Sandrine Murcia, Paris Pionnières : "Nous ressentons un changement de mentalité"

Lors de Bpifrance Inno Génération, Paris Pionnières a remporté le « concours de tweets partenaires ». L’occasion de revenir sur leur activité et d’aborder le sujet de l’entrepreneuriat féminin.
Sandrine Murcia, présidente de Paris Pionnières, répond à nos questions.
Lors de Bpifrance Inno Génération, Paris Pionnières a remporté le « concours de tweets partenaires ». L’occasion de revenir, avec Sandrine Murcia, sa présidente, sur leur activité.

  • Temps de lecture: 2-3 min

1. Pouvez-vous nous expliquer le rôle de Paris Pionnières ?

Sandrine Murcia, présidente Paris Pionnières

Paris Pionnières

existe depuis 10 ans.
Nous sommes une structure d’aide à la création d’entreprise dédiée aux femmes. Nous mettons en place les conditions d’accompagnement et de networking pour qu’une femme puisse sauter le pas de la création d’entreprise.

 
Nous lançons également une nouvelle offre d’accompagnement, « POSSIBLE », se positionnant très en amont du projet. En effet, de plus en plus de femmes ont des idées de création d’entreprise mais ne savent pas si leur projet est viable. « POSSIBLE » a pour objectif de leur donner confiance, de se créer un réseau et d’échanger avec d’autres femmes.

2. Pourquoi avoir créé une structure uniquement dédié aux femmes ?

 "L’entrepreneuriat féminin est donc un enjeu de société et un enjeu économique". Sandrine Murcia

Il y a 10 ans, au moment du lancement de Paris Pionnières, lorsqu’une femme voulait créer une entreprise, on la regardait un peu comme une bête curieuse. On ne l’accueillait pas forcément avec bienveillance. L’idée de créer une structure qui leur soit dédiée avait donc tout son sens.
Par ailleurs, beaucoup de femmes qui ont un projet ambitieux ou une intuition, souhaitent souvent le partager avec une autre pour se rassurer, se donner confiance.
Je dis souvent : « On ne naît pas entrepreneurE, on le devient. » C’est pourquoi il fallait mettre en place les conditions nécessaires pour se lancer.
Une étude récente de la commission européenne révèle que nous sommes seulement 10 % de femmes chefs d’entreprise en Europe. Si nous passions à 30 %, ce serait près de 9 milliards d’euros de PIB supplémentaire. L’entrepreneuriat féminin est donc un enjeu de société et un enjeu économique. Néanmoins, nous notons depuis quelques temps un réel changement.

3. Selon vous, la nouvelle génération de femmes est-elle prête à se lancer ?

Nous sommes à un moment charnière. Avant, les femmes avaient tendance à se lancer dans la création d’entreprise après une activité salariale, maintenant elles n’hésitent pas à sauter le pas dès la fin de leurs études. Nous voyons des générations de jeunes femmes, comme Claire Cano de Luckyloc, qui sortent de l’école avec un projet qui cartonne.
Depuis quelques temps, l’image de l’entrepreneur change. Pour les jeunes diplômés, l’entrepreneuriat devient une expérience comme une autre. On devient entrepreneur par désir, pas par défaut.

4. Le fait que l’environnement entrepreneurial soit majoritairement masculin a-t-il une incidence pour les femmes chefs d’entreprise ?

"Les clichés et stéréotypes existent, notre rôle est d’essayer de les combattre". Sandrine Murcia

Nous accompagnons des femmes dirigeantes d’entreprise mais nous sommes l’incubateur le plus mixte de Paris. L’objectif n’est pas d’être entre femmes pour créer son business. En revanche, concernant l’environnement masculin, il est vrai que certaines femmes doutent, se demandent si elles sont légitimes à se lancer. C’est pourquoi nous abordons beaucoup le sujet du leadership.
Les clichés et stéréotypes existent, notre rôle est d’essayer de les combattre.

5. Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui hésitent à se lancer?

Je leur dirais d’essayer. On ne craint que ses propres peurs. Je connais des femmes qui ont créé leur entreprise alors qu’elles avaient une situation personnelle très compliquée. Si vous avez envie de vous lancer, allez-y !
Il faut ensuite regarder comment être accompagnée car l’entrepreneur est plutôt solitaire. Je vous conseille de sortir, de rencontrer d’autres créateurs, de partager avec eux votre idée, la tester… Il n’y a rien de pire que d’avancer seule et de se rendre compte que son projet ne tient pas la route.
Désormais, il est aujourd’hui beaucoup plus facile de trouver des mentors qui vous aideront à vous poser les bonnes questions.