Textiles intelligents : la France reprend la main

Bardés de capteurs mesurant la santé ou le bien-être, ces tissus innovants incarnent l'avenir français d'une filière qui s'est massivement délocalisée depuis vingt ans. Certaines entreprises françaises sont très bien positionnées sur ce marché mondial en pleine expansion. L'un des 34 plans de la Nouvelle France Industrielle lancés fin 2013 leur est d’ailleurs consacré.

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Un secteur en constante croissance

Profitant du début de l’US Open de tennis fin août, le fabricant de vêtements Ralph Lauren a présenté un polo connecté. Celui-ci, bardé de capteurs, permet de mesurer le rythme cardiaque, le niveau de stress ou la dépense énergétique de la personne qui le porte. Qu’une marque de prestige se positionne sur les textiles intelligents est incontestablement le signe qu’un marché grand public est en train de naître. Une chance pour les nombreuses entreprises françaises qui sont d’ores et déjà présentes sur le secteur. Si les études divergent sur les chiffres (de deux à six milliards d’euros de chiffre d’affaires), elles constatent unanimement la forte croissance du marché.

Des Français bien placés

En 2013, selon l’Observatoire des textiles techniques français, 600 sociétés étaient actives, à des niveaux divers, dans le domaine des textiles intelligents. Aujourd’hui, les débouchés concernent principalement les dispositifs médicaux, les équipements de protection individuelle, les articles de sport et de bien-être. A titre d’exemple, une entreprise comme Sofileta R&D développe des tissus capteurs qui peuvent mesurer la capacité respiratoire. De son côté, Brochier Technologies déploie son activité autour de solutions de tissage de fibres optiques pour des applications originales comme des rideaux lumineux. Enfin, Cityzen Sciences pilote le projet industriel Smartsensing. La structure a mis au point un textile connecté doté de microcapteurs qui mesurent la température, la fréquence cardiaque ou bien encore la vitesse de celui qui le porte.

Une filière qui embauche

Les entreprises du secteur produisent de l’emploi. C’est incontestable. « Nous en sommes le parfait exemple, affirme Laure Jouteau, la directrice marketing et stratégie de Cityzen Sciences. A mon entrée dans la société, en janvier 2013, nous étions quatre. Actuellement, nous sommes environ 25 et nous projetons d’embaucher encore. » Aujourd’hui, selon des chiffres publiés par le quotidien Les Echos, les textiles intelligents regrouperaient près de la moitié des effectifs de la filière textile, soit 26 000 salariés. Touché par une crise profonde qui lui a fait perdre plus de la moitié de ses entreprises depuis 20 ans, le textile français est en train, via l’innovation, de se réinventer.

Un marché d'exportation

Fait primordial : pour les textiles intelligents, le marché est d’emblée mondial. Selon Laure Jouteau, les entreprises françaises sont déjà très bien placées face à leurs concurrents étrangers. « Contrairement à beaucoup d’entre eux, nous avons su développer une stratégie de long terme », explique cette dernière. De quoi permettre à la société de s’imposer sur les marchés étrangers. « D’ailleurs, poursuit-elle, Cityzen Sciences possède déjà des bureaux à San Francisco, Londres et Tokyo ». Pour les entreprises françaises du textile intelligent, la phase de conquête est bel et bien engagée.