Un échange entre jeunes entrepreneurs des banlieues françaises et canadiennes

Une quinzaine de jeunes entrepreneurs venant des banlieues françaises se sont récemment envolés pour Toronto. Le but ? Qu'ils comparent leur expérience avec de jeunes entrepreneurs canadiens et reviennent gonflés à bloc !

  • Temps de lecture: 2 min
Vilton-Loucky,Recipro-Cités

« L'avenir de la France est entre nos mains », déclarait sans détour Vilton Loucky, à l'occasion de la cérémonie qui s'est déroulée récemment au Centre Culturel Canadien. Sa carte de visite, toute neuve, le dit « inventeur en nouvelles technologies » - des technologies qu'il veut appliquer aussi bien à l'audiovisuel qu'aux services de sécurité. Originaire de Sarcelles, le jeune homme fait partie de la quinzaine d'entrepreneurs en herbe sélectionnés dans le cadre d'un nouvel échange mis en place entre les banlieues françaises et celle de Toronto, la capitale économique du Canada, peuplée à 50 % d'habitants nés hors du pays.

Le but de l'opération, baptisée Récipro-cités, est le partage d'expériences. A l'initiative d'une association canadienne créée par une jeune femme d'origine africaine installée sur place et patronné par l'Ambassade du Canada en France, le projet a été relayé par des associations en banlieue parisienne, marseillaise ou lyonnaise, qui ont repéré les candidats, les préfectures les ayant finalement sélectionnés sur dossier et entretien de motivation.

Intégration et esprit de débrouillardise

Après ce premier séjour de deux semaines à Toronto, auprès de jeunes entrepreneurs torontois, de mentors et d'experts dans tous les domaines touchant à la création d'entreprise, les jeunes entrepreneurs français recevront à leur tour leurs homologues torontois l'an prochain.

Mais le projet Récipro-cités va au delà de la simple stimulation à la création d'entreprise. « Nous voulons changer l'image des banlieues françaises dans le monde, poursuit Vilton Loucky, nous ne sommes pas des casseurs, mais des jeunes plein d'idées qui peuvent créer des startups. » De fait, Vanessa Makaya, elle aussi de Sarcelles, veut lancer une entreprise de livraison de plateaux repas diététiques dans les PME qui ne disposent pas de cantine, tandis qu'Inès Erraih, une jeune ingénieure de Goussainville, s'intéresse à la géolocalisation depuis un stage dans un aéroport. « Les applications sont multiples, depuis la pollution jusqu'aux résultats électoraux », explique-t-elle, enthousiaste. D'autres jeunes en partance pour Toronto veulent lancer une agence de tourisme solidaire sur l'Afrique sub-saharienne, une marque de vêtements, un site Internet pour promouvoir de jeunes talents... Les idées fusent et les jeunes semblent déjà gonflés à bloc ! Mais comme dit l'un d'eux : « A mon retour, je me sentirai comme un adulte, prêt à devenir un vrai citoyen. »

Et c'est sans doute le bénéfice le plus grand que devrait apporter cet échange entre jeunes de banlieues : pour les jeunes français, une expérience décomplexée, dans une ville multiculturelle, portée, comme le reste du Canada, sur entrepreneuriat, « et caractérisée par l'ouverture d'esprit et la débrouillardise », comme le souligne Vanessa Makaya.