Comprendre la révolution blockchain

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#REAix2019 : la blockchain, nouvel intermédiaire de confiance

Peut-on avoir confiance en la blockchain ? 5 experts du sujet ont tenté de répondre à cette question lors de la conférence « La blockchain, nouvel intermédiaire de confiance » des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence.

« Renouer avec la confiance ». C’était le thème des 19e Rencontres économiques d’Aix-en-Provence qui se sont tenues du 5 au 7 juillet 2019. Lors de cet événement, une conférence était consacrée à la blockchain. En effet, cette technologie de stockage et de transmission d’informations à bas coût, née en 2008 en pleine crise financière, se distingue par sa traçabilité, sa sécurité et sa fiabilité. Totalement décentralisée, elle repose sur multitudes d'agents indépendants et supprime les « tiers de confiance ». Mais peut-on avoir totalement confiance dans la blockchain ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre les 5 experts invités par le Cercle des économistes. Voici ce qu’on pouvait retenir de cette conférence.

Alexandre Stachtencko : « Le bitcoin est le prolongement naturel d’internet »

  • L’expert : Alexandre Stachtencko est le co-fondateur et directeur général de Blockchain Partner. Il est également l’auteur de La Blockchain Décryptée, ouvrage paru en 2016.
  • La thèse : « Il n’y a pas de blockchain sans cryptomonnaie »
  • Pour aller plus loin : Selon Alexandre Stachtencko, la blockchain et les cryptomonnaies sont les seuls moyens de transférer de la valeur sur internet sans intermédiaire de confiance. Le Bitcoin apparait comme la 1re monnaie de référence pour l’espace numérique. Cette cryptomonnaie peut même être considérée comme prolongement naturel d'internet.La naissance des cryptomonnaie est une véritable révolution pour tous les non bancarisés.

Neha Narula : « La blockchain n’est pas parfaite »

  • L’experte : Neha Narula est la directrice du Digital Currency Initiative au sein du MIT Media Lab. Elle s’intéresse particulièrement aux cryptomonnaies et à la technologie blockchain.  
  • La thèse : « La technologie blockchain est encore en cours de développement mais elle est là, et pour longtemps »
  • Pour aller plus loin : Pour Neha Narula, la nouvelle génération fait plus confiance aux réseaux qu’aux institutions, larges et opaques. Les cryptomonnaies apparaissent donc comme une alternative. Aujourd’hui, la technologie blockchain n’est pas parfaite. Il y a encore beaucoup de fraude. Les cryptomonnaies sont très utilisées par des criminels ou tout simplement encore très volatiles. Or les régulations sont basées sur les tiers de confiance qui disparaissent avec la blockchain. Mais comme cette technologie en cours de développement est là, nous devons adapter nos systèmes de régulation et nos lois.

Xavier Chassin de Kergommeaux : « La blockchain a besoin de grands principes »

  • L’expert : Senior Partner du cabinet Gide, Xavier Chassin de Kergommeaux est spécialisé en financements adossés à des actifs, titrisations, sociétés de crédit foncier et sociétés de financement de l'habitat (covered bonds), fiducies, financements structurés et défaisances.
  • La thèse : « Comme il est impossible de réguler une technologie, on doit donc réguler les acteurs »
  • Pour aller plus loin : Une cryptomonnaie ne repose que sur la seule confiance alors que les monnaies traditionnelles comme l’euro ou le dollar ont force légale. Si certains pays interdisent les opérations blockchain, d’autres mettent en place de petites régulations. La France a choisi une solution intermédiaire en donnant une existence légale à la blockchain. Mais rapidement les Etats devront se mettre d’accord sur une régulation internationale. Cette technologie a besoin de grands principes pour se développer et prospérer dans de bonnes conditions.

Allen Guo : « La technologie blockchain est là, qu’on le veuille ou non »

  • L’expert :  Serial entrepreneur, Allen Chunlong Guo est partenaire fondateur de 2048 Capital et président de GCDD (Global Innovation Institute of Cryo-EM for Drug Discovery).
  • La thèse : « Il est impossible de séparer blockchain et cryptomonnaie »
  • Pour aller plus loin : Selon Allen Guo, on parle de blockchain uniquement parce que le bitcoin est devenu populaire. Les cryptomonnaies et la blockchain sont la continuité d'internet. Et cette technologie est là que l’on le veuille ou non. On ne peut pas stopper la technologie. Les gouvernements doivent donc s’en emparer pour la réguler. En effet, comme toutes les technologies qui émergent, la blockchain n’est pas parfaite. Pour l’instant elle est moins intéressante que les systèmes existant mais demain cela peut totalement changer.

Nouriel Roubini : « La blockchain est une grosse arnaque »

  • L’expert : Nouriel Roubini est professeur d’économie à la New York University’s Stern School of Business. Célèbre pour avoir prédit la crise de 2008, il est également un grand critique de la blockchain et des cryptomonnaies.
  • La thèse : « La technologie blockchain est totalement surévaluée »
  • Pour aller plus loin : Pour Nouriel Roubini, le terme de cryptomonnaie n’est pas adapté. Il ne s’agit pas de monnaie au sens strict du terme. Très volatiles, les cryptomonnaies sont soumises à de grosse pertes de valeurs et sont surtout utilisées par des arnaqueurs et des criminels. De plus, elles sont inutiles. Les monnaies ont déjà été digitalisées par les institutions traditionnelles.

Vidéo :  La blockchain, nouvel intermédiaire de confiance