Le numérique, un changement avant tout culturel

Parce qu’il touche tous les fondamentaux de l’entreprise (organisation, modèle économique, relation client, production, etc.), quels que soient sa taille et son secteur, le numérique invite les entreprises à repenser leur activité.

  • Temps de lecture: 2-3 min
Le numérique

« Ce qui rend complexe la transformation numérique, c’est qu’elle touche à toutes les dimensions de l’entreprise » Alexandra Quinio

Le plein déploiement du numérique et des technologies, produits et services associés « pourrait engendrer une gigantesque valeur économique, estimée à près de 1 000 Md€ en France d’ici 2025 » estime le cabinet McKinsey France dans son rapport « Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et de compétitivité pour la France », publié en 2014. Pourtant, « un décalage s’est créé entre l’adoption du numérique par les particuliers et un basculement qui se fait attendre pour les entreprises » poursuit le rapport.
Et pourtant, le numérique constitue un levier de croissance permettant par exemple une meilleure connaissance de la clientèle et de ses comportements, la création de modèles économiques plus performants ou encore par l’invention de nouveaux services. « Ce qui rend complexe la transformation numérique, c’est qu’elle touche à toutes les dimensions de l’entreprise » rappelle de son côté Alexandra Quinio, chef de projet transformation numérique au sein du pôle Cap Digital.

Un changement de paradigme

Concept protéiforme, la transformation numérique recouvre trois grandes dimensions, explique Anthony Poncier, directeur associé transformation digitale chez Publicis Consultants Europe : « En interne d’abord, le numérique, en modifiant le rapport au temps et à l’espace, apporte une plus grande réactivité et une plus grande agilité. En externe ensuite, le digital offre l’opportunité d’une nouvelle visibilité et favorise les échanges avec les clients et les partenaires. Enfin, les modèles d’affaires des secteurs traditionnels sont bousculés et remis à plat. Un acteur comme Airbnb a aujourd’hui une valeur supérieure à celle d’un groupe historique comme Accor ».

Le numérique ne peut se réduire à un outil de communication et la transformation digitale va au-delà de l’informatisation. En interne, les entreprises peuvent s’appuyer sur de nombreux outils pour partager, échanger et co-produire, mais le déploiement et l’usage de ces outils impactent l’organisation du travail. « La question "comment mieux collaborer ?" entraîne une réflexion sur le management. Des entreprises commencent à s’affranchir des modèles hiérarchiques pour fonctionner en petites équipes indépendantes » souligne Anthony Poncier.
Les frontières entre les directions innovation/R&D, marketing, RH, commerciale, informatique tendent également à s’estomper. « Alors que la transformation numérique touche à tous les services de l’entreprise, l'enjeu est de casser les silos et de décloisonner les différents services » ajoute Alexandra Quinio. Le déploiement du numérique entraîne un nouveau paradigme : les modèles ouverts et collaboratifs du web amènent un décloisonnement, touchant ainsi à la culture même de l’entreprise.

L’ère de la collaboration

« Le premier niveau de transformation étant culturel, la transformation digitale nécessite l’engagement de l’équipe de direction et doit être incarnée par un décisionnaire » insiste Alexandra Quinio. La démarche implique également de former les collaborateurs de l’entreprise pour que chacun puisse appréhender et intégrer la transformation.

La dimension collaborative de l’ère numérique se retrouve par ailleurs dans l’émergence d’une innovation tirée par les usages et le design thinking et impacte la relation de l’entreprise avec ses clients et ses partenaires. « L'enjeu clé : créer l'engagement des équipes autour d'un objectif orienté marché et concevoir des produits et services orientés utilisateurs » explique Alexandra Quinio. Il s'agit d’être capable d’analyser les nouveaux modèles, les nouveaux acteurs, les nouveaux usages et les nouvelles attentes. « Les entreprises doivent se tourner vers la satisfaction de leurs clients et se placer en observateur pour capter les attentes » estime Anthony Poncier.
 La dynamique impulsée par le numérique invite ainsi les entreprises à repenser leur activité. « Le monde change avec le digital. Les entreprises ne doivent pas percevoir ce changement comme une crise mais au contraire comme un espace d’opportunités » conclut Anthony Poncier.

« Le monde change avec le digital. Les entreprises ne doivent pas percevoir ce changement comme une crise mais au contraire comme un espace d’opportunités » Anthony Poncier.