Un bureau Bpifrance à Casablanca, une ouverture sur l'Afrique du Nord

Du 21 au 25 février, la mission Explore & Match Industrie 4.0 et Transition Energétique a accompagné 16 entreprises en immersion à Casablanca. Une mission qui inaugure également le nouveau bureau de Bpifrance en Afrique du Nord. Mael M’Baye et Nora Aïdouni, responsable régional Afrique du Nord et chargée de développement export chez Bpifrance, nous partagent les opportunités d’affaires sur ces marchés de l’autre côté de la Méditerranée.

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équipe Bpifrance Casablanca
De gauche à droite : Nora Aïdouni, Pedro Novo et Mael M’Baye

Bpifrance continue son tour du monde avec une nouvelle implantation à Casablanca, sa neuvième antenne à l’étranger. Avec une couverture sur le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Lybie et la Mauritanie, ce bureau souhaite consolider les relations que Bpifrance a pu tisser avec l’écosystème local et poursuivre les activités déjà initiées sur la zone, et ce dès les années 2000. « En investissement, notre activité de fonds de fonds représente un portefeuille de plus de 200 entreprises dans lesquelles nous avons indirectement investi via nos fonds partenaires régionaux », illustre Mael M’Baye, responsable régional Afrique du Nord. L’antenne vient également renforcer les échanges entre Bpifrance et les acteurs de l’entrepreneuriat du monde méditerranéen, de plus en plus dynamiques en Afrique du Nord, et dont les entreprises françaises font déjà bien partie. 

La jeunesse nord-africaine, porteuse de projets 

« La culture entrepreneuriale est en pleine croissance, s’insérer ici comme banque des entrepreneurs prend donc tout son sens », note Nora Aïdouni, chargée de développement export tout juste arrivée à Casablanca. Cette montée de l’entrepreneuriat est portée notamment par une jeunesse nord-africaine animée par la volonté d’investir et même d’initier de nouveaux projets. « Bpifrance est la « banque des co- » : co-financement, co-investissement, co-industrialisation. Nous portons donc une attention particulière à l’accompagnement des porteurs de projets pour créer ce pont entre les deux continents et favoriser de nouveaux partenariats durables et concrets », explique Mael M’Baye. 

Cette coopération, les entreprises françaises doivent elles aussi l’animer. La dernière mission internationale Explore & Match Industrie 4.0 & Transition Energétique témoigne d’ailleurs de l’intérêt des acteurs locaux pour les activités des PME et ETI françaises.  Les seize entreprises participantes ont rencontré pas moins d’une centaine de partenaires lors de rendez-vous qualifiés en l’espace de quatre jours. « Les entreprises françaises qui arrivent peuvent bénéficier du soutien d’acteurs nord-africains et institutionnels français comme la Team France Export, l’AFD, Proparco, le Service économique, les CCEF [Conseillers du Commerce Extérieur Français], CCI, … pour affiner, dé-risquer et accélérer leur approche des marchés », précise le responsable de zone. 

Une région qui se diversifie

Dynamique est un mot clé en Afrique du Nord. Les secteurs porteurs font écho aux enjeux actuels et à ceux de demain comme les énergies, avec des problématiques liées à l’aridité du terrain et aux ressources qu’il contient. « La diversification économique ainsi que la transition énergétique structurent les stratégies de cette région.  Le complexe solaire Noor de Ouarzazate au Maroc en est une illustration », précise Nora Aïdouni. Si l’ensoleillement favorise cette transition vers les énergies renouvelables, il reste aussi en partie responsable du stress hydrique et de la nécessité croissante de solutions agricoles et du contrôle de l’irrigation. Comme partout dans le monde ces deux dernières années, la crise du Covid-19 a déterré de nouvelles demandes sur le secteur de la santé, entre autres. « Avec la crise, les gouvernements ont bâti de nouveaux plans de relance qui visent à restructurer un certain nombre de filières et d’expertises. Ces plans vont nécessiter un certain nombre d’investissements et d’expertises. C’est un créneau intéressant pour les entreprises françaises », encourage le responsable de zone. 

L’Algérie reste accessible pour les affaires avec le soutien des institutions : « C’est le premier pays bénéficiaire de notre solution de cautions de préfinancement [ndlr : garantie de banques françaises ou étrangères amenées à accorder des financements à des entreprises françaises qui ont des activités sur le pays] dans le monde, devant la Chine et les Etats-Unis », informe Mael M’Baye. Alors que le gouvernement mauritanien cherche à renforcer et à faire monter son industrie en gamme, le Maroc et la Tunisie se positionnent davantage sur la tech et l’innovation. « En Tunisie, nous avons contribué au projet Start-up Act, le pilier du nouvel écosystème start-up local. On trouve également de plus en plus d’incubateurs au Maghreb, à l’instar de The Dot en Tunisie ou 212 Founders au Maroc ». La particularité de ces startups ?  « Elles ont intégré très tôt l’idée de s’internationaliser, elles ont envie de collaborer à l’étranger, de chercher de nouveaux partenaires. Le défi, c’est qu’il y a d’autres acteurs que la France qui peuvent leur proposer des opportunités de croissance ». L’invitation des représentants du bureau de Casablanca est claire : les entreprises françaises doivent dès aujourd’hui tirer leur épingle du jeu et révéler leur potentiel.

Une rampe de lancement vers les marchés africains

Ce quatrième bureau en Afrique ne s’est pas ouvert au Maroc par hasard : ouvert sur l’océan Atlantique et sur la Méditerranée, sur le détroit de Gibraltar et aux portes de l’Europe, le pays est une ouverture vers le commerce international maritime. « Le marché nord-africain peut être une porte d’entrée vers le reste du monde : l’Amérique du Nord, le Proche et Moyen-Orient, le reste de l’Afrique, et vers l’Europe. Les acteurs présents ici viennent de partout ». Pour mettre un pied vers d’autres pays du continent, le bureau de Casablanca conseille de développer une stratégie la plus multimodale possible pour développer son expertise sur la zone, puis de déterminer comment adresser les marchés visés en Afrique. Avec l’appui de ses bureaux sur le continent, Bpifrance cherche ainsi à consolider ce pont entre la France et l’Afrique, y compris par le biais de programmes mis en place comme le Pass Africa, qui vient de lancer sa deuxième promotion pour accompagner des entrepreneurs issus des diasporas et porteurs de projets à cheval sur les deux continents. Autre ouverture : celle vers le Moyen-Orient avec la frontière égyptienne, pays couvert par le bureau de Dubaï. « Nous échangeons régulièrement avec nos collègues de Dubaï au sujet d’entreprises françaises qui ciblent le Moyen-Orient et qui aimeraient aussi aller en Afrique du Nord, notamment au Maroc », affirme Mael M’Baye. 

Le prochain rendez-vous en Afrique du Nord aura lieu en juillet lors de l’événement Inspire & Connect Méditerranée avec toujours un objectif en tête : faire connaître l’écosystème local, créer du lien entre les entrepreneurs français et nord-africains, mais aussi entre les sphères publiques et privées. « Les pays de la Méditerranée possèdent tellement de points communs en termes de structures économiques, d’innovations, … on espère lier ces environnements avec Inspire & Connect Méditerranée ! », s’enthousiasme Nora Aïdouni.