à Nantes, équipe aujourd’hui une cinquantaine de clients en France, au Danemark et aux Pays-Bas. Et sa technologie a retenu l'attention de Samsung.

Des puces sous la peau des vaches

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La start-up normande Biopic, fondée en 2011 et détenue en grande partie par des éleveurs, a mis au point une puce implantée dans l'animal, permettant de suivre en direct ses données physiologiques. Les capteurs placés dans la biopuce envoient les informations récoltées à l'éleveur, ce qui lui permet de mieux gérer le troupeau, d'intervenir rapidement en cas de problème, de limiter les produits vétérinaires et d'augmenter ainsi la rentabilité de l'élevage. Frédéric Roullier, physicien et éleveur à l'origine de l'innovation, a privilégié un système d'abonnement, à un prix inférieur à deux euros par mois et par animal. Aujourd'hui, Biopic travaille déjà à d'autres capteurs, toujours sur le marché de l'élevage. Et à terme, la start-up normande vise le marché européen, qui compte plus de 80 millions de bovins.

Des outils d'aide à la décision grâce au big data

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Les agriculteurs sont désormais des agri-managers. La coopérative InVivo veut équiper un agriculteur français sur trois d’outils d’aide à la décision à l’horizon 2025. Ses instruments recueillent des données relatives à la météo, l'humidité du sol, le stade de développement de la culture, les attaques éventuelles de parasites et sont transmises à des logiciels. A partir de leurs algorithmes, ces logiciels indiquent à l'agriculteur - ou directement au tracteur lui-même - les mesures à prendre en matière d'arrosage, de traitement des végétaux ou d’alimentation du cheptel… L'agriculteur peut ainsi suivre ses cultures et ses animaux à distance, avec une gestion plus fine. De quoi améliorer la productivité et le revenu de l'exploitant tout en lui permettant de prendre en compte les contraintes environnementales. Environ 10 millions d'hectares sont déjà couverts par les outils d'InVivo en Europe - et la coopérative compte sur sa technologie pour conquérir d'autres parts de marché à l’international.

Une place de marché agricole

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Quelque 70 millions de tonnes de céréales produites chaque année en France - et pas une seule vendue ou achetée par Internet ! C'est en partant de ce constat que le jeune Pierre-Antoine Foreau, fils d’agriculteur et diplômé de l’Ecole Supérieure d'Agricultures d’Angers, a décidé il y a quelques mois de construire une place de marché pour les producteurs et leurs clients potentiels. Lancée en décembre dernier, la start-up a déjà gagné son pari : en quelques semaines seulement, la plateforme Biagri, avait accueilli une vingtaine d'annonces d'achat et de vente - céréales, légumes, fourrages, fruits. Actuellement, par centaines de tonnes, orge d'hiver, blé tendre ou colza oléagineux changent de mains sur la plate-forme. Et Biagri a pris - la première - ses quartiers à Chateaudun, dans un nouvel incubateur baptisé « Les champs du possible ». D'autres start-ups spécialisées dans l'agriculture numérique devraient bientôt la rejoindre. Mieux, Biagri a noué un partenariat avec un transporteur et propose une certification de la marchandise par un laboratoire.

Une plate-forme de partage de machines

Les agriculteurs sont désormais des co-farmers. Compte tenu du prix (qui a doublé en 20 ans) des moissonneuses batteuses et autres engins, utilisés quelques semaines par an seulement, certains producteurs ont tout intérêt à louer les machines. D'autres, en revanche, sont suréquipés et ne demandent qu'à rentabiliser un peu plus leur équipement. Aujourd'hui, chacun peut se rencontrer sur la plateforme WeFarmUp, fondée par Laurent Bernede, céréalier dans le Sud-Ouest de la France et entrepreneur en travaux agricoles. La plateforme, qui se rémunère à la commission, propose le contrat de location, la sécurité du paiement, l'assurance - et même les avis des internautes ! Elle tient également un calendrier de l'utilisation des machines, ce qui permet au propriétaire d'un engin de maximiser la location et à celui qui souhaite le louer de s'assurer qu'il est disponible. L'objectif à court terme de WeFarmUp ? Qu'à la fin de cette année, chaque exploitant français puisse trouver une solution de co-farming dans un rayon de 30 kilomètres...

Du crowdfunding spécialisé

Lancée il y a un peu plus d'un an, Miimosa ressemble aux autres plateformes de financement participatif. Elle a une spécialité, cependant : tous les appels viennent de l'agriculture et de l'alimentation. Une ferme-brasserie dans le Périgord, un jeune apiculteur qui veut s'agrandir, un éleveur de brebis rêvant d'une yaourterie : autant de projets qui cherchent des fonds actuellement. Miimosa a été imaginée par Florian Breton, petit fils de viticulteur passé par Orange Sports et M6. En 2013, il a décidé de rapprocher l'univers de la terre et celui du financement participatif, dont il avait suivi l'émergence avec intérêt. La plateforme mise sur le goût de plus en plus affirmé des citoyens de jouer les circuits courts et la relation entre producteurs et consommateurs, pour le plus grand bien de tous.