Qu’est-ce que le Green IT ?

Notion apparue dans les années 90, le Green IT a longtemps peiné à se faire une place. Mais l’évolution des modes de consommation de ces dernières années permet – enfin – a une informatique plus verte et durable de voir le jour.  

  • Temps de lecture: 5 - 6 min
green IT

 "L'informatique verte”, le “green computing” ou encore “l’informatique durable”, ça vous parle ? Ces termes sont autant de synonyme que l'on attribue aujourd'hui au Green IT, une appellation qui fait référence à l'utilisation responsable et durable des technologies informatiques. Apparu dans les années 90 avec l’intégration de quelques notions de développement durable au label TCO, le label pour le matériel informatique, le Green IT vise à lutter contre la pollution numérique et à réduire l’empreinte écologique, environnementale et sociale des technologies d’information et de communication (TIC).

En adoptant des pratiques éco-responsables dans toutes les étapes de sa vie, l'objectif principal du Green IT est de minimiser la consommation d'énergie, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de favoriser le recyclage, contribuant ainsi à la préservation de l'environnement. Cela passe par un grand nombre de mesures, comme l’utilisation de la vidéoconférence pour réduire les déplacements en voiture ou en avion, la réduction d’énergie des processeurs, le tri de ses emails ou encore privilégier le recours aux matériaux recyclés. L’informatique durable concerne aussi bien les pratiques des entreprises que celles des particuliers. 

Les différents périmètres du Green IT  

Selon un sondage Opinionway, 74 % des Français ont conscience de l’impact du numérique sur l'environnement mais 51 % d’entre eux disent préférer l’option la plus rapide même si celle-ci n’est pas la plus écologique. Pour déchiffrer ce phénomène, il est important de distinguer ses différentes phases. 

Green IT 1.0 : réduire l’empreinte écologique du numérique 

Le green IT 1.0 se caractérise par une prise de conscience de la nécessité de réduire la consommation d'énergie et l'empreinte environnementale des technologies de l'information et de la communication (TIC). Cette première phase comprend donc tous les aspects de l’informatique étudiés et conçus pour respecter une démarche éco-responsable tout au long de leur cycle de vie. On parle alors de CNR (Conception Numérique Responsable) ou d’éco-conception.  

Green IT 1.5 : adopter une démarche RSE  

Green IT 1.5 concerne les entreprises et le fait d’inscrire un usage éco-responsable du numérique dans sa stratégie RSE. C’est notamment à cette étape là que l’on parle de SIDD, le système d’information développement durable qui devient alors un outil incontournable au pilotage du Green IT.   

Green 2.0 : utiliser les TIC contre la pollution numérique 

Enfin, le Green IT 2.0 se focalise sur l'intégration de pratiques durables dans toutes les étapes des activités commerciales, incluant la chaîne d'approvisionnement, la conception, la production, l'utilisation et le recyclage des produits informatiques. Son objectif principal est de réduire l'impact environnemental à tous les niveaux et de développer des solutions durables en dehors de l'entreprise. Ce stade ultime vise à repenser le modèle économique et comportemental en utilisant les TIC de manière responsable. 

Que représente l’impact du numérique sur l’environnement ? 

La pollution numérique est plus que jamais au cœur des débats, notamment en raison de la multiplication des outils technologiques ces dernières années.  

Si tout changement d’habitude de consommation commence par une prise de conscience, il existe plusieurs sites qui permettent de mesurer l’empreinte carbone de ses activités numériques. L’ADEME (Agence de la transition écologique) en marge de son étude lancée avec l’Arcep sur “l’empreinte environnementale du numérique”, a lancé le sien, impactCO2.fr.  

Mesurer l’empreinte carbone de ses activités numériques 

Selon l'étude menée par l'ADEME et l'Arcep, l'impact carbone du numérique sur l'environnement est significatif. Les rapports publiés indiquent que :  

  • Les terminaux, en particulier les écrans et les téléviseurs, génèrent l'essentiel des impacts environnementaux, représentant de 65% à 92% de l'empreinte environnementale du numérique en France.  
  • Ils sont suivis par les centres de données (ou datacenter), contribuant de 4% à 20%, et les réseaux, avec une part allant de 4% à 13%. 

Il est important de noter que l'impact environnemental du numérique ne se limite pas uniquement aux émissions de gaz à effet de serre, car la consommation énergétique en France est relativement décarbonée. L'étude souligne également la nécessité d'élargir l'analyse en prenant en compte d'autres aspects du cycle de vie des équipements, tels que l'utilisation de ressources rares, la consommation d'eau, l'énergie primaire, ainsi que la durée de vie des appareils et les conditions de leur recyclage, afin d'évaluer l'empreinte environnementale globale du numérique. 

D’où proviennent les émissions du numérique ?  

Selon l'ADEME, les émissions de CO² des systèmes informatiques sont causées pour moitié par le fonctionnement d'internet (transport et stockage des données, fabrication et maintenance de l'infrastructure du réseau) et pour moitié par la fabrication d’équipements informatiques (ordinateurs, smartphones, tablettes, etc.). 

Source : Etude ADEME Arcep
Etude ADEME – Arcep sur l’empreinte environnementale du numérique en 2020, 2030 et 2050, 13/03/2023 

  • Dès les premières phases de conception, l'extraction des matières premières, la fabrication des composants électroniques, des appareils et des équipements informatiques entraînent des émissions de gaz à effet de serre et d'autres polluants.  
  • L’usage quotidien des appareils numériques consomme de l'électricité, générant ainsi des émissions en fonction de la source d'énergie utilisée (charbon, gaz, renouvelable, etc.).  
  • Les Data centers ou centres de données stockent et traitent d'énormes quantités de données pour les services en ligne ce qui consomme beaucoup d'électricité pour le refroidissement et le fonctionnement des serveurs. 
  • Les infrastructures de télécommunication pour la transmission des données comme les câbles sous-marins, les réseaux sans fil, les antennes relais, etc., consomment également de l'énergie et émettent des gaz à effet de serre pour transporter les données à travers le monde. 
  • La gestion des déchets électroniques en fin de vie peut être problématique, car certains composants contiennent des substances dangereuses, et le recyclage inadéquat peut entraîner des émissions de polluants dans l'environnement. 

 

Quelles sont les bonnes pratiques Green IT à adopter en entreprise ? 

Avant de mettre en place une politique d’informatique vert, il est nécessaire de réaliser un audit Green IT ou audit informatique éco-responsable afin d'évaluer les performances environnementales, sociales et économiques de l’entreprise.  

Voici quelques exemples de bonnes pratiques Green IT proposées par le Guide de la MiNumEco.  

Acheter du matériel informatique éco-responsable 

Les entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans l’adoption d’un numérique plus responsable. Il leur faut privilégier l'achat de matériel informatique certifié éco énergétique, qui a été conçu pour consommer moins d'énergie. Les labels d'efficacité énergétique tels que l'EPEAT (Electronic Product Environmental Assessment Tool) les désignent. 

Prolonger la durée de vie des équipements informatiques  

Depuis janvier 2022, la loi AGEC anti-gaspillage oblige les entreprises à consacrer entre 20 et 40 % de leurs achats à des produits reconditionnés ou issus du réemploi.  

L'allongement de la durée de vie des équipements informatiques à des effets bénéfiques sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) à long terme. Il contribue au développement de l'économie circulaire et tend vers une sobriété numérique. 

Verdir son hébergement web pour réduire l'impact environnemental 

Un hébergement vert pour son site web (“green hosting”), devient une démarche cruciale pour contribuer à la réduction des émissions de carbone. Opter pour des solutions d'hébergement écoénergétiques et mettre en œuvre des pratiques de développement durables ne se limite pas à une simple responsabilité écologique, mais permet également de participer activement à la construction d'un cyberespace plus respectueux de la planète. Certains acteurs œuvrent déjà à cet effet-là, c’est le cas de Infomaniak, Planet Hoster ou Ikoula qui : 

  • ont recours à des énergies renouvelables pour alimenter leurs infrastructures de traitement de données (centre de données certifié par le REC - Certificats d'énergie renouvelable)  
  • optimisent leur consommation d’énergie 
  • réduisent les systèmes de refroidissement et leurs déchets électroniques 
  • procèdent au recyclage 

Diminuer les émissions liées à vos serveurs avec l’utilisation du cloud 

Le cloud computing peut aider à optimiser l'utilisation des ressources informatiques en fournissant une infrastructure partagée, évolutive et écoénergétique. Il peut également réduire le besoin de matériel sur site et de maintenance. Opter pour un fournisseur de services cloud qui utilise moins d’énergie comme AWS, Orange ou Microsoft Azure est aussi un pas supplémentaire vers la sobriété numérique. 

Utiliser un moteur de recherche écologique pour une navigation responsable 

L'utilisation d'un moteur de recherche éco-responsable s'inscrit dans une démarche RSE. Ecosia, Lilo et Ecogine sont les moteurs de recherche les plus écologiques. Ils utilisent par exemple des énergies renouvelables pour alimenter leurs data centers ou compenser leur impact carbone. La plupart de ces moteurs de recherche sont donc plus responsables de l’environnement que Google, Bing ou Yahoo. 

À noter qu’un moteur de recherche peut être éthique mais pas forcément écologique : c’est le cas de Qwant.  

Réduire la pollution numérique générée par les systèmes d’information 

  • L’informatique durable concerne aussi bien les pratiques des entreprises que celles des particuliers. Il est facile d’intégrer des gestes responsables à nos usages informatiques. 
  • Pour les professionnels pouvant adhérer à ce modèle, le travail hybride permet de limiter ses jours de présence au bureau. En plus de réduire la consommation d’énergie des entreprises, l’employé contribue également au désengorgement des routes et des transports en communs.  
  • Pour aller plus loin, ce même employé pourrait s’engager à envoyer moins de mails, réduire ou compresser ses pièces jointes ou encore s’équiper d’appareils reconditionnés. A noter que la fabrication d’un ordinateur de 2 kg mobilise 800 kg de matières premières, et génère 124 kg d’équivalent CO2 (sur les 169 kg émis durant l’ensemble de son cycle de vie). 

Sensibiliser et proposer une formation au numérique responsable 

Un collaborateur sensibilisé, c’est un usagé responsabilisé. Les entreprises peuvent créer un guide des bonnes pratiques à destination de tous les collaborateurs leur rappelant les petits gestes à adopter pour optimiser la gestion de l’énergie :  

  • Pendant la pause-café ou la pause-déjeuner, on pense à mettre ses écrans en veille 
  • Faire le tri de ses emails 
  • Imprimer, oui, mais responsablement. En Noir et blanc et recto verso, de sorte à économise papier encre. 
  • Prêchez la bonne parole autour de soi 

Depuis 2019, les acteurs de l’Association de la Fresque du Numérique proposent une manière ludique d’en apprendre plus sur l’impact environnemental de nos appareils numériques. Une idée pour former les collaborateurs au numérique responsable lors d’une journée de team Building ? 

Sofia Ben Dhaya
Sofia Ben Dhaya Rédactrice web