Sophie Cahen, PDG de Ganymed Robotics, partage ses clés pour devenir entrepreneure dans la deeptech

Ingénieure polyglotte, Sophie Cahen a toujours eu le goût du voyage. En 2018, c’est à Paris qu’elle pose ses valises pour fonder Ganymed Robotics, une startup deeptech spécialisée dans la chirurgie orthopédique dopée aux algorithmes. Aujourd’hui, l’entrepreneure nous partage ses clés pour fonder une deeptech à succès.

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Clé n° 1 : avoir le goût du risque
Sophie Cahen le clame haut et fort : « J’ai beaucoup d’idées, un goût prononcé pour l’action et suis à l’aise avec la prise de risques »

 

Clé n°2 : avoir une vision
Pour l'entrepreneure, la création de startup deeptech n’est pas possible sans « une énergie et une capacité à entraîner les gens dans une vision ».

« J’ai toujours su que l’entrepreneuriat était fait pour moi » , constate Sophie Cahen, co-fondatrice et PDG de Ganymed Robotics. Mais avant de se lancer, cette ingénieure diplômée de l’Insead et de l’École centrale de Paris, passée par l’Université Cornell à New York, a goûté à différents métiers. Après avoir fait de la recherche aux États-Unis dans le domaine de la physique des matériaux, elle a enchaîné avec un poste d’analyste pour un fonds de private equity en France, une mission en Jordanie au sein de l’Agence française de développement puis, à nouveau dans l’Hexagone, un poste de conseil dans un cabinet spécialisé en conception de produits dans l’industrie spatiale. En 2018, en quête d’une nouvelle aventure « dans un domaine technique qui a du sens », Sophie Cahen franchit le pas en créant une jeune pousse spécialisée dans une nouvelle génération de robots chirurgicaux pour l’orthopédie – Ganymed Robotics.

Une ambition : créer un « standard chirurgical »

Soutenue par le fondateur de l’ex-Aldebaran, Bruno Maisonnier ainsi que par le chirurgien orthopédiste Michel Bonnin, la startup parisienne développe un dispositif alliant algorithmes de vision par ordinateur et bras robotique afin d’assister les chirurgiens lors de la pose de la prothèse du genou. « Aujourd’hui, les chirurgiens insèrent des tiges à l’intérieur de la cavité osseuse pour repérer les axes anatomiques du patient. Avec notre logiciel, il est possible de localiser positionnement et structure des espaces anatomiques – en l’occurrence du fémur et du tibia - d’une manière millimétrique, instantanée et sans contact. L’information est communiquée au robot qui va ensuite guider le geste du chirurgien pour qu’il soit le moins invasif possible », explique Sophie Cahen. Une innovation disruptive, qui est actuellement en phase de prototypage pré-clinique et que la jeune patronne verrait bien devenir un « standard chirurgical » pour les praticiens du monde entier.

Un défi technique et sociétal

Le défi est à la hauteur des enjeux. « Cinq milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à la chirurgie, que ce soit pour des raisons de coûts, de manque de médecins, ou autre. L’un des enjeux de l’intelligence artificielle et de la robotique en chirurgie est de mettre le geste d’un chirurgien expérimenté dans les mains d’un chirurgien débutant, de l’augmenter en quelque sorte », souligne Sophie Cahen. « Les robots chirurgicaux de la nouvelle vague dans laquelle s’inscrit Ganymed Robotics sont plus petits, plus abordables et plus intuitifs que les précédents. Autrement dit, ils ne sont pas réservés à une minorité mais permettront à tout le monde d’accéder à la même qualité des soins », estime-t-elle. En somme, c’est un challenge technique comme sociétal « passionnant », s’enthousiasme la dirigeante, pour qui la motivation principale reste que son dispositif innovant « arrive jusqu’au patient ».

Dans cette voie, sa compétence technique et sa maîtrise des langues – l’allemand, l’arabe, le perse et l’anglais – sont autant d’atouts pour avancer. Surtout, pour celle qui est aujourd’hui à la tête d’une équipe de 12 ingénieurs, et pour qui diriger une entreprise implique d’avoir « une énergie et une capacité à entraîner les gens dans une vision ».
Enfin, « pour être un bon manager, il faut faire preuve de beaucoup d’empathie », mais également d’une grande curiosité… une qualité qui ne cesse de guider cette aventurière-entrepreneure dans la réalisation de ses projets.