Les ETI, moteur de la croissance et du redressement

Moteur de l’économie, les ETI peinent encore à se développer en France. Pour les aider de croître et à jouer leur rôle dans le redressement du pays, Bpifrance a lancé un programme « accélérateur de croissance », baptisé Ambition ETI 2020.

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Les ETI, moteur de la croissance et du redressement

« Accompagner les ETI dans leurs trajectoires de croissance est au cœur de la mission de Bpifrance : les moyens financiers existent, nous devons nous transformer en "boosters de projets" pour favoriser l’investissement et faire croître cette catégorie d’entreprises » affirme Jean-Yves Gilet, directeur exécutif de Bpifrance Investissement. « Doubler le nombre d’ETI aboutirait à la création de 2 à 3 millions d’emplois supplémentaires » estime Jacky Lintignat, directeur général de KPMG, cabinet qui a publié l’étude « Les ETI, leviers de croissance de la France » en 2013. Depuis la création de cette catégorie d’entreprises par la loi de modernisation de l’économie de 2008 (1), les ETI apparaissent comme le moteur de l’économie. En effet, elles « innovent, se développent, exportent et croissent : elles sont un élément majeur, l’épine dorsale, de l’économie française et surtout de son redressement. La transformation numérique est une opportunité pour elles à saisir comme source de productivité et de différentiation » insiste Jean-Yves Gilet.

Selon une étude du syndicat ASMEP-ETI, entre 2009 et 2013, alors que les grandes entreprises françaises, dont l’activité n’est plus nécessairement ancrée dans le territoire national, ont supprimé 60 000 emplois en France et que les PME n’en ont créé que quelques milliers, les ETI ont créé 80 000 emplois nets. « Ces entreprises familiales, patrimoniales, avec un management à dimension humaine et une capacité de résilience aux difficultés, sont également ancrées dans leurs territoires et sont un élément de maillage du pays : 75 % de l’emploi dans les ETI se trouvent hors de l’Ile-de-France » précise Jean-Yves Gilet.

« Doubler le nombre d’ETI aboutirait à la création de 2 à 3 millions d’emplois supplémentaires » Jacky Lintignat, directeur général de KPMG.  

Des ETI en nombre limité

Pourtant, ces entreprises restent en nombre limité sur le territoire. Si l’on exclut les filiales de groupes étrangers en France, le nombre d’ETI tombe à 3 750, soit trois fois moins qu’en Allemagne, et deux fois moins qu’au Royaume-Uni. Les ETI françaises sont également plus petites : elles comptent en moyenne 600 salariés contre 800 en Allemagne. Pour Jean-Yves Gilet, « elles souffrent de la désindustrialisation du pays ». Mais plusieurs autres aspects freinent leur développement, et notamment le manque de fonds propres, le manque de soutien des donneurs d’ordre ou encore les réticences des entrepreneurs à prendre des risques face à la croissance de leur entreprise. Or, rappelle Jacky Lintignat, « les leviers de croissance des ETI sont connus : innovation, international et croissance externe ». C’est notamment sur ce dernier aspect que porte le programme Ambition ETI 2020, lancé en mai 2014 par Bpifrance.

« les leviers de croissance des ETI sont connus : innovation, international et croissance externe » Jacky Lintignat, directeur général de KPMG.  

Un nouveau fonds dédié aux ETI

Décrit par Jean-Yves Gilet comme un « manifeste », ce programme, « accélérateur de croissance », apporte un soutien au tissu des ETI en France, pour augmenter leur nombre et les aider à grandir. « L’objectif est que l’on parvienne à établir un véritable continuum : que les PME deviennent des ETI, que les ETI se développent et, pourquoi pas, deviennent des grandes entreprises » confie Jean-Yves Gilet. Pour assurer ce soutien, le programme Ambition ETI 2020 a d’abord permis d’élaborer une base de données recensant, pour la première fois, les ETI du territoire. Puis, des « ateliers ETI 2020 » ont été organisés en région. 24 ateliers se sont tenus en 2014 permettant la rencontre avec 450 chefs d’entreprise. Le programme prévoit ensuite des discussions stratégiques avec les dirigeants pour actionner les bons leviers de croissance.

Un fonds dédié aux fonds propres, le fonds ETI 2020, a été créé et doté de 3 Md€. Il devrait investir 300 M€ par an dans 12 à 15 sociétés. « En 2014, 425 M€ ont été investis ou réinvestis dans 18 ETI » souligne Jean-Yves Gilet. La banque publique milite, auprès des patrons d’ETI, en faveur de l’ouverture de capital. « L’ouverture du capital relève d’une stratégie d’anticipation de la croissance. Comme pour l’export, il faut s’équiper avant d’aller vers les sommets » explique le directeur exécutif de Bpifrance Investissement. Dans la même optique, les fusions et les acquisitions sont encouragées. « Les initiatives de Bpifrance vont dans le bon sens » analyse Jacky Lintignat. « Après la période de stagnation due à la crise, un élément essentiel de la reprise repose sur une anticipation favorable de la conjoncture par les chefs d’entreprise. La bonne réputation de Bpifrance et l’accompagnement apporté pendant la crise rassurent les entrepreneurs ».

« L’ouverture du capital relève d’une stratégie d’anticipation de la croissance. Comme pour l’export, il faut s’équiper avant d’aller vers les sommets » Jean-Yves Gilet, directeur exécutif de Bpifrance Investissement. 

(1) Les critères d’appartenance à la catégorie ETI sont définis par l’Insee : des effectifs compris entre 250 et 5 000 salariés, un chiffre d’affaires entre 50 M€ et 1,5 Md€ et un total du bilan de 43 M€ à 2 Md€.